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Ce producteur de cerises a restructuré son verger pour gagner de la lumière

René Reynard, producteur de cerises dans le Vaucluse, a divisé la hauteur de son verger de cerisiers par deux pour poser des filets anti-mouche. Une restructuration drastique qui présente aussi l’avantage de redonner de la lumière au bas des arbres.

La filière cerise veut redonner de l’espoir à ses producteurs et « démontrer que tout est possible ! ». La pose de filets anti-mouche, seule solution à ce jour réellement efficace contre Drosophila suzukii, nécessite parfois de revoir la structure de son verger. René Reynard de l’EARL « Le pied marin », à Mazan (Vaucluse), a présenté en décembre dernier sa démarche lors d’une visite organisée par les AOP « Cerises de France » et « Raisin de table », et le GIEE « Ventoux durable ». « Je vous conseille de passer par une entreprise pour l’élagage, puis de partir : si vous restez, vous allez prendre peur ! Dans tous les cas, vous aurez du bois pour l’hiver », entame René Reynard.

Il faut dire que le chantier est… de taille ! Depuis 2018, son verger a entièrement été retravaillé et sa hauteur réduite par deux, passant de 7 m à 3 m en trois ans. Concrètement, la première année, les travaux ont été latéraux, avec passage du lamier sur les côtés du rang. La 2e année, la hauteur a été rabattue une première fois, de 1,50 à 2 m. Idem l’année suivante. Ainsi, sans être véritablement piéton, le verger a néanmoins vu sa hauteur divisée par deux, facilitant ainsi le travail des opérateurs « et rassurant la MSA », notait avec humour le producteur. Durant deux ans, le lamier a été passé fin juin-début juillet, « afin de maîtriser la repousse en été et de conserver le bourgeon terminal. Après deux années de rabattage, le verger est actuellement en reformation. Et la 2e année, la récolte s’est réduite à peau de chagrin ».

En parallèle de son abaissement, un filet périphérique anti-mouche a été installé, et une structure mono-rang installée, avec des poteaux transversaux posés en quinconce espacés de 3 m. « Attention : ce n’est pas en mettant des filets que l’on ne traitera plus. Les intrants permettent de produire. De fait, nous passons toujours le pulvérisateur et il faut contrôler la présence de ravageurs dans le verger : nous avons d’ailleurs trouvé des foyers de punaise diabolique l’an dernier, à la jonction des filets et des poteaux. Contrôlez donc bien ce qui se passe dans vos vergers ! », alerte l’arboriculteur. Outre la protection contre la mouche, les filets ont également un effet déperlant, même si aucune bâche anti-pluie n’a été installée, ainsi qu’un effet contre le vent.

Plus de surface éclairée

Pour Bruno Bourrié, conseiller arboricole qui a suivi le chantier, le principal impact concerne la surface éclairée des arbres. « En baissant la hauteur des arbres et leur largeur, on a nettement gagné en surface éclairée, en particulier sur le bas des arbres. Le fait d’éclaircir a augmenté la capacité des bourgeons à se mettre à fruit. Ainsi, même en divisant par deux le volume des arbres en deux ans, on constate que la production est identique, aux alentours de 22 à 23 tonnes par hectare, avec de jolis fruits de calibre 32-34 mm. Certes, on manque encore de recul quant à la déstabilisation physiologique du végétal par ces tailles successives mais, pour l’instant, la production tient grâce aux bourgeons terminaux qui, hier, étaient inactifs, car ils ne recevaient pas la lumière, et qui, aujourd’hui, sont productifs. Après, attention à conserver quand même un ratio « fruits – feuilles » suffisant, que j’évalue personnellement à une cerise pour cinq feuilles. »

Ainsi, l’élagage permet d’augmenter la capacité de la plante à piéger la lumière. Autre effet, le verger s’enherbe également plus. « Pour moi, le filet ne se discute plus », résume tout simplement le technicien : « En plus de protéger contre les mouches, la restructuration des vergers qu’entraînent les filets permet de capter de la lumière dans des proportions intéressantes, entraînant un effet physiologique notable des arbres, avec un éclairement du bas des arbres supérieurs qui permet une remise à fruit de bourgeons inactifs. »

« Le problème des auxines n’est pas tranché »

Quant au positionnement de l’intervention du lamier, la période fin juin–début juillet semble en effet être moins traumatisante qu’une intervention plus tardive, en août ou septembre. Seule interrogation pour l’expert : « Le problème des auxines n’est pas tranché ». Le fait de produire un stress déstabilise les équilibres entre auxine, acide abscissique et éthylène. « La taille induit un stress important qui entraîne la surproduction d’éthylène, ce qui a pour effet d’engendrer un éclaircissage spontané ». Le phénomène n’a toutefois pas été observé jusqu’ici dans le verger.

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