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Coopération agricole
Coopératives - La souveraineté alimentaire suppose de consolider le maillon industriel

L’avenir des coopératives agricoles est lié à celui des transformateurs. Affaibli, ce maillon doit se rénover et savoir faire naitre des vocations professionnelles.

Dominique Chargé, président de La Coopération agricole
© Marianne Roumégoux

« Nous devons impérativement tenir notre cap (…) défini il y a deux ans dans un rapport que nous avions remis au gouvernement », a lancé, Dominique Chargé, président de la Coopération agricole dans son discours de clôture lors du congrès de la Coopération Agricole, le 14 décembre à Paris, qui invitait à se pencher sur "Les piliers de l’industrie alimentaire du futur", avec comme enjeu le maintien de la souveraineté alimentaire de la France.

La gestion complexe des approvisionnements durant la période Covid-19, puis les conséquences de la guerre en Ukraine, ont « révélé des signes de vulnérabilité de la chaine », a rappelé Dominique Chargé. Le maillon de la transformation, qui joue de longue date le rôle d’amortisseur face à la course aux prix bas, serait le plus fragile. Il souffre d’un sous-investissement.

« Le choix n’est pas de produire ou de transformer, mais de produire et de transformer, a commenté le représentant des coopératives. Faire évoluer notre Industrie alimentaire pour la renforcer est donc crucial » au maintien de la souveraineté alimentaire. Cela suppose de renouveler le parc de machines, mais aussi d’investir davantage dans des robots et de rendre les usines plus connectées, a défendu Anaïs Voy-Gillis, géographe, spécialiste des questions industrielles.

De quoi améliorer la productivité mais aussi réduire la pénibilité de certaines tâches. La France serait à la traine sur cette question, en particulier par rapport à l’Allemagne. Le système actuel de soutien de l’investissement ne serait pas suffisant ni optimal. Il privilégierait notamment l’innovation à la modernisation. La sécurisation de la production passera aussi par l’optimisation des flux logistiques sur l’ensemble de la filière.  

Séduire les futures générations de professionnels

Autre problématique majeure pour continuer à transformer en France : celle de l’attractivité. Quelque 40000 postes seraient vacants dans le secteur, qui figure en fin des choix d’orientation des ingénieurs, témoigne Benoît Bonaimé, directeur général de l’Enseignement et de la Recherche.

Si l’agriculture parvient à nouveau à séduire les jeunes générations, la nouvelle politique d’apprentissage se révèle insuffisante pour restaurer l’envie de rejoindre les IAA. « Il faut désinvisibiliser les usines et rendre les métiers désirables », défendent les observateurs. Cela suppose notamment de « montrer ce qui se passe derrière leurs murs (…), comme y invite Anaïs Voy-Gillis. Les réseaux sociaux et le travail de la marque employeur vont devenir centraux. »

Les sites industriels gagneraient aussi à devenir des lieux hybrides, en étant le siège de centres de formation, de recherche, d’incubateurs de startups,... De quoi assurer du lien sur les territoires.

L’enseignement se doit par ailleurs d’anticiper les besoins de demain, en particulier sur la gestion de la Data. Le souhait des jeunes générations de pouvoir changer de métier au cours de leur carrière doit aussi être intégré. Cela suppose de s'attarder sur les soft skills (compétences applicables à tous les métiers, NDLR) durant leurs cursus.

Des filières engagées pour une croissance durable

Face au dérèglement climatique, relever le défi de la souveraineté se fera sur la base d’« une croissance responsable », précise Dominique Chargé. Pour cela, les filières agroalimentaires entendent décarboner.

Cela se joue essentiellement à l'étape de la production agricole représentant 66% des émissions de GES de l'alimentation. Deux leviers sont à activer : la réduction des émissions par l’ajustement des pratiques culturales et le stockage du carbone. Les transformateurs et les consommateurs peuvent accompagner les efforts par leurs choix d'approvisionnements.

Les coopératives formaliseront leur plan d’action par la publication d’un rapport, début 2023. Mais, « pour relever le défi de la souveraineté, il faut d’abord faire face aux urgences », a lancé le chef de file des coopératives faisant référence au « mur » des prix de l’énergie.

Saluant les initiatives du gouvernement, ce dernier pointe l’inaccessibilité et l’insuffisance de ces aides. Cette situation « met en péril, à très court terme, notre capacité à maintenir notre production dans certaines filières. Quand une facture d’énergie est multipliée par 10, quand le coût de ce seul poste représente plus de 5 fois le résultat d’une entreprise : comment peut-on imaginer que les activités puissent se poursuivre ? »

 

 

 

 

 

 

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