Actualiser ses repères sur le prix des engrais
Dans un contexte mouvant sur des marchés mondiaux volatiles, les vieux réflexes ne sont plus toujours d’actualité pour bien acheter ses engrais.
Dans un contexte mouvant sur des marchés mondiaux volatiles, les vieux réflexes ne sont plus toujours d’actualité pour bien acheter ses engrais.
Prévoir l’évolution du prix des engrais, tous les intervenants en rêvent. « Or, c’est un art de plus en plus compliqué », constate Alban Fontaine, consultant chez Agritel. Entre les fluctuations de l’offre (en particulier en Chine et en Égypte) et de la demande (surtout en Inde et au Brésil), l’évolution du prix du gaz et celles des parités monétaires, c’est une équation à 10 ou 100 inconnues qu’il s’agit de résoudre. « Contrairement à une idée répandue, il est faux de penser que quand le prix du pétrole baisse, celui de l’engrais va baisser également », signale Alban Fontaine. Cela avait un sens quand le gaz était connecté au pétrole. Aujourd’hui, c’est l’offre et la demande sur un marché mondialisé qui font les prix.
La gestion du risque prix passe par un morcellement des achats
Quand acheter ? Traditionnellement, les prix bas se rencontrent sur l’été. Mais c’est une période de basses eaux côté trésorerie, et il faut pouvoir stocker l’engrais. En septembre, après la moisson, les exploitants commencent à se mettre aux achats, à contacter leur coop ou négoce. Les prix renchérissent progressivement jusqu’au rush du printemps, période d’épandage — et de demande — maximale. Mais cette loi souffre des exceptions. Si la morte-saison constitue a priori une « bonne période » pour acheter ses ammonitrates, « janvier 2016 et janvier 2017 se sont aussi révélés propices aux achats », note Alban Fontaine, qui organise des formations d’un jour sur l’optimisation des achats d’engrais. L’engrais est devenu un marché où la force des habitudes n’est plus forcément le bon choix. Le consultant ne fait pas de mystère de viser des « prix moyennés » sur l’année en morcelant ses achats dans une logique de lissage. De même qu’il est risqué de vendre toute sa récolte d’un coup, mieux vaut étaler ses achats d’engrais. « Pour la solution azotée par exemple, je conseille de se laisser deux à trois fenêtres de tir et ne pas miser 100 % sur une seule période d’achat. Pour l’ammonitrate, c’est un peu différent car il s’agit d’un plus petit marché, moins dépendant des fluctuations mondiales. Neuf fois sur dix, son prix de lancement de campagne en mai et juin est le plus faible de la saison. »
Des contrats sur le marché à terme pour la solution azotée
Depuis novembre dernier, Euronext propose un contrat sur le marché à terme de la solution azotée. Un autre moyen pour les exploitants d’optimiser la gestion du risque en s’engageant sur un prix fixé à l’avance, comme certains le font déjà pour la vente des céréales. « Les contrats portent sur 30 tonnes et couvrent une période de deux ans, avec des échéances en mars, juin, septembre et novembre. Mais pour l’heure, ce marché a du mal à décoller en raison d’un nombre d’opérateurs et de flux insuffisants. »
B. C et E. B.