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Variété club
Le brocoli Bimi à la conquête du marché français

Le producteur Picvert et le sélectionneur Sakata se sont engagés ensemble pour développer la production origine France de la variété club Bimi et son développement commercial et marketing sur le marché français. Interview croisée pour FLD de David Samuels, brand manager Bimi chez Sakata Vegetables Europe, et Jacques Deramecourt, directeur général de Picvert.

Le brocoli Bimi se lance dans l'origine France.
© BIMI

Bimi, c’est la variété club de brocoli de Sakata, qui a explosé au Royaume-Uni depuis les années 2000. Et depuis 2017, ce brocoli croisé à un chou chinois s’est lancé à la conquête des autres marchés européens. En 2020, 2 500 t de Bimi ont été commercialisées en Europe de l’Ouest. « C’est certes dix fois moins qu’au Royaume-Uni, mais les taux de croissance de la consommation de Bimi y sont désormais bien supérieurs, au-dessus de +60 % chaque année, tirés par la demande de produits sains et bons. L’intérêt est particulièrement fort en Allemagne », détaille David Samuels, brand manager Bimi chez Sakata Vegetables Europe.

Les Britanniques et Bimi, a love story. L’aventure Bimi a commencé au Royaume-Uni, déjà amateur de brocoli [comme le Nord de l’Europe qui consomme beaucoup de crucifères], dans les années 2000, avec les premières opérations marketing. « Les Britanniques sont très réceptifs aux nouveautés, ils n’ont pas une culture gastronomique ancrée comme les Français ou les Italiens, et c’est un pays de melting-pot, ce qui en fait un marché parfait pour tester les nouveaux produits », analyse David Samuels. Bimi y a rencontré un beau succès puisqu’il affiche des croissances en volume de 20 % par an. L’année dernière, 21 000 t de brocoli Bimi ont été vendues au Royaume-Uni.

Autre tendance très forte à laquelle Bimi veut répondre : le local. Sakata est ainsi en train de mettre en place des partenariats des producteurs dans les différents pays européens pour produire et distribuer ce brocoli sur ses marchés domestiques.

Bimi, plus qu’un brocoli. Bimi, c’est un projet unique, une variété Club de brocoli, née au Japon par croisement avec un chou chinois. Plus doux qu’un brocoli traditionnel, Bimi se caractérise par sa longue tige -comestible-, sa texture et son goût unique, qui se rapproche de celui de l’asperge.  Pratique d’utilisation, il se consomme en entier -même la tige-, cru ou cuit, sous toutes ses formes et il revendique des vertus santé et nutritionnelles. Il est commercialisé emballé sous sachet. Sakata Vegetables Europe est le sélectionneur et le propriétaire de la variété et de la marque qui ont été déposées et protégées pour l’Europe.

Bimi en France : l’aventure commence pour Picvert

 

 

 

En France, les brocolis Bimi venaient jusqu’ici d’Espagne, du Royaume-Uni ou du Kenya. Ils proviendront désormais aussi du Nord de la France et du Portugal, produits par Picvert. Sakata Vegetables Europe vient en effet d’accorder à Picvert la licence exclusive pour la production et la mise en marché de Bimi en France sur le marché français. Sakata fournit les semences, une aide technique en production et « donne à Picvert des moyens concrets de communiquer pour faire connaître Bimi, par exemple par des animations en magasin », selon Jacques Deramecourt, directeur général de Picvert. Le partenariat est signé pour deux saisons renouvelable.

 

Spécialiste des jeunes pousses de salades et des mini-légumes, implanté en Picardie, Pivert est aussi producteur au Portugal (Jardim da Lagoa, au sud de Lisbonne) et en Espagne (Malaga). Picvert possède aussi la licence pour produire Bimi au Portugal -la mise en marché au Portugal est, elle, maîtrisée par un industriel de la IVe gamme. Les deux fermes, française et portugaise, sont labelisées Demain la Terre. « Nous pourrons communiquer sur le label si nous pensons que c’est pertinent », précise Jacques Deramecourt. Produire en Espagne n’est, actuellement, pas à l’ordre du jour.

 

 

 

Tout commence au Portugal. L’aventure Bimi a débuté pour Picvert il y a un an et demi, avec une culture test sur l’exploitation portugaise. « La culture avait été testée par un jeune chef de culture dynamique et en visite sur la ferme, j’avais trouvé cette production très appropriée, au moins pour le Portugal, relate Jacques Deramecourt. J’ai donc poussé pour développer la culture au Portugal, puis avec Sakata nous avons parlé du marché français où Bimi, après plusieurs tentatives infructueuses, était quasiment inexistant. »

 

 

 

Chacun sa saison : origine Portugal l’hiver, origine France l’été

 

 

 

Bimi peut être cultivé toute l’année au Portugal. Picvert le produit pour le marché portugais et désormais pour le marché français pour la saison d’hiver. « Nous avons commencé tout petit, 1 t/semaine environ, et nous allons développer en fonction de la demande et des marchés, détaille Jacques Deramecourt. Nous sommes actuellement à 4 t/semaine, dont 1 t/semaine qui seront destinées au marché français. » Ces premiers volumes portugais sont attendus en France courant décembre.

 

 

 

En France, la récolte se fait de mai à octobre, avec un test l’été dernier de 200 kg/semaine. « Nous sommes encore en réflexion pour la planification de l’été prochain, mais les volumes tourneront sûrement autour de 2 à 3 t/semaine », précise Jacques Deramecourt. Les volumes issus du test de cet été ont été vendus chez des grossistes clients de Picvert, qui les ont commercialisés vers primeurs et restaurateurs. « Les retours sont bons, le produit ne s’est pas éteint, au contraire ça continue. Il y a une réelle attente d’origine France. »

 

 

 

Bimi origine Portugal dès décembre en rayon, communication cet été

 

 

 

L’objectif à court terme pour Picvert est de maîtriser Bimi en production et de le proposer aux enseignes, en commençant par celles avec lesquelles il travaille déjà : Cora, Auchan, Intermarché, Système U. « Les discussions avec les centrales d’achat sont déjà lancées pour le Bimi portugais, elles sont informées et semblent réceptives, se réjouit Jacques Deramecourt. Nous attendrons l’origine France cet été pour réellement communiquer sur Bimi. »

 

 

Actuellement, le marché du Bimi en France est estimé de 50 à 100 t minimum (origine non France), commercialisées chez Carrefour, Monoprix, Métro, Intermarché, E.Leclerc, Auchan. « Avec Picvert, nous voulons développer ensemble le marché français en production mais aussi en positionnant Bimi chez les distributeurs, explique David Samuels. Des actions de communication et de marketing Bimi sont prévues, en BtC comme en BtB. Chez Bimi, une personne a été embauchée spécifiquement pour développer le marché français. Des actions avec les chefs, des nutritionnistes, des communications dans la presse et les réseaux sociaux, des actions en points de vente et des opérations promotion (bons de réduction, dégustations)… Tout est envisageable. »

 

 

 

Un partenariat gagnant-gagnant dans une tendance de consommation positive pour les crucifères

 

 

 

« Nous sommes très enthousiastes car les Français ont une passion pour l’alimentation et la cuisine, souligne David Samuels. C’est le tout début du voyage mais nous pensons qu’avec Picvert comme partenaire, Bimi peut rapidement prendre de l’essor en France. D’autant plus que selon l’institut allemand Statista, France devrait consommer 5,4 kg/habitant de légumes type choux en 2022. Nous savons donc qu'il y a un appétit des Français pour les crucifères, surtout lorsque l’on compare ce chiffre à la prévision pour l’Espagne, à seulement 1,1 kg/habitant. »

 

 

Et de poursuivre : « Picvert est un très bon partenaire, engagé, passionné à propos de Bimi, avec déjà de bons contacts avec la GMS française et le food service via Rungis. Ils sont spécialisés dans les jeunes pousses et les mini-légumes, et ont donc le savoir-faire et la technicité qui nécessitent à la culture de Bimi. »

 

 

 

L’intérêt pour un producteur comme Picvert de se lancer dans une variété club ? « C’est la garantie de ne pas faire n’importe quoi sur le marché, de ne pas avoir une surproduction avec un effondrement des prix, estime Jacques Deramecourt. Il faut savoir se parler, échanger pour un partenariat gagnant-gagnant. C’est comme dans un mariage : s’il y a dialogue et engagements respectés, ça ne peut que marcher ! »

 

 

 

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