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Sélection variétale : la génétique à la rescousse des cultures protéagineuses

En protéagineux, la sélection variétale en est une section jeune en France, comparée à celle sur le blé qui existe depuis une centaine d’année.

La sélection variétale en protéagineuxpeut être qualifiée de soutenue en France par rapport aux autres Etats membres de de lUE.
© Agri Obtentions

La sélection variétale en protéagineux n’a débuté que dans les années 80 - avec des budgets bien moindres que les céréales - mais elle avance rapidement car les marges de progrès sont conséquentes en raison d’une grande variabilité génétique.

Globalement, en France, il existe 6 à 7 sélectionneurs actifs en protéagineux. « Une activité qui peut être qualifiée de soutenue par rapport aux autres Etat membres de l’UE et à la surface dédiée à ces cultures sur notre territoire », souligne Matthieu Floriot, sélectionneur en protéagineux (pois et féverole) à Agri Obtentions, entreprise française qui travaille également sur la lentille. Et d’ajouter : « Par ailleurs, nous échangeons avec les obtenteurs européens pour adapter leurs variétés aux conditions pédoclimatiques de notre pays »

Diversification variétale

Un gros effort de diversification est effectué pour créer de nombreux types différents qui s’adaptent :

  • à plusieurs régions,
  • aux multiples itinéraires culturaux : à l’exemple des association blé-protéagineux,
  • aux divers débouchés : comme la féverole sans vicine-convicine pour l’alimentation des poules pondeuses, le pois corail pour l’alimentation humaine, la féverole à petites graines pour l’interculture et plante compagne, ou encore la qualité visuelle des féveroles d’hiver pour l’export (au Moyen-Orient en particulier). 

Ces dix dernières années en France, les sélectionneurs ont travaillé, en pois, sur les résistances au froid et à la verse (qui sont des critères cruciaux pour cette culture), sur la qualité et le rendement, sur les stress hydriques et thermiques ainsi que sur la tolérance à l’aphanomyces (maladie racinaire qui impacte le pois de printemps). « Le travail sur ce dernier critère de sélection, qui a débuté il y a quinze ans, commence à aboutir », précise Matthieu Floriot. En féverole, les recherches se sont focalisées sur la résistance au froid et à la verse, la tolérance aux maladies ainsi que sur la qualité.  

Bruche et résistance aux maladies

S’agissant de la bruche, qui pose problème sur les cultures de printemps en féverole, mais également en pois et lentille, depuis le retrait d’un insecticide, les travaux sont en cours pour trouver des solutions génétiques. « Mais il faudra les combiner à des pièges à insectes, voire encourager la culture de protéagineux d’hiver, qui permet d’échapper en partie à ce fléau ainsi qu’à l’aphanomyces, aux stress hydrique et thermique. Le cycle des variétés d’hiver étant plus long, cela permettrait également d’augmenter les rendements », insiste le sélectionneur. Et ce, bien que les cultures de printemps, aujourd’hui privilégiées par les agriculteurs, soient utiles dans les rotations pour lutter contre les adventices.

Actuellement, le gros chantier du moment concerne la résistance aux maladies (bactérioses et ascochytoses) en pois d’hiver, la résistance au botrytis et à la rouille en féverole d’hiver. En effet, l’expérience de 2016, où la pression maladies avait été dévastatrice, reste un mauvais souvenir pour les agriculteurs. 

Il faut compter dix ans entre le premier croisement génétique et la mise en terre de la nouvelle variété ! 

Mais, selon Matthieu Floriot, la génétique seule ne pourra pas tout révolutionner. « Il y a encore beaucoup de travail à accomplir en termes de conduite culturale sur les bonnes pratiques à appliquer aux protéagineux et en termes de communication sur leurs atouts (l’effet du précédent dans la rotation, le zéro nitrate et le captage du CO2). Par ailleurs, il me paraît nécessaire de créer des filières industrielles, pour faciliter l’implantation et la valorisation des cultures protéagineuses. »

Près de 70 variétés de pois et féveroles au catalogue officiel français

La sélection variétale en protéagineux est dynamique en France. « Nous travaillons via des regroupements de sélectionneurs, ce qui permet de participer à des programmes de recherche fondamentale avec l’Inrae comme à des projets plus "pratiques" », insiste Matthieu Floriot, sélectionneur en protéagineux à Agri Obtentions.

Concernant les protéagineux inscrits au Catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France, on dénombre :

  • une trentaine de pois de printemps ,

  • une vingtaine de pois d’hiver,

  • une dizaine de féverole de printemps et

  • une dizaine de féverole d’hiver. 

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