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La difficile transition vers les truies en liberté dans les maternités

Depuis l’installation des cases liberté à Crécom, 258 mises bas ont eu lieu. L’expérience des truies vis-à-vis de la liberté explique la disparité des performances au sevrage.

Depuis juin 2020, les salles de maternité de la station de Crécom des Chambres d’agriculture de Bretagne sont réaménagées avec des cases liberté.

Les truies entrent libres dans leur case et sont bloquées en moyenne deux jours avant la mise bas. Elles sont libérées après les soins aux porcelets (3 à 5 jours suivant les essais avec ou sans castration). Avec un recul de 258 mises bas, les ingénieurs de la Chambre ont constaté que le pourcentage de porcelets sevrés (1) par rapport aux porcelets nés vivants est moins élevé pour les truies en liberté que pour les truies bloquées (période 2019-2020, 208 mises bas). Cette différence est à mettre en parallèle à une augmentation du taux d’écrasés. L’analyse statistique permet de mettre en avant trois facteurs de risques pour les performances.

Le premier correspond à la mise en liberté des truies, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que la contention a été à l’origine mise en place en maternité pour répondre aux problématiques d’écrasement. Avec les nouvelles cases liberté, le taux de sevrés baisse de 3,2 % et le taux d’écrasés augmente de 3,7 %. En moyenne, 0,8 porcelet est écrasé après libération de la truie. Ces résultats cachent cependant une forte hétérogénéité : 53 % des truies n’écrasent aucun porcelet après leur mise en liberté.
Le second facteur de risque correspond à la taille de la portée. Il s’applique aussi bien aux cases bloquées qu’aux cases liberté. Plus la taille de la portée augmente, plus le taux d’écrasés augmente et plus le taux de sevrés diminue. Avec la sélection génétique axée sur l’hyperprolificité des truies, le nombre de porcelets a tendance à excéder le nombre de tétines productives. La compétition entre les porcelets pour accéder au lait maternel ainsi que la difficulté pour la truie à gérer autant de porcelets peut expliquer ces conséquences sur les performances. Dans notre étude, la naissance d’un porcelet supplémentaire fait diminuer le taux de sevrés de 3,7 % et augmenter le taux d’écrasés de 2,5 %.
Le rang de portée est le troisième facteur de risque : les truies les plus vieilles sèvrent moins de porcelets et en écrasent plus. Pour chaque mise bas supplémentaire, une truie, libre ou bloquée, verra son taux de sevrés diminuer de 1,7 % et son taux d’écrasés augmenter de 1,4 % en moyenne. Une des hypothèses les plus plausibles est la perte de tonus musculaire des truies plus âgées qui conduit à une moins bonne maîtrise du couchage et à des écrasements supplémentaires.

Une question d’expérience

Les travaux de rénovation à la station de Crécom ont eu lieu durant des périodes de vide sanitaire et le troupeau a été renouvelé au rythme habituel. De ce fait, au sein du troupeau cohabitent les truies les plus jeunes qui ont mis bas uniquement dans les nouvelles cases en liberté et les plus vieilles qui ont connu les cases bloquées avant de goûter à la liberté. La comparaison des performances des truies de rang 3 à 5 de ces deux groupes (66 mises bas chacun) nous démontre qu’à taille de portée égale, une truie qui a connu les deux systèmes sèvre 9,1 % de porcelets en moins et écrase 8,5 % de porcelets en plus qu’une truie n’ayant connu que la liberté. En moyenne on note 0,7 porcelet écrasé après libération pour les truies qui n’ont connu que la liberté et 1,2 pour les truies qui ont connu les deux systèmes. Ces résultats confirment l’hypothèse que les truies qui ont connu les cases bloquées sont ensuite moins attentives lors de leurs mouvements (couchages, roulades) que celles ayant connu uniquement les cases liberté, entraînant ainsi plus d’écrasements.

(1) Afin de tenir compte de la taille de la portée, le nombre de porcelets sevrés est exprimé en pourcentage des nés vifs (+ adoptions – retraits).

Mes conseils

Nicolas Villain, Chambres d’agriculture de Bretagne

« Une phase de transition délicate »

La phase transition entre blocage et liberté est une période sensible au niveau des performances de l’élevage. Cette période doit permettre l’adaptation des animaux et de l’éleveur à ce nouveau système afin de mettre en place des stratégies de conduite adaptées à chaque élevage. Tous les aspects devront être pris en compte, qu’ils soient relatifs au bâtiment, aux équipements, aux animaux ou aux éleveurs. Les nouvelles conduites en liberté issues de ces réflexions devront permettre d’obtenir des performances similaires à celles de truies bloquées.

À retenir

La liberté en maternité a pour effet une diminution des performances liée à une augmentation des pertes par écrasement.
D’autres facteurs (taille de la portée et parité) ont aussi un impact sur ces variables.
En liberté, les truies libérées dès leur première portée présentent de meilleures performances que celles ayant également connu les cases bloquées.

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