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La prédation des ovins remise sur la table des instances européennes

La détresse et la fatigue des éleveurs et bergers face au loup et autres grands prédateurs semblent enfin être entendues dans les hautes sphères européennes. La modification de la directive Habitat est à nouveau à l’ordre du jour.

Une révision du statut de protection du loup a été demandé au niveau du Parlement européen.
Une révision du statut de protection du loup a été demandé au niveau du Parlement européen.
© DR

Plusieurs députés européens ont mis le doigt sur les confrontations entre loups et par extension tous les grands prédateurs et les troupeaux domestiques. Anne Sander, originaire de la région Grand Est, a interpellé les parlementaires européens, le 11 janvier dernier à Strasbourg : « on voit bien les difficultés qu’il y a dans les différents États membres. Un certain nombre de mesures ont été prises, pour protéger les élevages, on a aussi mis des financements à disposition. On voit bien aujourd’hui que malgré les sommes importantes, l’efficacité de ces mesures est très relative. Je crois que le temps est venu de revoir notre politique en la matière. »

Ainsi Anne Sander demande une révision de la directive Habitat de 1992, qui classe les espèces animales européennes selon leur statut de préservation. « Le loup, l’ours ou le lynx doivent être considérés comme des menaces pour nos éleveurs. » Elle en appelle donc à une régulation plus forte, ce qui suppose de changer ces trois espèces de catégorie, à savoir de l’annexe 4 définissant les « espèces animales et végétales présentant un intérêt communautaire et nécessitant une protection stricte » à l’annexe 5 qui définit les animaux et végétaux « dont le prélèvement dans la nature et l’exploitation sont susceptibles de faire l’objet de mesures de gestion ». En clair, le loup et les grands prédateurs perdraient ainsi leur statut de protection totale et leur population pourrait être gérée plus librement.

À Bruxelles, c’est Jérémy Decerle, député de Saône-et-Loire pour la majorité présidentielle, qui s’est agacé : « Les premières victimes des grands carnivores sont les éleveurs qui voient leurs troupeaux décimés et leur travail anéanti. Donc oui, ils doivent être les premiers consultés sur le sujet. » La Commission européenne débattait alors si le dossier prédation devait échoir à la commission agriculture ou à celle de l’environnement. « Le problème n’est pas là ! », s’est emporté l’éleveur politicien, en invitant leurs autres eurodéputés à aller à la rencontre des éleveurs qui ont perdu 12 000 brebis en 2021 à cause du loup. Avant de reprendre « La politique de réintroduction du loup a été un succès, sa politique de gestion est un échec. » Jérémy Decerle rappelle d’ailleurs qu’en France, « le quota pour la population de loups avait été fixé à 500. Mais aujourd’hui, on a plus de 600 voire 800 loups sur le territoire. » Il conclut son intervention en rappelant les dégâts causés par Canis lupus : « Vu le nombre de brebis tuées, on fait plus de mal aux équilibres territoriaux qu’on fait de bien à la biodiversité. On se trompe de bataille ! »

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