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Scafruits Nord
Au cœur des achats des Mousquetaires

Dans le Nord, la Scafruits installée à Arras régente l’achat de près de 150 000 t de fruits et légumes. Plus important bureau d’achat du groupement, son responsable Dominique Petit nous explique le fonctionnement par le menu.

Les fruits et légumes chez Intermarché bénéficient d’une organisation hors pair. Dans la zone logistique d’Artois-Pôle d’Arras, le bureau d’achat de la Scafruits est le plus important en volumes d’affaires à l’échelle nationale. Chaque année, il contribue à l’achat de 149 000 t de fruits et légumes, majoritairement des légumes (98 % des volumes) « Ici, nous nous occupons de tous les produits du Benelux pour l’ensemble des 18 bases frais du groupement,comptabilise Dominique Petit, le responsable du bureau d’achat. Et forcément, nous sommes organisés pour gérer les produits de la région » [N.D.L.R. : une région imposante puisqu’elle s’étend au Sud jusqu’au Val-de-Loire, à l’Est, en passant par la Bretagne et la Normandie]. Le bureau de la Scafruits est implanté au premier étage de la base logistique des transports Guidez. « Cette installation s’est faite naturellement, nous travaillons avec ce transporteur depuis longtemps. C’est un de nos partenaires logistiques important au niveau national. » Dans les locaux, huit personnes sont chargées chaque jour de connaître au mieux l’état du marché. Chacun ayant sa spécialité. Nathalie par exemple est responsable du marché de la tomate, qu’elle soit importée ou bretonne. « Nous avons regroupé des produits nationaux par bureau. Ici, nous avons donc récupéré la pomme de terre, l’endive, le chou-fleur et le bio. Après, ce sont les produits régionaux, la tomate du Nord de la Loire c’est nous, alors que celles du Sud-Est et du Sud-Ouest c’est le bureau de Plan d’Orgon. »

Chaque matin, les bases frais appellent l’ensemble des magasins qu’elles sont susceptibles de livrer dans la journée. Elles leur vendent alors ce qu’elles ont reçu le matin et en fonction des tendances et des demandes des responsables des points de vente, elles font leurs commandes auprès des bureaux d’achat. Leur réapprovisionnement s’effectue à hauteur de 95 % auprès des bureaux, les 5 % restants étant achetés auprès de grossistes ou producteurs avoisinants. En clair, le bureau d’achat négocie au mieux les prix en fonction des demandes des bases et du marché quotidien et c’est ensuite aux bases de référencer les fournisseurs et de traiter l’achat. L’équipe de Dominique Petit a donc pour mission de négocier au plus près des souhaits des plates-formes et à proposer ainsi le meilleur prix.

Les magasins n’ont pas d’obligation d’achat à la Scafruits

Pour autant, les magasins Intermarché n’ont pas obligation d’acheter à leur base. « Nous sommes des commerçants indépendants, explique François Tillol, propriétaire d’un magasin Intermarché de la région. Donc nous avons la possibilité de nous fournir ailleurs. On estime le taux de fidélité des magasins à leur base à près de 72 % en moyenne. On essaye tous d’avoir de petits maraîchers et des productions venant de notre région. Ici, dans le Nord, seuls 20 % des commerçants du groupement se fournissent à 100 % auprès de la Scafruits. » Quant au travail de la Scafruits, il temporise : « Nous sommes livrés dans la nuit et si nous avons besoin d’un réassort dans la journée, nous faisons appel à un fournisseur local. » En effet, depuis l’an dernier, Intermarché a réduit le nombre de desserte au départ des bases frais pour limiter les coûts logistiques. Ce qui entraîne quelques grincements de dents dans l’organisation du groupement. Malgré cela, François Tillol martèle, « nous sommes contents du rapport qualité/prix qui nous est proposé par le bureau d’achat car cela nous permet d’avoir la double casquette franchisé/franchiseur ! » Quant au paiement du service base frais, “la redevance” est calculée sur le chiffre d’affaires réalisé par le magasin.

Le bureau fixe les prix et les plates-formes logistiques prennent l’information quotidienne. « Nous avons les cours du jour sur un marché et un volume précis, nous leur donnons cette information. Si la base trouve le produit équivalent ailleurs, libre à elle de l’acheter où bon lui semble,explique Dominique Petit. Nous sommes donc force de proposition et source de conseil pour acheter au mieux. » En parallèle, la base peut recevoir une offre d’un grossiste ce qui peut remettre en cause les prix donnés par les bureaux. « Cela nous permet de nous remettre en question en permanence pour offrir le meilleur prix durant tout le déroulement d’une campagne. » Dans le cas précis de la tomate, tous les matins, Nathalie appelle quatre entrepôts pour connaître leurs besoins. Elle s’informe ensuite auprès des fournisseurs et des producteurs pour savoir l’état du marché et surtout le prix proposé pour la quantité demandée. Une fois les quantités connues, les acheteurs de la Scafruits vont demander à leurs expéditeurs de négocier les prix, c’est notamment le cas en pleine campagne tomate en France. « Au cadran breton, les expéditeurs avec lesquels nous travaillons vont négocier pour la Scafruits. » Evidemment dans ce cas, le bureau d’Arras va travailler en étroite collaboration avec le bureau de Plan d’Orgon pour avoir une image réelle du marché de la tomate à l’échelle nationale. « On s’appelle presque vingt fois par jour pour coller au mieux à la réalité du marché », ajoute Nathalie. Une fois les prix connus, le bureau envoie à chacune des dix-huit bases du groupement une synthèse récapitulant toutes les offres en fonction des fournisseurs. Ce sera alors à la base de décider. « Notre travail c’est donc une complémentarité dans le réseau des achats du groupement plutôt qu’une compétition. » Dans les mêmes bureaux, trois personnes travaillent aussi à la gestion logistique des envois : en particulier les camions de pommes de terre, les ramassages des fruits et légumes et le groupage des demandes pour une optimisation du transport. « C’est à eux de trouver le camion au départ de toute la France en particulier pour la pomme de terre ! » En plus du premier étage, Scafruits partage avec les transports Guidez un entrepôt qui permet de gérer les productions en provenance du Benelux. « Il transite ici chaque jour près de 500 palettes de f&l à destination de toutes les bases. On utilise une partie de l’entrepôt aussi pour les produits arrivant par bateau d’Anvers, ce qui permet de gérer les stocks de manière tampon pour le bureau d’achat de fruits et légumes importés de Bondoufle. »

La pomme de terre, produit phare à Arras

Pour la pomme de terre, les conditions d’achat sont spéciales. « Nous faisons un appel de prix une fois tous les quinze jours. Avant, nous avions des fournisseurs référencés sur l’année avec des contrats, mais nous nous sommes rendu compte que cela ne tenait pas avec les fluctuations de marché. Le problème c’est qu’il y avait toujours un perdant dans l’histoire, et ce, même si cela a stabilisé les marchés pendant un temps. Aussi, on a arrêté l’achat à l’année pour reprendre l’achat à la quinzaine. On était en effet déphasé par rapport au marché et des grossistes faisaient des offres bien plus intéressantes aux points de vente. Maintenant, le problème qui se pose, c’est le fait que certains fournisseurs contractualisés à l’achat nous disent qu’ils ne peuvent plus rester en dehors du marché. En revanche en Bintje ou encore pour la gamme Top Budget, c’est différent. Nous avons contractualisé sur l’année en pomme de terre lavée prix moyen. Il s’agit d’un engagement sur un volume et un prix. » Au total, le bureau de la Scafruits d’Arras, spécialisé en pomme de terre achète l’équivalent de 100 000 t de pommes de terre à l’année, y compris les primeurs qu’elles soient importées ou françaises (15 000 t).

Cette année, le groupement des Mousquetaires a décidé de mettre l’accent sur la gamme de fruits et légumes préemballées 1 er prix : Top Budget. Certaines références existent déjà depuis trois ans, cette année, il s’agit d’adapter la politique commerciale du groupement à la conjoncture. « En inscrivant le prix directement sur l’emballage, c’est une façon de déclarer que chez nous les prix ne bougent pas ! », précise François Tillol. Plus clairement sur le terrain, les Mousquetaires travaillent sur un prix fixé à la semaine et c’est ici qu’en pomme de terre la contractualisation simplifie le travail. « Avant, nos 1 ers prix étaient plus discrets. Ce que l’on veut avec la démarche de discount utile, c’est regagner notre place de discounteur. En mettant en avant nos gammes Top Budget, on a voulu montrer que le 1er prix chez nous était moins cher que le hard discount. » En parallèle, les Mousquetaires renforcent leur offre bio. « On a aujourd’hui une offre de dix produits bio à marque sélection Mousquetaires. Depuis six à sept mois, on note des progressions de ventes de 200 %. Aussi, nous voulons rendre accessibles ces produits. Ce que je déplore c’est que 80 % des produits bio que l’on achète viennent de l’étranger, souligne Dominique Petit. Cela n’a pas de sens si l’on s’inquiète de la planète, cela n’est pas cohérent. » Quant à la massification du transport, « ce n’est pas nouveau chez les Mousquetaires, s’impatiente François Tillol. L’an dernier, on avait l’impression de redécouvrir quelque chose ! Mais il y a cinq ans, c’était déjà le cœur de notre mission logistique. Nous avons été les premiers à inventer les semis à deux ponts, à l’époque c’était de l’économie aujourd’hui on maquille cela en disant qu’il s’agit de protection environnementale… Rappelons tout de même que ce qui préside à la consommation, c’est avant tout le prix. »

Un objectif à Bruay-la-Buissière, travailler en flux tendu

Cette massification du transport, renforcée l’an passé, a eu quelques répercussions sur l’organisation. En effet, du fait d’un manque de réassort possible auprès des plates-formes frais, les magasins se sont tournés davantage vers les apporteurs extérieurs. Dans le Nord, à la Scafruits de Bruay-la-Bussière, ce sont quelque 132 Intermarché, 15 Eco et 18 Netto qui sont livrés par ses soins. A la télévente, la commande est saisie, ce qui édite un bordereau dans l’entrepôt. « Nous travaillons en flux tendu, avec un stock réduit à une journée, une journée et demi. L’objectif étant de ne jamais travailler au-delà de deux jours de stock », explique Eric Barbieux, l’acheteur f&l de la base. Sur chaque bordereau, est noté le prix de cession, c’est-à-dire le prix facturé au magasin, accompagné d’un prix public conseillé. En fin de journée, une fois les commandes préparées, il reste environ 30 % de stock dans l’entrepôt. A Lambersart, dans la banlieue de Lille, le magasin Intermarché, rénové il y a peu sous le concept Mag 3, présentait l’offre fruits et légumes Top Budget. Son directeur, Jean-Philippe Vanengelandt énumère : « En termes d’offre de proximité, nous travaillons avec un maraîcher local, le reste (80 % des volumes) provient de la Scafruits. Lorsqu’on a refait le magasin l’an dernier, on a changé la présentation en remplaçant les fruits et légumes à l’entrée par de la marchandise générale. Aussi, les ventes de f&l ont peiné, car cela changeait le sens de circulation. » Ici, le rayon f&l s’étale sur 300 m 2. « Nous recevons en moyenne quatre palettes par jour sans compter le réassort. »En clair, Intermarché repense l’ensemble de son offre f&l et souhaite reprendre sa place de discounteur au cœur des villes. Après l’optimisation de la logistique et la sortie du tout nouveau slogan “Discount utile”, les évolutions de vente restent pour l’heure quelque peu floues…

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