Oui ou non ?
En principe, un référendum c’est simple : les électeurs sont invités à répondre par oui ou par non à une question. Il n’y a pas d’autres choix possibles ; il n’y a pas de second tour ; à 20 heures, on ferme les bureaux de vote, on compte les oui et les non, et c’est fini. Il n’y a rien de plus facile, et rien de plus démocratique : le plus grand nombre a directement décidé de la marche à suivre. Mais, dans la réalité, surtout chez nous, c’est beaucoup plus compliqué. Un oui peut cacher bien des non, un non peut être un oui déguisé, et les partisans du “oui mais” ou du “non si” sont en général les plus nombreux. Notre référendum sur le Traité constitutionnel va être un monument dans le genre. Déjà les nuances commencent à se révéler. Il y a les “béni-oui-oui”, inconditionnels de l’Europe, et les “non” catégoriques, réfractaires à l’idée même de constitution européenne. Jusque-là c’est classique. C’est après que ça se complique. On trouve en effet les “Oui à l’Europe, mais non à Chirac”. Et en face les “Non à l’Europe de Chirac”. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Il y a les “Oui à l’Europe, mais pas celle-là” qui vont voter non. Avouons un faible pour les partisans du “non positif” qui risquent de se mélanger les neurones au moment du vote. N’oublions pas les “Oui à l’Europe et non à la Turquie” qui n’hésitent pas à prendre une position avec quinze ans d’avance. Mais les plus agaçants sont les “Oui” ou les “Non” “à titre personnel”.
Pour Chirac, pas d’ambiguïté : le non est une “connerie”.
Brutal, mais clair.