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Filière céréales
L’interprofession des céréales veut prendre à bras le corps les évolutions sociétales de la production alimentaire

En parallèle de son assemblée générale, Intercéréales a dessiné les contours de ses actions futures dans le contexte des différentes transitions en cours.

Jean François Loiseau, président d'Intercéréales, lors de l'assemblée générale de l'interprofession le 25 novembre 2021
© Thierry Michel

Après la décision du 16 juin 2021, avec effet au 1er juillet 2021, de réunir en une seule structure Intercéréales, Passion Céréales et France Export Céréales sous le nom d’Intercéréales, l’interprofession des producteurs, de la collecte, de la commercialisation et des entreprises de la première transformation des céréales tenait son assemblée générale statutaire, étape normale de la vie d’une association professionnelle, ce jeudi 25 novembre.

En marge de cette AG, les responsables de l’interprofession aux 14 familles de métiers répartis en trois collèges (production, commercialisation, transformation) ont présenté les bases de leur future stratégie : « la filière céréalière, une filière de solutions ». L’ensemble de ces travaux (dont les conclusions de l’AG) serviront à la finalisation du prochain accord interprofessionnel prenant le relai de l’actuel qui portait sur la période 2019/2022.

Agriculture régénératrice

Pour ce faire, Jean François Loiseau, président d’Intercéréales, a tout d’abord donné la parole à Christian Huygue, directeur scientifique agriculture de l’Inrae, qui a entamé son propos en expliquant le rôle central de la filière céréales pour allier performance économique et de production à la performance environnementale afin de produire une alimentation saine, de qualité (notamment en termes de teneur en protéines) et accessible à tous (notion d’équité alimentaire). « Il y a bien sûr une adaptation à réaliser en matière de performance climatique, c’est une évidence et il convient de la prendre à bras le corps. Les variations climatiques annuelles vont rendre la gestion de risque impossible » précise le scientifique qui met en évidence par ailleurs le fait de concilier les notions de bien privé (la production agricole) et de bien commun (climat, sol…).

Cette transition agricole en marche et appelée à se développer va de pair avec d’autres transitions : alimentaire, utilisation de la biomasse non alimentaire, chaîne de valeur dans l’agroalimentaire (où et quelle transformation des matières premières en alimentation) … Autrement dit, il s’agit de passer à une logique exclusivement d’optimisation économique à une logique d’optimisation économique ET environnementale.

Deuxième intervenant permettant de fixer le contexte d’action d’Intercéréales, Christophe Klotz, directeur de la responsabilité sociale et environnementale ainsi que de la création de valeur partagée chez Nestlé France. Il a insisté sur le fait que tous les éléments de la chaîne de production (de la ferme à la fourchette) sont interdépendants et que Nestlé a besoin de travailler de façon plus étroite avec son amont agricole pour améliorer sa performance en matière de responsabilité environnementale. D’où le programme d’1,1 Md€ sur cinq ans mis en place par le géant de l’agroalimentaire avec le concept d’agriculture régénératrice autour de trois axes (assistance technique aux agriculteurs, soutien aux investissements et primes pour les matières premières issues de l'agriculture régénératrice). L’idée d’agriculture régénératrice tourne autour des concepts d’augmentation de la biodiversité, de séquestration du carbone atmosphérique dans le sol, de meilleure résistance face au changement climatique, d’optimisation du cycle de l’eau ou encore de l’amélioration des services écosystémiques rendus par l’agriculture. Cette approche trouverait ses racines dans les travaux du microbiologiste et phytopathologiste Masanobu Fukuoka. Nestlé a choisi la France, « terre d’agriculture par excellence », pour lancer son programme.

Le carbone comme élément central

Avant d’accueillir Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Jean-François Loiseau a repris à son compte l’idée de l’interdépendance des uns avec les autres et que la France était bien un pays de « terroirs, de marques et de savoir-faire en matière de cultures ». Il a aussi synthétisé la mise en mouvement de l’interprofession autour des « 3 C » : le client, le consommateur et le citoyen, avec l’obligation de répondre aux exigences de ces trois aspects.

Cette équation des 3C a été reprise par Julien Denormandie sous la forme compétition (notamment à travers un secteur exportateur fort), consommateur et co-construction de filière. Le ministre a aussi expliqué que la performance environnementale ne devait pas être synonyme de « contrainte supplémentaire mais plutôt d’élément de création de valeur ». Et de rappeler également qu’à la fonction première de l’agriculture, sa fonction nourricière (souvent oubliée ou négligée), sont venues s’ajouter deux autres fonctions : celle de protection de l’environnement (fin du XXè siècle) et celle de qualité nutritionnelle (début de XXIè). S’affichant comme un fervent supporter de « l’impérieuse nécessité de la souveraineté alimentaire » et de la « création de la valeur par la filière », le ministre a (re)dit toute sa confiance dans la science et l’innovation et a insisté sur l’importance « d’aligner la création de valeur environnementale sur la création de valeur agricole et économique ».

Alors que Christian Huygue a rappelé que « l'agriculture est l'un des seuls secteurs qui capte et stocke le carbone, notamment dans les 30 premiers cm du sol », Intercéréales a exprimé sa volonté de « maximiser ce stockage dans les sols agricoles ». Le ministre a soutenu ces idées en affirmant que ce sujet était central entre économie et écologie et qu’il convenait « d’essayer de structurer la demande » sur ce volet. « Il faudra trancher entre des crédits carbone disponibles sur le marché à 30-40 €/t en France et des crédits carbone sur d’autres marchés à 7-8 €/t. Il faudra prendre en compte toutes les externalités positives et les industriels auront leur rôle à jouer. Le chantier est énorme et la route encore longue ».

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