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Documentaire
La grande histoire des vignerons contée en images

France 3 a diffusé le 7 septembre dernier « L’épopée des vignerons », un documentaire passionnant réalisé par Emmanuelle Nobécourt. Il met en lumière le travail des vignerons qui ont su au fil des générations construire un patrimoine unique.

L'épopée des vignerons, documentaire diffusé sur France
© Capture d'écran du documentaire L'épopée des vignerons

En France, on fait du vin depuis plus de 2 000 ans. La vigne a façonné les paysages, construit une identité nationale reconnue dans le monde entier grâce au travail des vignerons, un travail dur et peu rémunéré qui faisait dire aux parents à leurs enfants : « Si tu ne travailles pas bien à l’école, tu iras à la vigne ! ». Le documentaire diffusé par France 3 montre, grâce à de nombreux documents d’archives, les grands bouleversements que les vignerons ont connu au cours du 20e siècle, entre les aléas climatiques et ceux du marché. Des premières maladies de la vigne aux tourments des guerres, du cheval au tracteur, des pratiques ancestrales aux avancées de la science, la profession a toujours su s’adapter.

Les images du rituel des vendanges réalisées depuis des générations sont « l’aboutissement de longs mois de travail » comme le commente l’acteur Sam Karmann : une étape cruciale car les revenus du vigneron sont liés à la qualité du raisin récolté. « On a beau être le meilleur vinificateur du monde, on dépend du millésime » souligne Jean-Frédéric Hugel, vigneron en Alsace. Pour les vignerons, le plus gros stress est lié aux aléas climatiques, vient ensuite le contexte économique.
 

Insectes et parasites : la grande plaie des vignobles

Le film rappelle une chose un peu oubliée aujourd’hui : le vin a longtemps été destiné à une seule catégorie de consommateurs, l’élite de la société. Les vignerons produisaient en effet des vins de prestige : champagne et grands crus. Mais tout va changer au 19e siècle avec la révolution industrielle et l’émergence de la classe ouvrière. Le vin se démocratise et est bien souvent une boisson plus sûre que l’eau. Il est dans les usines mais aussi à la campagne où il y a toujours une bonbonne pour accompagner les paysans dans les champs.
 

Pasteur prescrit le vin contre le choléra et la typhoïde

Pasteur prescrit même le vin pour se protéger du choléra et de la typhoïde. Grâce au chemin de fer, le Languedoc devient le premier fournisseur de France. Le vin transite par les entrepôts de Bercy surnommé le « plus grand cellier du monde ». C’est l’âge d’or et le pays se couvre de vignobles. Mais l’extension de cette monoculture a des conséquences dramatiques : la grande concentration des vignes les rend plus sensibles aux attaques de parasites et favorise leur propagation. Les insectes et des champignons comme le mildiou font des ravages, issus de pieds de vigne importés d’Amérique. Des traitements au soufre et au cuivre sont utilisés mais le phylloxéra résiste.

A l’aube du 20e siècle, 2,5 millions d’hectares de vignes doivent être arrachés et replantés. Les cépages hybrides font leur apparition mais sont de piètre qualité. Les vignobles sont replantés en ligne et de façon moins dense. Les surfaces augmentent et le commerce du vin est l’apanage des négociants. Plus les vignerons produisent, plus les prix baisse et moins ils gagnent leur vie, ce qui va plonger le Midi dans un désarroi économique. Pour court-circuiter les négociants, les premières coopératives voient le jour avec la vente directe. Mais cela n’empêche pas une crise majeure qui va faire vaciller la IIIe République.
 

Quel avenir pour les jeunes générations ?

Le documentaire aborde tous les moments clés de l’histoire des vignerons. Pendant les guerres les femmes doivent s’occuper seules des vignes ; les soldats prennent l’habitude de boire du vin (même ceux issus de région où ne le fabrique pas) au front car il est abondamment distribué pour leur donner vaillance et résistance ; l’Allemagne opère une main mise sur les grands crus... Au sortir de la Seconde guerre mondiale, les vignobles sont dans un état désastreux, tout est à reconstruire. Le travail est harassant mais les vignerons sont courageux.

L’œnologie va apprendre à faire des millésimes moyens des millésimes bons

L’arrivée du tracteur va les aider et changer leurs habitudes et permettre la culture de surfaces plus grandes. La révolution n’est pas que mécanique, elle est aussi chimique. Et puis le développement du tourisme et des AOC est une porte de salut pour de nombreux vignerons, notamment ceux qui produisent le rosé de Provence. Une autre apparition va bouleverser le secteur, celle de l’œnologie. « L’œnologie va apprendre à faire des millésimes moyens des millésimes bons » explique May Elliane de Lencquesaing, possédant un domaine dans le Bordelais. Mais certains regrettent que ces nouveaux alchimistes fabriquent des vins de plus en plus standardisés.

Une autre préoccupation fait jour : la prise de conscience de la protection de l’environnement avec la conversion de certains vignerons au bio. Le dérèglement climatique est aujourd’hui la préoccupation majeure de la profession. Et si certains ont l’optimisme chevillé au corps, d’autres s’interrogent sur la transmission du domaine et sur les défis que les jeunes générations devront relever. Qu’importe, une jeune femme, Fiona Leroy, a choisi, elle, de faire de la vigne son métier en Bourgogne. Elle n’est pourtant pas issue d’une famille travaillant dans le secteur ni de la région et n’a aucune expérience en la matière. Preuve que le métier passionne toujours…

Le documentaire est disponible sur le site de France 3 jusqu'au 14 janvier 2023.

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