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En Ille-et-Vilaine, 35 éleveurs laitiers se lancent dans la création d'une fruitière

Pour mutualiser les contraintes que sont les investissements et le travail supplémentaire liés à la transformation du lait, 35 éleveurs d’Ille-et-Vilaine se lancent ensemble dans la transformation sous la marque « Ribines pour se retrouver ».

Les rayons ultrafrais des commerces d’Ille-et-Vilaine se sont enrichis d’une nouvelle gamme de sept yaourts et crèmes desserts. Appelée Ribines, en référence aux petits chemins de terre qui relient les parcelles, cette gamme est portée par un collectif de 35 éleveurs. Par leur expérience commune en groupe technique, ces éleveurs ont beaucoup travaillé sur la maÎtrise des charges. « Nous avons progressé sur cet aspect, mais pour autant nous avions toujours l’impression que la valeur ajoutée de notre lait nous échappait », retrace Cédric Étienne, installé à Baguer-Pican. En 2016, la baisse du prix du lait agit comme un déclencheur. « Nous nous sommes dit que c’était à nous de redonner de la valeur à notre lait par sa transformation», se souvient Pascal Glémot, de Trans-la-Forêt. Un groupe de 35 éleveurs se fédère alors autour de ce projet.

Le but partagé, encore fallait-il trouver comment. Conscients de la charge de travail et des investissements nécessaires, convaincus de la force du collectif, ils décident de se lancer ensemble dans la transformation. Une association, « une mouche dans le lait », est créée fin 2017. Sa première mission est d’explorer les différentes possibilités de transformation. « Le lait liquide est un marché très concurrencé, la consommation baisse, explique Pascal Glémot. Ce n’est pas là que nous pouvions espérer suffisamment de valorisation. » L’idée germe d’une gamme de yaourts et crèmes desserts « au lait entier, non homogénéisé, pour valoriser toutes les composantes du lait, souligne Nelly Aubry, agricultrice à Saint-Armel. Avec ces produits de qualité supérieure, nous pouvions espérer une meilleure valorisation au litre de lait. » Le collectif vise de dépasser les 400 euros aux 1 000 litres.

Créer ensemble notre outil de transformation

L’idée née, il faut structurer la transformation et la commercialisation. Les 35 éleveurs constituent une SAS en 2019 et investissent chacun 10 000 euros. Ils sont aidés par 50 000 euros de subventions (conseils départemental et général). Une marque « Ribines pour se retrouver » est déposée. Le collectif concocte ses recettes et élabore un cahier des charges (sans OGM, 150 jours minimum de pâturage, démarche bas carbone) qui respecte la diversité des fermes, dans leur taille et méthodes de production.

En septembre 2020, la commercialisation débute dans des supermarchés et des commerces de proximité d’Ille-et-Vilaine. Si la crise sanitaire a compliqué le lancement, rendant impossible les dégustations en magasins, elle a aussi ramené les consommateurs vers des achats plus locaux. « Nous avons des retours encourageants des consommateurs », apprécient les éleveurs. Leur objectif est de transformer 15 à 20 % du volume produit par l'ensemble des éleveurs, le reste étant toujours collecté par la laiterie habituelle de chaque exploitation. « Nous avons présenté notre projet à nos laiteries, qu’elles soient privées ou coopératives. »

Pour l’instant, la transformation est faite par un salarié dans les locaux du Centre d’expérimentation et de technologie alimentaire, au lycée Saint-Exupéry de Rennes. « Dans la phase de lancement, pouvoir louer des locaux techniques était plus simple, explique Raphaël Colleu, de Bourgbarré. Mais nous sommes limités en volume. » Le collectif travaille à la création de son propre outil. Pour garder l’idée de transformation collective, cet outil prendra la dénomination de fruitière.

« On ne s’interdit rien »

C’est en avançant que le collectif fait évoluer son projet. À ce jour, la gamme comprend 7 yaourts et crèmes desserts. Pour arriver à l’objectif de transformer de 15 à 20 % du volume produit par les 35 adhérents, il faudra élargir la gamme ou la commercialiser sur une zone plus vaste. « L’agilité fait partie de notre façon de raisonner, souligne Nelly Aubry. Notre fonctionnement est souple pour adapter notre transformation aux débouchés, aux retours que nous avons sur nos produits. »

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