« J’ai dû faire preuve de persévérance pour faire accepter mon projet de poulailler"
Situé en secteur céréalier en Deux-Sèvres, près d’un bourg, en zone Natura 2000 et avec deux monuments classés à proximité, le Gaec Le Rabretaud a dû faire preuve de persévérance et a adapté son bâtiment pour le faire accepter.
Situé en secteur céréalier en Deux-Sèvres, près d’un bourg, en zone Natura 2000 et avec deux monuments classés à proximité, le Gaec Le Rabretaud a dû faire preuve de persévérance et a adapté son bâtiment pour le faire accepter.

Six années se sont passées depuis l’entrée en fonctionnement du bâtiment volailles du Gaec Le Rabretaud, à Marnes, dans les Deux-Sèvres.
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Mais pour Baptiste Landry, associé avec son père Laurent et son oncle Sébastien du Gaec Le Rabretaud, le souvenir des difficultés rencontrées pour sa construction est encore très douloureux. « En 2017, en vue de mon installation l’année suivante, nous avons eu le projet de créer un bâtiment de volailles de chair de 1 700 m², explique Baptiste. La volaille était une diversification par rapport à nos 750 chèvres et 135 hectares de céréales et fourrages. C’était une activité rentable, avec moins de travail que les chèvres. » Le Gaec, travaillant avec Terrena pour ses céréales, s’est tourné vers Terrena Volailles pour monter son projet. Le bâtiment, prévu pour 28 500 poulets ou 8 000 dindes, ne nécessitait pas d’enquête publique. « Nous en avions parlé au maire, mais nous n’avions pas fait de réunion de présentation », précise l’éleveur. Rapidement, le projet a suscité une vive opposition. « Nous sommes en zone céréalière, avec très peu d’élevage, surtout des chèvres, et pas de bâtiment volailles à moins de 5 kilomètres, explique Baptiste. L’exploitation est en bordure du village qui compte 350 habitants et deux monuments classés. Le projet faisait peur, car les opposants ne connaissaient pas l’élevage de volailles et craignaient des odeurs, du bruit, un impact négatif sur l’activité touristique, la dépréciation de leur patrimoine… »

Savoir s’entourer
Face aux pressions et actions de toutes sortes pour leur faire renoncer au projet, le Gaec s’est alors appuyé sur Terrena Volailles et notamment sur Éric Hérault, responsable développement de l’organisation. « Il faut savoir s’entourer, estime Baptiste. L’accompagnement d’Éric a été précieux, car la pression était très forte. » Éric Hérault, avec Dominique Grasset, agriculteur et président de Terrena Volailles, et la chambre d’agriculture ont notamment organisé une réunion publique pour présenter le projet, réunion à laquelle les éleveurs n’ont pas participé. « Dominique Grasset, qui est éleveur de volailles, a su parler du métier et rassurer, souligne Éric Hérault. Et, de façon générale, Baptiste, le futur éleveur, a été apaisant pendant toute la construction du projet. » « Si on s’énerve, cela peut aggraver le problème » estime Baptiste. Éric Hérault a aussi organisé pour les opposants une visite sur un élevage un samedi matin. « Nous avons choisi un élevage similaire à celui du Gaec et un éleveur très calme, qui a invité les visiteurs à aller voir les voisins proches et à vérifier en mairie qu’il n’y avait pas de plainte contre son élevage. » Les éleveurs ont aussi participé à une réunion du conseil municipal, pour que tous les conseillers comprennent le projet.

Réfléchir l’implantation et la ventilation
Le Gaec a également adapté le bâtiment pour répondre aux exigences de l’Architecte des Bâtiments de France et faire accepter le projet par les opposants. Le dossier administratif a été réalisé par Terrena Environnement. Un bardage bois a été posé aux pignons et devant les trappes d’entrée d’air. Le bâtiment a été équipé d’une ventilation longitudinale envoyant l’air à l’opposé du bourg et de la chèvrerie, située à côté du poulailler, complétée en pignon par un piège à poussière. « La ventilation longitudinale était la plus coûteuse, mais la plus respectueuse des habitants du village », précise Éric Hérault. Les trois associés ont aussi planté une haie le long du poulailler, pour une meilleure intégration paysagère. Et ils ont refait un chemin par lequel passent tous les véhicules venant et partant du poulailler. « Alors que les camions d’approvisionnement, de collecte du lait… passent dans le bourg », note Baptiste. Au total, 550 000 euros ont été investis pour le bâtiment, dont 20 000 euros pour le bardage bois, 6 000 euros pour refaire le chemin et 5 000 euros pour une travée supplémentaire afin d’installer les pièges à poussière. « Pour limiter le surcoût, nous avons nous-même posé le bardage et refait le chemin », indique Baptiste. Depuis un an, la situation est plus calme. Le bâtiment fonctionne bien. Et Baptiste commence à reparler avec les premiers opposants. « Notre objectif aujourd’hui est de pouvoir travailler tranquillement, conclut-il. Et pour cela, il faut être respectueux des gens, ne pas ventiler vers les habitations, rester calme… ».