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Baisse des prix de la farine : "Prenons du temps", estime la Meunerie française

L'Association nationale de la Meunerie française (ANMF) a tenu son assemblée générale à Paris le 16 juin, suite à laquelle était organisé sa convention annuelle intitulée "Défi Blé 2040". L'occasion d'évoquer la question de l'inflation et de la répercussion des hausses des coûts dans les produits finis.

Jean-François Loiseau, président de la Meunerie française, lors de l'Assemblé générale de l'Association nationale de la Meunerie française à Paris le 16 juin.
© Rodolphe de Ceglie

« Quand je lis qu'il faudrait que beaucoup de produits alimentaires baissent le plus rapidement possible, moi je dis : prenons du temps ! », a lancé Jean-François Loiseau (président de l'ANMF - Association de la meunerie française) au ministre de l'Agriculture lors d'un entretien diffusé lors de la convention de la meunerie le 16 juin à Paris, Marc Fesneau n'ayant pu s'y rendre physiquement.

Autrement dit, la baisse des prix de la farine de blé n'est pas à l'ordre du jour. Un discours sonnant comme une réponse au ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Lemaire
Ce dernier avait déclaré en mai : « Nous allons demander un effort à ceux qui font les marges. Aujourd’hui, ce sont les grands industriels de l’agroalimentaire qui font les marges, donc il faut qu’ils participent. (...). Il faut que les négociations commerciales se rouvrent avec les distributeurs et qu’ils baissent les prix de détail au moment où les prix de gros baissent ».

Du côté du ministre de l'Agriculture, le message du président de l'ANMF et d'Intercéréales, semble entendu. « J'entends certains qui veulent aller très vite pour procéder aux baisses. Quand vous achetez du blé cher, de l'énergie qui n'a pas encore retrouver les niveaux d'avant guerre en Ukraine, et des emballages au moment où ils étaient les plus chers, on ne peut demander des baisses sans regarder les produits concernés en détail. La grande distribution doit faire des efforts et elle doit entendre que pour la filière tienne, celle-ci ne peut produire sans gagner de l'argent. Dans certains secteurs, la baisse du coût de production n'est pas aussi claire que ça car il reste encore des coûts élevés. On ne peut simplement se baser sur le prix des céréales », a déclaré Marc Fesneau.

Dans le détail, même si les prix spot du blé tendre et de l'énergie ont considérablement baissé par rapport observés en 2022, il faut considérer que les approvisionnements ne se font pas au jour le jour.
Concernant le blé, les meuniers se sont couverts plusieurs mois à l'avance et n'ont pas forcément profité de la baisse enregistrée cette année. Ce qui a été confirmé par de nombreux meuniers lors de cette journée de convention, qui ne pourront corriger leur prix d vente de farine, au regard de la baisse des cours du blé, que d'ici quelques mois au mieux.
Quant à l'énergie, « les contrats d’électricité signés au second semestre 2022 pour l’année 2023 sont à des prix très élevés (+300% et parfois jusqu’à +700% par rapport à 2021) » note l'ANMF.
Enfin, celle-ci évoque la hausse des salaires depuis janvier 2023, de 4% pour le premier niveau de la convention collectiuve des métiers de la transformation des grains.

 

« L'inflation du pain, deux fois inférieure à l'inflation alimentaire » selon l'ANMF

Lors de la Convention, Anne Céline Contamine, directrice de l'Association nationale de la Meunerie française, a souligné que « les meuniers n’ont pas répercuté l’ensemble de la hausse des coûts des matières premières, de l’énergie et des salaires dans les prix de farine », contribuant ainsi à «  limiter l’inflation alimentaire. » L'ANMF précise dans ce contexte que « Ces hausses n’ont été répercutées que partiellement dans le prix de la farine et en décalé.

En conséquence, les entreprises ont des marges historiquement faibles qui impactent leur rentabilité et leur capacité d’investissement à l’avenir. » Ainsi, l'ANMF a rappelé que « l'inflation du prix du pain, produit phare à base de farine, est deux fois inférieure à l'inflation alimentaire ».


Chiffres de la Meunerie française en 2022

395 moulins (387 en 2021) représentant 337 entreprises (342 en 2021)

5,1 Mt de blé utilisées (5 Mt en 2021)

3,96 Mt de farines produites (3,94 Mt en 2021)

2,15 Md€ de chiffre d'affaires (1,71 Md€ en 2021)

6100 salariés (comme en 2021)

L'ANMF représente 222 moulins soit 93% de la production avec 176 entreprises adhérentes.

 

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