De la gestation à la lactation : comment sécuriser la transition chez les chèvres laitières ?
La période de transition, qui commence en fin de gestation et se poursuit après la mise bas, est l’une des phases les plus sensibles du cycle de production. Bien gérée, elle permet à la chèvre de démarrer sa lactation dans de bonnes conditions. Mal gérée, elle peut entraîner des maladies, des pertes de production, voire des mortalités.
La période de transition, qui commence en fin de gestation et se poursuit après la mise bas, est l’une des phases les plus sensibles du cycle de production. Bien gérée, elle permet à la chèvre de démarrer sa lactation dans de bonnes conditions. Mal gérée, elle peut entraîner des maladies, des pertes de production, voire des mortalités.


À l’approche de la mise bas, les besoins énergétiques sont démultipliés. « Pour une chèvre gestante qui attend deux chevreaux, les exigences peuvent atteindre jusqu’à 180 % des besoins d’entretien, et jusqu’à 240 % pour des portées plus nombreuses », explique Marjon Verbogt, vétérinaire nutritionniste néerlandaise spécialisée en petits ruminants, lors d’une intervention à Lille au siège de la filiale Phileo de Lesaffre.
Or, l’ingestion est souvent en baisse en fin de gestation, accentuant le risque de balance énergétique négative. Celle-ci induit une mobilisation des réserves de graisses corporelles (lipolyse), libérant des acides gras qui, en excès, peuvent s’accumuler dans le foie, conduisant à des états de stéatose hépatique ou de cétose.
Hypocalcémie et complications post-partum
L’hypocalcémie, c’est-à-dire le manque de calcium, est aussi fréquemment à l’origine de problèmes à l’approche des mises bas. Ce déficit peut compromettre les contractions utérines, favorisant la rétention placentaire et les métrites post-partum. Le plus souvent, la mort de la chèvre survient rapidement, dans les 24 heures, par endotoxémie. Pour prévenir ces troubles, un apport stratégique en calcium (carbonate de calcium), associé à des vitamines D, du magnésium et du potassium, est recommandé dès les premiers signes de mise bas.
Bien alimenter en fin de gestation
La clé d’une transition réussie réside dans une ingestion suffisante de matière sèche, idéalement autour de 3 kilos par jour. Pour y parvenir, la ration doit être appétente, avec des fourrages secs à 35-45 % de matières sèches, riches en sucres solubles et en acides lactiques, afin de stimuler efficacement la consommation.
Il est préférable d’éviter les rations trop riches en protéines, pour ne pas avoir de trop gros chevreaux, et de privilégier des aliments à haute densité énergétique. Les additifs comme la choline sont utiles pour libérer le foie des acides gras, les vitamines A et E pour la qualité du colostrum et renforcer l’immunité, et encore les levures pour la santé ruminale sont fortement recommandés.
La gestion du troupeau est à considérer dans sa globalité : échographier puis faire des groupes selon le nombre de chevreaux attendus, éviter les changements de lots à moins de six semaines du terme en fin de gestation, ainsi qu’assurer un accès facile à l’eau et à une ration adaptée sont primordiaux.
Des levures pour un microbiote sain

Pour Éric Pinloche, responsable R&D à Phileo by Lesaffre, un rumen performant repose avant tout sur un bon équilibre microbiologique. « Un pH stable, autour de 6,5, constitue la condition idéale pour permettre aux micro-organismes de digérer efficacement les aliments et de convertir l’énergie au profit de l’animal », détaille le microbiologiste. « Les levures, comme ActiSaf, jouent un rôle clé dans ce maintien de l’équilibre en agissant comme un tampon : elles limitent les variations de pH et réduisent ainsi le risque d’acidose. » D’autres solutions, comme SafMannan, soutiennent la santé digestion en réduisant la pression des pathogènes dans l’intestin, et renforcent les défenses naturelles via une modulation de la réponse immunitaire. Cela se traduit par un meilleur état sanitaire général, notamment avec une baisse du taux de cellules somatiques. « Ces effets combinés se traduisent directement par une amélioration de la production laitière, à la fois en volume et en qualité », conclut le chercheur.