Aller au contenu principal

La restauration des zones humides, un plus pour l’élevage ovin

Dans la montagne Noire dans l’Aude, des éleveurs ovins sont accompagnés par la chambre d’agriculture et l’association naturaliste Écodiv pour la restauration de zones humides présentes sur leur exploitation.

<em class="placeholder">Moutons pâturant sur une zone humide de l&#039;Aude.</em>
Dans la montagne Noire dans l’Aude, des éleveurs ovins sont accompagnés par la chambre d’agriculture et l’association naturaliste Écodiv pour la restauration de zones humides présentes sur leur exploitation.
© J. Bonnery

Qu’elles soient tourbières ou sagnes, landes à molinie, prairies humides, sources ou mares, berges de cours d’eau, ripisylves ou bois marécageux, les zones humides jouent un rôle d’éponge et de stockage d’eau très utile dans un contexte de changement climatique. Elles peuvent constituer un réservoir naturel pour l’abreuvement des cheptels.

La montagne Noire audoise abrite près de 500 hectares de zones humides réparties sur 300 sites, dont 250 situés sur des exploitations agricoles d’élevage. « Elles rendent de nombreux services comme l’atténuation des crues, le soutien des étiages en période sèche, elles favorisent l’infiltration vers la nappe phréatique et améliorent la qualité de l’eau. Aussi, les tourbières, qui sont un milieu relativement rare, sont capables de stocker le carbone. Ce sont des écosystèmes très riches qui présentent une grande biodiversité et qui sont également propices aux activités de nature et de découverte. Pour le bétail, elles peuvent apporter un complément fourrager et de la fraîcheur en période sèche », détaille Agnès Alquié, responsable agroenvironnement, biodiversité et territoire à la chambre d’agriculture de l’Aude.

Dans les années 1950 à 1990, certaines zones humides ont été drainées et plantées de résineux. Aujourd’hui, la menace principale est leur embroussaillement, conséquence d’une absence de fauche ou de pâturage après l’abandon de l’activité d’élevage ou d’un délaissement en raison de leur inaccessibilité pour les engins agricoles.

Volontariat des éleveurs et gratuité du conseil

Si le département de l’Aude est le premier à s’être intéressé à la restauration et à la protection de ces zones vitales à l’environnement, les partenariats entre agriculteurs et environnementalistes n’étaient pas gagnés d’avance.

<em class="placeholder">Zone humide avec une mare</em>
Les brebis de Magali Cendral ont accès à trois des quatre mares, qui se tarissent en général mi-juillet. L’association a également observé sur une sagne de 150 m² la présence de la jacinthe de Rome, une espèce protégée en France, et en forte régression en raison de la disparition des prairies humides. © J. Bonnery
« Tout le monde a mis de l’eau dans son vin et a su faire des efforts. Nous sommes souvent traités de pollueurs et de dégradeurs de l’environnement, mais après que les environnementalistes ont fait le tour de nos exploitations, nous constatons avec eux qu’on ne se débrouille pas trop mal. Si des choses peuvent être améliorées, on voit que nous maintenons et entretenons la biodiversité et l’environnement et que nous avons besoin des animaux pour maintenir ces milieux ouverts », ajoute Rémy Vincent, président du groupement de développement agricole (GDA) de la montagne Noire.

Sensibiliser au maintien des zones humides

« L’objectif de ce partenariat est d’accompagner les éleveurs qui jouent un rôle clef dans la préservation des zones humides, et cette préservation n’est possible qu’en partenariat avec l’accord et le concours de ceux qui les gèrent et les utilisent. L’ambition est donc à la fois de sensibiliser les éleveurs aux enjeux écologiques, hydrologiques et de ressources pastorales de ces zones humides en faisant des diagnostics chez chacun d’entre eux et de les accompagner à restaurer, gérer et mettre en pâture », précise Agnès Alquié.

Aujourd’hui, treize exploitations ont déjà bénéficié d’un diagnostic agroécologique comportant des propositions d’orientations de gestion dont celle d’Arthur Massart et de Magali Cendral. « Ce n’est pas quelque chose que j’imaginais au départ, mais les agriculteurs s’approprient cette démarche, certains se déplacent pour aller témoigner et en profitent aussi pour communiquer. Cela est très positif, ce projet démontre que les agriculteurs et les naturalistes peuvent coopérer sur ce sujet », se réjouit Agnès Alquié.

La remise en état d’un réseau de mares

<em class="placeholder">Magali Cendral et Philippe Poucheret, éleveurs ovins dans l&#039;Aude</em>
Sur l’exploitation de Magali Cendral et Philippe Poucheret à Villemagne, un travail de curage et de débroussaillement d’un réseau de quatre mares a été réalisé durant l’été 2023. © J. Bonnery
Installée depuis 1991 à Villemagne (Aude), Magali est adhérente à la coopérative Arterris sous la démarche qualité Label rouge. C’est la préservation des batraciens et de la biodiversité qui a attiré l’éleveuse dans ce projet. « Les deux naturalistes d’Écodiv ont travaillé durant deux jours pour cette restauration. Certaines mares étaient existantes et ont été faites par les anciens avec une digue en mur de pierres », explique Magali qui passe la débroussailleuse deux fois par an pour l’entretien de la digue et du tour. « Nous nous sommes aperçus que, tant qu’il y a de l’eau, il y a des batraciens, beaucoup de libellules alors qu’on n’en voyait plus, des ragondins, des tritons et des grenouilles. Il y a vraiment toute une vie autour des mares. »

Cette restauration a été subventionnée à hauteur de 5 000 euros, avec l’autofinancement de Magali en travaux de débroussaillement.

Chiffres clés

217 mères Romane

41 agnelles

8 béliers

1 agnelage en juillet

60 ha de prairie

0,20 ha de zones humides

Jean Muratet et David Richin, naturalistes écologues à l’association Écodiv

La restauration de zones humides répond à de nombreuses normes

« Nous ne pouvons pas créer de zones humides si le milieu n’est pas déjà humide. Nous restaurons ces zones en enlevant par exemple les ligneux qui ferment le milieu et pompent l’eau qui s’y trouve. Un autre exemple est la création et/ou la restauration de mare. Cela ne peut pas se faire n’importe où. Il y a des normes de surface et de distance à respecter.

Différencier cours d’eau et fossé

<em class="placeholder">Mare dans une prairie dédiée au pâturage des ovins.</em>
Plus de 100 ha de zones humides ont déjà été étudiés grâce au projet de restauration porté depuis 2021 par la chambre d’agriculture de l’Aude, le groupement de développement agricole de la montagne Noire, l’association Écodiv, et cofinancé par le département de l’Aude et l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. © J. Bonnery
Une mare ne peut pas être à proximité immédiate d’un cours d’eau ni d’habitations, elle ne peut être entretenue qu’en fin d’automne et en hiver lorsque les espèces patrimoniales n’y sont pas, et il faut l’autorisation de la mairie par rapport aux règles d’urbanisme. Aussi, elle ne doit pas être alimentée par un cours d’eau, ce doit être de l’eau issue de ruissellement, de gouttière, de la nappe phréatique ou d’un fossé. Et la difficulté, c’est que bien souvent les fossés peuvent être considérés comme des cours d’eau. Il nous faut nous renseigner auprès de la préfecture pour vérifier s’il s’agit d’un ruisseau ou d’un fossé. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Eleveur conduisant ses brebis au pâturage.</em>
« Les Ovinpiades, un pied dans la filière »
« J’ai un CV complet », c’est par ces mots que nous avons terminé l’entretien avec Benjamin Piot, meilleur jeune berger…
<em class="placeholder">Brebis au pré, en train de manger des feuilles d&#039;arbre au sol.</em>
Un essai concluant avec des agnelles de renouvellement
En complément d’un apport de foin, « la feuille » complète la ration des brebis peu exigeantes, à l’entretien, taries,…
<em class="placeholder">Marion Lassalle et Yannick Helip </em>
« Nous dégageons deux salaires avec notre système transhumant et nos brebis romanes"
Dans les Hautes-Pyrénées, Marion Lassalle et Yannick Helip conduisent une troupe de brebis allaitantes en optimisant la ressource…
<em class="placeholder">L&#039;éleveur se tient devant ses brebis en bergerie.</em>
« Nous distribuons trois kilos bruts de betteraves fourragères par brebis pour le lot au pâturage en hiver »
Dans les Côtes-d’Armor, Ida Prigent et Nicolas Le Provost pratiquent deux périodes de mises bas par an pour leurs brebis…
<em class="placeholder">Markus Klützke</em>
« J’ai créé un atelier de 1 000 moutons sur la ferme familiale »
Au septentrion de l’Allemagne, en Frise-du-Nord, le jeune Lasse âgé de 19 ans, s’installe sur l’exploitation familiale et crée…
<em class="placeholder">Sana avec son bâton. </em>
La drôle d’estive de Sana, fille de bergère
Sana, 10 ans, partage le travail en montagne de Chloé, sa maman bergère. Elle raconte son quotidien sur les flancs du Chalvet et…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre