La restauration des zones humides, un plus pour l’élevage ovin
Dans la montagne Noire dans l’Aude, des éleveurs ovins sont accompagnés par la chambre d’agriculture et l’association naturaliste Écodiv pour la restauration de zones humides présentes sur leur exploitation.

Qu’elles soient tourbières ou sagnes, landes à molinie, prairies humides, sources ou mares, berges de cours d’eau, ripisylves ou bois marécageux, les zones humides jouent un rôle d’éponge et de stockage d’eau très utile dans un contexte de changement climatique. Elles peuvent constituer un réservoir naturel pour l’abreuvement des cheptels.
La montagne Noire audoise abrite près de 500 hectares de zones humides réparties sur 300 sites, dont 250 situés sur des exploitations agricoles d’élevage. « Elles rendent de nombreux services comme l’atténuation des crues, le soutien des étiages en période sèche, elles favorisent l’infiltration vers la nappe phréatique et améliorent la qualité de l’eau. Aussi, les tourbières, qui sont un milieu relativement rare, sont capables de stocker le carbone. Ce sont des écosystèmes très riches qui présentent une grande biodiversité et qui sont également propices aux activités de nature et de découverte. Pour le bétail, elles peuvent apporter un complément fourrager et de la fraîcheur en période sèche », détaille Agnès Alquié, responsable agroenvironnement, biodiversité et territoire à la chambre d’agriculture de l’Aude.
Dans les années 1950 à 1990, certaines zones humides ont été drainées et plantées de résineux. Aujourd’hui, la menace principale est leur embroussaillement, conséquence d’une absence de fauche ou de pâturage après l’abandon de l’activité d’élevage ou d’un délaissement en raison de leur inaccessibilité pour les engins agricoles.
Volontariat des éleveurs et gratuité du conseil
Si le département de l’Aude est le premier à s’être intéressé à la restauration et à la protection de ces zones vitales à l’environnement, les partenariats entre agriculteurs et environnementalistes n’étaient pas gagnés d’avance.

Sensibiliser au maintien des zones humides
« L’objectif de ce partenariat est d’accompagner les éleveurs qui jouent un rôle clef dans la préservation des zones humides, et cette préservation n’est possible qu’en partenariat avec l’accord et le concours de ceux qui les gèrent et les utilisent. L’ambition est donc à la fois de sensibiliser les éleveurs aux enjeux écologiques, hydrologiques et de ressources pastorales de ces zones humides en faisant des diagnostics chez chacun d’entre eux et de les accompagner à restaurer, gérer et mettre en pâture », précise Agnès Alquié.
Aujourd’hui, treize exploitations ont déjà bénéficié d’un diagnostic agroécologique comportant des propositions d’orientations de gestion dont celle d’Arthur Massart et de Magali Cendral. « Ce n’est pas quelque chose que j’imaginais au départ, mais les agriculteurs s’approprient cette démarche, certains se déplacent pour aller témoigner et en profitent aussi pour communiquer. Cela est très positif, ce projet démontre que les agriculteurs et les naturalistes peuvent coopérer sur ce sujet », se réjouit Agnès Alquié.
La remise en état d’un réseau de mares

Cette restauration a été subventionnée à hauteur de 5 000 euros, avec l’autofinancement de Magali en travaux de débroussaillement.
Chiffres clés
217 mères Romane
41 agnelles
8 béliers
1 agnelage en juillet
60 ha de prairie
0,20 ha de zones humides
Jean Muratet et David Richin, naturalistes écologues à l’association Écodiv
La restauration de zones humides répond à de nombreuses normes
« Nous ne pouvons pas créer de zones humides si le milieu n’est pas déjà humide. Nous restaurons ces zones en enlevant par exemple les ligneux qui ferment le milieu et pompent l’eau qui s’y trouve. Un autre exemple est la création et/ou la restauration de mare. Cela ne peut pas se faire n’importe où. Il y a des normes de surface et de distance à respecter.
Différencier cours d’eau et fossé
