En pleine crise, la pépinière viticole française cultive la résilience et adopte son Plan de durabilité
Sept enjeux mais une seule ambition : celle de se réinventer. La Fédération française de la pépinière viticole prend le taureau par les cornes pour assurer la survie de sa filière.
La noirceur des chiffres n’a pas entamé le moral des participants de l’assemblée générale du 22e congrès de la fédération française de la pépinière viticole (FFPV), qui s’est tenue le 23 octobre à Lourmarin, dans le Vaucluse. Les pépiniéristes le savent, leur profession est en danger. Mais plutôt que de subir la crise, la FFPV s’est relevé les manches et a élaboré un Plan de durabilité de la pépinière viticole, qu’elle a présenté lors du congrès. « Un projet ambitieux, pragmatique et fédérateur, que chacun doit s’approprier », a commenté Christophe Raucaz, président de la fédération nationale. Sept enjeux ont été identifiés, allant des aspects techniques jusqu’aux pratiques commerciales. Il s’agit, par exemple, d’améliorer le taux de réussite en pépinière face à une productivité mise à mal par le dérèglement climatique. « Une synthèse des données scientifiques nous permettra d’y voir plus clair sur les pratiques gagnantes », illustre le président. Il cite aussi la création d’un référentiel des coûts de production, afin de les maîtriser. « Certains ne s’en inquiètent pas, mais quand ils voient la réalité des chiffres ça les fait réagir ! », poursuit le pépiniériste savoyard. Une sensibilisation sera faite également sur l’établissement d’un bon de commande en bonne et due forme et de conditions générales de vente davantage professionnelles. Enfin, un axe du plan passe par la valorisation de la profession.
La filière vigilante face au projet de nouvel arrêté flavescence dorée
En parallèle, la FFPV va continuer à se battre auprès des pouvoirs publics sur les dossiers pesant sur la pépinière française. Et les combats sont nombreux. « Nous souhaitons que le règlement de la prime à la restructuration aux viticulteurs se fasse sur facture acquittée aux pépiniéristes, lance Giovanni Varelli, président de la marque Vitipep’s. Nos trésoreries sont trop tendues pour que nous fassions la banque le temps que les vignerons touchent l’argent de la prime. » D’un point de vue sanitaire, les pépiniéristes appellent à un plan de surveillance à l’importation (aucun contrôle n’existe pour le matériel végétal arrivant de l’étranger), ainsi qu’à une reconnaissance des prospections volontaires contre la flavescence dorée. Le nouvel arrêté est d’ailleurs en phase d’écriture. « Les premiers éléments que nous avons vus laissent entrevoir des contraintes très lourdes qui pourraient mettre en difficulté notre profession déjà fragilisée », s’inquiète Christophe Raucaz.