Aller au contenu principal

Bilan provisoire blé dur français
Blé dur : l’Ouest et le Sud-Ouest en souffrance, rapporte Arvalis-Institut du Végétal

Les industriels peuvent travailler des lots de blé dur de mauvaise qualité, mais cela à un coût. Les yeux se tournent maintenant vers les semis 2021.

© Couleur-Pixabay

« Les résultats de l’enquête qualité ne sont pas définitifs. Mais il se pourrait que plus de la moitié des lots (60 % ?) dans deux des plus gros bassins de production français, l’Ouest et le Sud-Ouest, présentent des temps de chute de Hagberg (TCH) inférieurs à 100 secondes », déclare Matthieu Killmayer, animateur de la filière Blé dur au sein d’Arvalis-Institut du végétal.

Les conditions météorologiques ont été particulièrement favorables à la germination précoce des grains et donc l’apparition des TCH bas dans l’Ouest et le Sud-Ouest, explique Matthieu Killmayer.

Sur l’ensemble du territoire, l’expert d’Arvalis-Institut du végétal indique que le Sud-Est ne présente aucun problème de qualité. Le Centre est « dans une situation intermédiaire, avec beaucoup d’hétérogénéité. Nous obtenons parfois des TCH à 300 secondes, voire 350, mais également à moins de 100 secondes ».

40 % de lots présentant des TCH inférieurs à 100 secondes !

L’enquête conjointe de FranceAgriMer et Arvalis-Institut du végétal publiée le 3 septembre révèle que 40 % des lots ont des TCH inférieurs à 100 secondes, et 20 % supérieurs à 250 secondes, contre 71 % lors de l’enquête réalisée à la même période l’an dernier !

Tout n’est pas à jeter dans les lots de TCH à moins de 100 secondes

Néanmoins, les lots dotés de TCH à moins de 100 secondes ne sont pas tous impossibles à travailler, rassure Matthieu Killmayer : « Les industriels peuvent s’adapter. En revanche, il s’agit d’un coût supplémentaire pour eux. Un TCH d’un grain de blé dur bas peut donner des pâtes de couleur virant dans le rouge/brun, alors que le jaune est recherché. De plus, les pâtes peuvent plus facilement casser. […] Pour les plats cuisinés, les TCH bas ont tendance à liquéfier les sauces ».

Ajoutons aux TCH bas les faibles poids spécifiques (PS). Selon l’enquête conjointe de FranceAgriMer et Arvalis-Institut du végétal, 49 % des lots disposent de PS supérieurs à 76 kg/hl (88 % en 2020 à la même époque). Or, les PS bas « dégradent les rendements de production des industriels », rappelle Matthieu Killmayer.

Une bonne nouvelle est à signaler : les bons taux de protéines cette année. D’après l’enquête FranceAgriMer-Arvalis-Institut du végétal, 91 % des volumes hexagonaux affichent des taux supérieurs à 14 % (67 % en 2020 à la même période). « Cela peut compenser en partie les TCH bas. En effet, un taux de protéine élevé des blés durs peut augmenter la résistance des pâtes qui en sont issues et donc réduire leur risque de cassure », précise Matthieu Killmayer.

Moins de problèmes de mycotoxine

Autre bonne nouvelle, « dans l’Ouest et le Sud-Ouest, la chaleur au printemps a empêché l’apparition de mycotoxines. Quelques problèmes dans le Centre sont apparus, mais ils sont moins importants que l’an dernier », souligne Matthieu Killmayer.

Le spécialiste d’Arvalis-Institut du végétal confirme qu’il n’y a pas de risque de pénurie de blé dur et donc de pâtes en France. Ainsi, les petites importations de blé dur de complément parfois constatées ne devraient pas augmenter par rapport à d’habitude. « Il y aura peut-être un peu plus d’importations pour les marques distributeurs, mais cela devrait rester marginal. Rappelons que des industriels tels que Panzani ou Alpina Savoie ont l’obligation pour leurs marques d’utiliser 100 % d’origine française », analyse-t-il.

Concernant la campagne commerciale 2022/2023, la question d’une hausse ou d’une baisse de la sole hexagonale de blé dur se pose. Selon Matthieu Killmayer, « les prix sont, certes, bons pour les agriculteurs, mais la corrélation entre hausse des prix et hausse des semis est loin d’être parfaite. Des agriculteurs du Sud-Ouest et de l’Ouest ont été démoralisés par les pluies en fin de cycle, dégradant les qualités au dernier moment. Du coup, malgré la bonne tenue des cours, il n’est pas impossible que la sole nationale se stabilise entre 2020 et 2021 ».

 

Les plus lus

Photo montant quelques graines de tournesol
Récolte 2025 : la déception se confirme sur le tournesol en France

Alors que la récolte de tournesol 2025 touche à sa fin, la déception domine dans les principaux bassins de production dans l’…

graines de soja dans la paume d'une main
Les accords commerciaux sur le soja entre la Chine et les Etats-Unis : faits et chiffres

Depuis le 20 octobre et jusqu’à ce jour, le marché mondial du soja est sous influence de la rencontre entre les président…

champ sous un ciel nuageux, Creuse, octobre 2025.
Céréales et oléoprotéagineux bio : le marché du tournesol est toujours tendu

Après des conditions météorologiques favorables aux récoltes d’automne ces dernières semaines, l’arrivée d’un front…

Photo d'un intervenant lors d'une conférence sur le réchauffement climatique lors des JTIC 2025
JTIC 2025 - Comment la filière céréalière s’adapte au réchauffement climatique en Espagne ?

Le réchauffement climatique impacte déjà sévèrement la filière céréalière en Espagne. À l’occasion de l'édition 2025 des…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : retard des achats face aux incertitudes géopolitiques et à la hausse des prix

Ces dernières semaines enregistrent un raffermissement progressif des cours des engrais, notamment des produits azotés.…

Champ de blé à Mercedes, province de Buenos Aires, Argentine.
Une moisson de blé annoncée exceptionnelle en Argentine

Le volume attendu des moissons de blé à peine engrangées dans les Pampas en Argentine s’annonce au minimum record de 23 Mt,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne