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Récolte de blé dur 2022 - Une qualité meilleure qu’en 2021, malgré une forte hétérogénéité

Diverses sources privées ainsi que Matthieu Killmayer, animateur filière blé dur d’Arvalis-Institut du Végétal, ont fait le point sur la récolte de blé dur hexagonale 2022.

© SCAPIN-Pixabay

La qualité des lots de blé dur français 2022 est en moyenne meilleure que l’an dernier, rapporte Matthieu Killmayer, animateur filière blé dur d’Arvalis-Institut du Végétal. Attention néanmoins : « La meilleure qualité en moyenne masque une forte hétérogénéité. Chaque paramètre est malheureusement touché par une forte variabilité : les mitadins, les taux de protéines, les poids spécifiques (PS) et les poids de mille grains (PMG) », tempère-t-il. Informations confirmées par les diverses sources privées consultées.

 

 

L’expert d’Arvalis Institut du Végétal détaille le contexte par grands bassins de production, au nombre de quatre : le Sud-Est, le Sud-Ouest, l’Ouest-Océan et le Centre. En termes de volumes, ce dernier précise que les résultats 2022 devraient être légèrement moins bons qu'en 2021, sachant que l’on partait de potentiels exceptionnels début avril 2021. « Le sec et les fortes chaleurs de fin avril-mai ont fortement dégradé les potentiels, faisant que l’année 2022 sera moyenne-moins », indique-t-il. Pour rappel, Agreste table dans son édition du 12 juillet sur des rendements français 2022 à 51,3 q/ha, contre 53,8 q/ha en 2021.

Des récoltes avec plus de 15 jours d'avance dans le Sud !

Dans le Sud-Est, les poids spécifiques sont corrects, à 78-80 kg/hl en moyenne. Les taux de protéine sont parfois bas. Le spécialiste d’Arvalis Institut du Végétal en rappelle la raison : le secteur n’a reçu que très peu de pluies depuis janvier 2022, empêchant les plantes de bien valoriser l’azote. Les taux de mitadin sont bons en revanche, les récoltes ayant été achevées avant les précipitations de juin. En termes de rendement : « c’est moins bon que l’an dernier, de gros soucis d’échaudage ayant été rapportés. On a récolté avec plus de 15 jours d’avance, soit tout début juin, ce qui n’est pas bon signe. Je n’ai jamais vu ça », relève Matthieu Killmayer.

Dans le Sud-Ouest, les récoltes ont également débuté avec quinze jours d’avance. Sans surprise, les rendements sont plutôt bas, avec une forte hétérogénéité. « Cela peut varier de 20 q/ha à 60 q/ha. On devrait être en moyenne un peu en-dessous de la moyenne quinquennale », précise l’animateur d’Arvalis. Les taux de protéines sont en revanche meilleurs que dans le Sud-Est. La région a en effet été davantage arrosée, permettant aux plantes de mieux valoriser l’azote. En revanche, les PS sont plutôt bas, à 76 kg/hl en moyenne, selon diverses sources privées, du fait de l’échaudage qui a sévi et des pluies pendant la récolte.  Les taux de mitadins sont bons avant les pluies mais en dégradation après les pluies, les moissons ayant été perturbées par quelques pluies fin juin.

Que ce soit dans le Sud-Est et le Sud-Ouest, les PMG sont bas, conséquence de l’échaudage : « en théorie, on doit être autour de 50 g en blé dur. Mais on est plutôt autour des 35-40 g », alerte Matthieu Killmayer.

Dans la région Ouest-Océan, les moissons ont souvent été réalisées après les précipitations. « Les rendements sont un peu en retrait par rapport à l’an dernier mais c’est en moyenne correct, et masque encore une fois une forte hétérogénéité. Dans la zone Marais, c’est par exemple très bon. Dans les plaines en revanche, c’est parfois bien plus compliqué », commente Matthieu Killmayer. Les pluies ont malheureusement dégradé les PS, qui devraient être inférieurs à 76 kg/hl en moyenne, rapporte un analyste privé. Les taux de protéine sont bons à très bons, à 13,5-14,5%. Les taux de mitadins sont hétérogènes, les pluies ayant causé quelques dégâts, selon ce dernier.

Dans le Centre, la zone sud a donné des rendements moins bons que d’habitude, « bien qu’il y ait de bonnes situations. On est en moyenne à 60-70 q/ha, et à plus de 70 q/ha dans le nord du Centre », souligne l’expert anonyme. Le secteur Centre présente des taux de protéine corrects, en moyenne à 14%, mais très hétérogènes, compris entre 12% et 15,5%. Il rappelle que 50% de la région est irriguée, permettant de préserver les potentiels. Du côté des taux de mitadin, les résultats affichent une certaine variabilité, mais l’ensemble est plutôt bon. 

 

Le plan de relance blé dur porte un nom : Exqualidur

Le plan de relance français de la culture du blé dur présenté en février 2022 par Arvalis Institut du Végétal porte un nom : Exqualidur. L’objectif du plan est, rappelons-le, d’augmenter les assolements hexagonaux. « Le blé dur est adapté et reste une des cultures fondamentales des assolements dans les quatre bassins de production. Son bilan pluriannuel est rentable (le différentiel de marge par rapport à un blé tendre est à l’avantage du blé dur 8 années sur 10 dans les zones où la production de blé dur est possible). Son implantation chaque année permet de valoriser toutes les opportunités et de niveler les années moins favorables », déclare Matthieu Killmayer, animateur filière blé dur chez Arvalis - Institut du végétal dans un communiqué du 20 juillet 2022. Par ailleurs, depuis avril 2022, Arvalis Institut du Végétal a développé un outil de calcul de coût de production du blé dur, afin d’aider les agriculteurs dans leur décision, suite à la flambée des intrants, intitulé ImpactCoutProduction.

 

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