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Volatilité
Dialogue de sourds entre le secteur agricole et la grande distribution

Réclamée depuis des semaines par l’amont, la répercution de la hausse des cours des grains sur les prix des produits de l’élevage au consommateur patine.

PAR LETTRES ET INTERVIEWS interposées, syndicalistes agricoles et distributeurs n’en finissent pas de se renvoyer la balle concernant la hausse des matières premières et l’application de l’accord du 3 mai, permettant sous conditions de réouvrir les négociations commerciales en cas de forte volatilité des prix agricoles. Dernier épisode de ce feuilleton de l’été 2012, la proposition de Serge Papin, président du groupement coopératif Système U, d’organiser une discussion entre distributeurs et producteurs de céréales au sujet d’une régulation des prix. Interprétée comme une diversion par le syndicat agricole majoritaire, l’annonce a tout de même été saluée par la vice-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

Le patron du groupe Système U veut « amener un peu de régulation »
    « On est sur un prix (des matières premières agricoles) qui est déconnecté du prix de revient, puisqu’il s’agit d’un prix international, qui est basé sur une pénurie aux États-Unis et sur de la spéculation », a expliqué Serge Papin sur la chaîne BFM TV. « Nous (dans l’Hexagone), nous n’avons pas ces inconvénients, on n’a pas eu d’aléa climatique, on a fait une bonne récolte. Est-ce qu’on ne devrait pas en France mettre tout le monde autour de la table ? (...) Est-ce qu’on ne pourrait pas amener un peu de régulation ? » Cette rencontre, entre « les filières agricoles, les céréaliers et la distribution » pourrait être pilotée par les ministères de l’Agriculture et de la Consommation. Un discours qui laisse la porte ouverte à de nouvelles discussions mais qui ne va pas dans le sens d’une répercution de la hausse des matières premières agricoles sur les prix des produits de l’élevage au consommateur final, bien au contraire.
    Du côté de la FNSEA, Christiane Lambert, qui a salué la demande de régulation de Serge Papin – « il faut de la régulation, c’est ce que l’on dit depuis longtemps » – reste prudente. « Il est urgent d’agir le plus vite possible, la volatilité n’est bonne pour personne. Il faut que la distribution change ses pratiques en matière de négociations de prix (..) M. Papin est un bon communicant. Nous verrons bien s’il veut favoriser les filières locales », ajoute-t-elle. Car pour le syndicat agricole, l’urgence est surtout de faire appliquer l’accord du 3 mai, permettant de revoir à la hausse les prix des produits animaux compte tenu de la flambée des matières premières sur le marché mondial. « Serge Papin a bien compris que les prix des produits issus de céréales risquent de progresser », d’où la volonté de réguler le marché, estime la vice-présidente de la FNSEA.

Pas de raisons de réouvrir les négociations au titre de l’accord du 3 mai selon la FCD
    « Très clairement, il est encore trop tôt pour avoir une répercution sur les prix au consommateur», considère Mathieu Pecquer, responsable agroalimentaire à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). « Il doit y avoir un délai de quelques mois et il faut aussi vérifier que la hausse des prix est durable », ajoute-t-il. Pour lui, « le vrai problème est la hausse des charges des filières volailles et porcs », et que davantage de ponts entre les filières végétale et animale devraient exister. Enfin, les contrats interfilières (dont l’existence est une condition pour que l’accord du 3 mai s’applique) sont trop « rares » pour l’instant au sein du monde agricole, fait remarquer le représentant de la distribution. Un argument qui tient plus de « l’excuse » selon Christiane Lambert. Elle reconnaît toutefois que la mise en place de ces contrats sur le long terme est difficile dans un contexte de forte volatilité.
Même constat de la part du président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui note que « ces contrats sur les moyen et long termes sont plus généralisés entre céréaliers et OS que sur l’aval de la filière » (voir interview). « En raison des prix hauts, il est difficile aujourd’hui de contractualiser. Mais pour ceux qui l’ont fait il y a un an, ils s’en félicitent », estime pour sa part, Philippe Pinta, président de l’Assemblée générale des producteurs de blé, qui a rencontré le ministre de l’Agriculture ce lundi . S’appuyant sur les accords du 3 mai 2011, il a réitéré sa demande d’ouvrir des négociations sur les prix, entre producteurs et distributeurs, insistant auprès de Stéphane Le Foll pour qu’une pression soit exercée sur ces derniers afin d’y parvenir.

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