« Je vise un solde annuel de 25 000 euros avec mon poulailler neuf »
Fabien Delonglée, éleveur à Marcillé-Robert en Ille-et-Vilaine a inauguré son nouveau poulailler, un modèle Terre-Neuve du Groupe Michel, stato-dynamique, incluant un jardin d’hiver.




Équipé de six turbines en pignon, d’une brumisation haute pression, de fenêtres pour apporter de la lumière naturelle et d’un jardin d’hiver, le nouveau bâtiment de l’EARL de la Ménardais a accueilli ses premiers poussins début mai à Marcillé-Robert en Ille-et-Vilaine. Il mesure 90 m de long pour une largeur totale 22,5 m, dont 7,5 m pour la largeur du jardin d’hiver, soit une surface de 1 350 m2 pour la salle de démarrage et de 675 m2 pour le jardin d’hiver. « La surface du jardin d’hiver compte comme une surface d’élevage, étant donné que lorsque l’on ouvre les accès au jardin d’hiver (au bout de 6 semaines pour les dindes et 3 semaines pour les poulets), les trappes restent ouvertes jour et nuit jusqu’au départ des volailles pour l’abattoir », explique Yann Michel, responsable du développement volailles de chair sur la zone des Ets Michel. Le jardin d’hiver est « une zone que l’on ne chauffe pas et où il n’y a pas à boire ni à manger. C’est une aire de promenade. Les ouvertures des trappes sont actionnées via des manivelles, un choix économique », poursuit l’éleveur.
Un amortissement sur quinze ans
Fabien Delonglée va alterner entre deux productions : des poulets ECC (European chicken comitment) avec des souches de Redbro JA 987 ou JA 787 et des dindes. « En poulets ECC, l’accès au jardin d’hiver est ouvert à environ 3 semaines. À cet âge, les poulets commencent à être emplumés et exothermes donc leur besoin de chaleur est moins important », complète Yann Michel. Avec le cahier des charges ECC, « on doit apporter des substrats à picorer, des perchoirs, de la lumière naturelle. Il est également possible de suivre ce cahier des charges sans jardin d’hiver, mais la densité ne sera pas la même. Le jardin d’hiver permet de gagner en surface pour les animaux avec une densité de 15 poulets par m2.»
C’est un bâtiment polyvalent. Les Ets Michel s’engagent sur la rotation poulets-dindes pendant la durée d’amortissement du bâtiment, soit pendant quinze ans. Sont programmés 6,3 lots en poulets ECC ou 2,6 lots en dindes par an.
Une centrale photovoltaïque à l’étude
« La charpente de ce poulailler a été renforcée pour pouvoir accueillir une centrale photovoltaïque d’ici quatre ou cinq ans », glisse prudemment l’éleveur qui vient déjà d'investir à hauteur de 550 000 euros pour ce poulailler. « Nous avions chiffré l’étude économique à 547 000 euros », précise Yann Michel. Un montant qui s'est aligné sur l'étude économique réalisée pour ce projet dont le terrassement a commencé en avril 2024, après l’acquisition de la parcelle sur laquelle est implanté ce nouveau poulailler.
« On considère qu’un bâtiment comme celui-ci, c’est 40 à 50 % d’une UTH (1) », poursuit Yann Michel. Et de préciser : « Le solde disponible, après déduction du remboursement (annuités), des charges variables et fixes et des cotisations MSA, est de 25 000 euros par an pour l’éleveur. Notre étude économique est basée sur les marges poussins aliments de 100 % des lots. Il y a deux bâtiments identiques à celui-ci ayant un an de recul : l’objectif a été dépassé. »
30 euros par mètre carré d’aide du groupement
Côté aides, l’éleveur a bénéficié d’un accompagnement financier du Groupe Michel pour la réalisation de son projet. Cet accompagnement prend également en compte la hausse du coût des matériaux et des taux d’intérêt. L’objectif est simple : garantir les 64 000 euros de solde disponible par UTH. L’éleveur a aussi demandé une aide du conseil régional de la Bretagne dans le cadre de Agri Invest (ou PCAE selon les régions). « Je peux espérer autour de 30 000 euros d’Agri Invest ». Cette aide n’a pas été prise en compte dans l’étude économique. Ce sera un plus pour l’éleveur.
Une ventilation stato-dynamique
Le bâtiment est équipé d’une ventilation stato-dynamique et de matériels polyvalents poulet-dinde.
Le bâtiment a été conçu par Dugué (terrassement et maçonnerie de l’entreprise Giboire, à Essé, en Ille-et-Vilaine). « Quelques jours dans l’année, le bâtiment passe en ventilation dynamique, grâce aux six turbines en pignon qui créent de la vitesse d’air en cas de chaleur », détaille Yann Michel. « Il est équipé d’une brumisation haute pression. Quand il est en statique, l’air entre par les volets latéraux et l’air vicié est extrait par le lanterneau. » La forme de la toiture ressemble à une coque de bateau inversée. « C’est une toiture en pans cassés pour limiter la hauteur du lanterneau du fait de la présence du jardin d’hiver dont la hauteur maximale est à 2,7 m, celle du bâtiment est à 6,30 m. L’intérieur de la toiture est couvert de panneaux « frigo » facilitant le lavage. »
Le rideau du jardin d’hiver est translucide pour l’entrée de la lumière. Par grand froid, la fermeture de ce rideau est régulée par les sondes de température (quatre dans la salle d’élevage et deux dans le jardin d’hiver).
Terre battue, copeaux et miscanthus
Les équipements intérieurs ont été posés par Big Dutchman, basé à Retiers, en Ille-et-Vilaine. « La proximité des fournisseurs était une évidence », justifie l’éleveur. Quatre lignes de pipettes multidirectionnelles ont été installées ainsi que trois lignes d’assiettes Multibeck Le Roy polyvalentes. Les dindes et les poulets sont démarrés avec les pipettes. « Pour les dindes, à 4 semaines, on branche les abreuvoirs cloches finition dindes ad hoc. Des adaptateurs permettent de les accrocher facilement. »
Au sol, les volailles évoluent sur de la terre battue surmontée d’une litière de copeaux de bois ou de miscanthus. L’éleveur, qui dispose de 65 hectares, envisage de réserver une partie de sa SAU à la culture du miscanthus. « Il faut bien gérer la litière, la brasser régulièrement, tous les deux jours, pour éviter qu’elle ne forme une croûte », conseille Yann Michel. Un brassage réalisé manuellement, « à la fourche », là aussi, pour des questions économiques.