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[Génétique] La sphère Prim’Holstein se scinde en deux « OS »

L’Union Gènes Diffusion a reçu son agrément d’organisme de sélection (OS) le 31 juillet. La race a désormais deux OS. Quelles seront les conséquences pour les éleveurs ?  

Depuis la mise en place du nouveau règlement zootechnique européen en 2018, l’organisme de sélection se retrouve en position de pierre angulaire du dispositif génétique. Il a aussi remis au goût du jour la possibilité de créer plusieurs OS par race. En Montbéliarde par exemple, il y a désormais trois organismes de sélection : Umotest, Eva Jura et les Eleveurs Montbéliards. Mais les OS se sont mis d’accord pour garder un tronc commun. Montbéliarde association joue le rôle de parlement racial, gère la tenue du livre généalogique…

Le scénario est actuellement différent en race Prim’Holstein. Les deux OS n’ont plus de « parlement » commun. Poussée à l’extrême, en théorie, cette situation pourrait déboucher sur deux orientations de sélection différentes. Nous n’en sommes pas là. Les discussions vont se poursuivre. Quelles seront les conséquences de cette dualité pour les éleveurs ? Nous avons posé la question au président de chaque OS.

Bruno Béchet, président de l’organisme de sélection Prim’Holstein

« Cela va engendrer des surcoûts »

« Nous regrettons qu’il y ait deux OS. Nous sommes le seul pays européen dans cette situation. En Allemagne, il y a un OS par Länder et l’éleveur n’a pas le choix. En France, cela va compliquer les choses pour les éleveurs et engendrer des surcoûts. Le système informatique génétique actuel n’est pas adapté à la gestion de deux OS pour une même race. Cet outil va dorénavant devoir gérer le consentement des éleveurs à adhérer à l’un ou l’autre des OS, voire aux deux ou aucun. Dans le meilleur des cas, il ne sera prêt que dans un an.

Autre conséquence, chaque organisme de sélection va gérer un livre généalogique. Dès qu’un animal changera d’OS, il faudra éditer un certificat zootechnique comme s’il partait à l’étranger. Cela coûtera également de l’argent. Ce certificat est obligatoire pour que les OS aient accès aux données sur les animaux (généalogie, index, production…).

Jusqu’ici, il n’y avait qu’un seul livre généalogique. Toutes les Prim’Holstein y étaient automatiquement recensées. Elles pouvaient enrichir la base de sélection à condition d’être au contrôle de performances. Aujourd’hui, si l’éleveur n’adhère pas à un OS, ses animaux ne participeront pas au programme de sélection. Ils n'auront pas d'index même s'il sont au contrôle de performance. Cela pourrait avoir un impact sur la qualité des programmes de sélection.

Par ailleurs, si les orientations de sélection des deux OS deviennent différentes, cela pourrait conduire à la scission de la race Prim’Holstein en deux populations avec, pourquoi pas, à terme deux ISU différents. Et ça, les éleveurs n’en veulent pas.

Pour conserver un lieu de gestion unique pour la race, nous avons proposé le 17 juillet dernier à l’entreprise de sélection Gènes Diffusion de continuer à adhérer à l’OS historique. Le ministère de l’Agriculture a également proposé cette solution. Cette demande est restée jusqu’ici (le 21 septembre) sans réponse.

Lors de la réunion du 18 septembre, il est ressorti la volonté de ne pas diviser la race et de faire en sorte que le surcoût soit le moins élevé possible. Mais les façons d'y parvenir restent à trouver. »

Alain Guillaume, président de l’OS Gènes Diffusion

« Avoir deux races Holstein serait ridicule »

« Nous nous sommes positionnés dès le départ pour créer notre OS. Avant, l’OS n’avait qu’un rôle consultatif. Maintenant, il a des responsabilités : gestion de l’état civil, programme de sélection, contrôle de performance, indexation et diffusion des index. Nous voulons maîtriser notre programme de sélection, continuer à faire de la différenciation et de la recherche. Le challenge est bénéfique pour la race.

Mais nous ne voulons pas de scission au sein de la race. Nous avons eu des discussions avec l’OS historique et Prim’Holstein France (PHF). Notre but était de trouver une organisation permettant d’avoir une gestion intelligente de la race. Et notamment de préserver une coordination sur des sujets essentiels tels que la table de pointage, un ISU commun pour comparer les taureaux… L’indexation ayant été confiée à GenEval, elle sera la même au niveau national.

À l’image de la race Montbéliarde, nous avons proposé il y a plus de deux ans de créer une sorte de Maison de la Holstein dans laquelle il y aurait PHF, les deux OS et les autres acteurs que sont les contrôles de performances…. Et nous avions proposé à PHF de garder la main sur cette structure. Malheureusement, cela n’a pas été accepté. Mais les discussions vont se poursuivre.

Quant à la question des surcoûts liés à la rénovation du système informatique, il faut savoir qu’elle s’inscrit dans la suite logique du nouveau règlement zootechnique européen. Elle concerne toutes les races. Avoir deux OS en Holstein ne va pas engendrer de surcoût.

La possibilité de faire payer les éleveurs quand un animal passe d’un livre généalogique à un autre a été évoquée cet été. Le règlement impose d’éditer un certificat zootechnique. Mais il ne stipule pas que ce soit payant. La question n’est pas encore réglée. Le service juridique d’Allice travaille sur le sujet. La circulation entre les livres généalogiques doit être gratuite. Notre OS a développé un portail qui permettra notamment aux éleveurs d’éditer un pedigree gratuitement pour le marché français. »

Le saviez-vous ?

Il ne faut pas confondre le programme de sélection, qui est de la responsabilité des organismes de sélection, et le schéma de sélection. Ce dernier est géré par les entreprises de sélection (Evolution, Gènes Diffusion et Auriva-élevage en Prim’Holstein).

Le programme de sélection représente l’orientation de sélection de la race.  Elle se retrouve dans la formule de l’ISU.

Le schéma est le volet création génétique (sélection des mères et pères à taureaux, accouplements…)

Pas de cotisations directes pour les éleveurs

L’adhésion se fait sur la base du volontariat. Elle est gratuite. Ce sont les structures adhérentes (PHF, EDE, entreprises de conseil en élevage, Apca et Cniel) qui payent une cotisation à l’OS. Mais les éleveurs pourraient payer indirectement si les entreprises répercutent les éventuels surcoûts liés à la nouvelle organisation sur les tarifs de leurs services (insémination, contrôle laitier, conseil…)

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