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Impacts de la grippe aviaire : « Heureusement, les clients nous sont restés fidèles »

Travaillant en vente directe, l’EARL de la Touche d’Ombrée d’Anjou (49) a été successivement impactée en 2022 par un dépeuplement préventif, un foyer de grippe aviaire et un blocage de mises en place, mais elle se réjouit d’avoir pu conserver sa clientèle.

Yannick Gohier est producteur et transformateur en vente directe dans le Maine-et-Loire. « On vit au jour le jour depuis six mois... C’est difficile de se projeter mais on ...
Yannick Gohier est producteur et transformateur en vente directe dans le Maine-et-Loire. « On vit au jour le jour depuis six mois... C’est difficile de se projeter mais on garde espoir.»
© P. Le Douarin

En rythme de croisière, les trois associés de la Ferme auberge de la Touche produisent 20 000 volailles par an (dont 40 % de canards) qu’ils transforment et vendent sur les marchés et à la ferme. De quoi les occuper ainsi que leurs trois salariés. Yannick Gohier (1) relate un quotidien bouleversé par la grippe aviaire depuis plus d’un an.

« En avril 2022, nos 1400 canards de chair ont été dépeuplés à titre préventif, mais pas les poulets. Nous avons pu en valoriser la moitié et il a fallu s’organiser pour traiter en une seule fois ce qu’on faisait sur plusieurs semaines. Nous avons redémarré des poulets et des canards en juin, mais ceux-ci ont été contaminés le 20 septembre alors que tout était bien reparti sur les marchés Nous étions le premier foyer de la seconde vague survenue en Maine-et-Loire. Probablement à cause des buses qui sont un fléau ici.

Nos 7500 volailles présentes ont été euthanasiées, notamment nos volailles festives. Après, ça a été le grand plongeon dans le silence et le vide. On a passé six semaines à tout démonter et nettoyer de fond en comble, jusqu’à un atelier proche d’un bâtiment qui est passé à la désinfection. On a remis en place début décembre avec des poussins et des canards démarrés ailleurs, mais on est repassés en ZR avec un blocage des mises en place de janvier à mars 2023. Soit deux lots de canards et un de poussins en moins. »

 

 
Yannick Gohier est producteur et transformateur en vente directe dans le Maine-et-Loire. « On vit au jour le jour depuis six mois... C’est difficile de se projeter mais on ...
Yannick Gohier est producteur et transformateur en vente directe dans le Maine-et-Loire. « On vit au jour le jour depuis six mois... C’est difficile de se projeter mais on garde espoir.» © P. Le Douarin

 

Réconfortés par les clients

« Au niveau commercial, à partir d’avril 2022 nous avons continué les marchés tous les quinze jours, comme on a pu et avec moins de marchandise. Pour la première fois, nous avons été en rupture de produits transformés. Puis, après le foyer on a tout arrêté jusqu’à fin janvier. D’ordinaire, la fin d’année représente 30 % de notre chiffre annuel. Là, rien. Ce qui nous a fait chaud au cœur ce sont les messages de sympathie des clients. L’un d’eux m’a dit qu’il n’avait pas mangé de poulet pendant quatre mois. On a aussi été soutenus par la DDPP qui a été très empathique, ainsi que la MSA.

Notre trésorerie est bien abîmée et nous avons tapé dans nos réserves. La VMO (2) du dépeuplement, a été correcte et versée en une fois (inférieure à 5 000 euros). Pour celle du foyer, on a touché 75 % en octobre et on attendait encore les 14 000 euros du solde mi-avril.

Concernant les indemnisations économiques, on a reçu 39 000 euros d’avance pour la période avril-juin, mais pas le solde. Heureusement que nous n’avons qu’un seul statut juridique, ce qui permet de toucher l’intégralité. Pour les indemnisations d’après septembre, on ne sait rien. Donc, on vit au jour le jour depuis six mois. On a baissé nos prélèvements privés pour continuer à payer les emprunts et les cotisations MSA. On a eu recours à un peu de chômage partiel pour les trois salariés. Depuis janvier, l’un d’eux est parti et je le remplace sur l’élevage. Ce n’est pas possible d’embaucher en ce moment. On a aussi emprunté 50 000 euros en court terme. C’est difficile de se projeter, mais on garde espoir. La vaccination en est un, mais j’ai calculé que la surveillance vaccinale nous coûterait 20 000 euros par an. Ce n’est à nous de la supporter entièrement. On travaille pour nourrir les gens, mais on ne veut pas supporter une charge liée à la prévention de la santé publique. »

(1) Les autres associés sont Noëlle Monnier et Annie Bouchereau.
(2) Valeur marchande objective, forfait de remboursement de la valeur commerciale au moment de l’euthanasie ou de l’abattage.
 

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