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Canicule et sécheresse, quels risques pour vos cultures ? Réponse avec l'outil gratuit de cartographie de Serge Zaka

En avril, le médiatique docteur en agro climatologie avait annoncé sur les réseaux le lancement de cet outil gratuit, indépendant et ouvert à tous, créé et fonctionnant sur ses fonds propres. Un Tipee est disponible pour soutenir les frais de serveurs. Rencontre avec Serge Zaka qui nous explique le fonctionnement, les possibilités et les limites de son outil agroclimatologie.com, très utile dans cette période actuelle de canicule et sécheresse.

[Initialement publié le 8 avril 2025, mis à jour le 1er juillet 2025]

Alors que la France subit une canicule exceptionnelle en cette fin juin-début juillet et que la sécheresse est à nouveau à l'ordre du jour, l'outil de cartographie AgroClimat2050 de Serge Zaka peut se révéler d'une aide précieuse. Il dispose notamment d'un outil de détection précoce des pertes agricoles

Ce que permet l'outil :

1) Evaluer l'intensité et la durée du risque.
2) Estimer les conséquences sur le bien-être animal et économiques (perte de production de lait, baisse du niveau de ponte, ralentissement de la croissance etc.).
3) Mettre en place des solutions adéquates sur le terrain pour limiter la vulnérabilité (parcelles ombrées, évolution de la ration alimentaire, brumisateurs, ventilateurs etc.

Lire aussi : Canicule de juin 2025 et impacts agricoles potentiels : une revue complète de Serge Zaka sur LinkedIn

Serge Zaka, docteur en agroclimatologie et président d’AgroClimat2050, avait lancé  son service cartographique agroclimatique en avril dernier, avec le retour du risque de gel sur fruitiers et sur vigne. Nous l'avions rencontré pour qu'il nous présente cet outil gratuit et ouvert à tous et qui permet de visualiser les données de température et les risques de gel pour les cultures fruitières et vignes -et donc les risques de pertes de rendement- avec une prévision de 2 à 5 jours et une précision de 1,3 km2 (pour la France) et de 5 à 12 km2 (pour l’ensemble de l’Europe).

Depuis, l'outil a été mis à jour et intègre : le développement des maladies (mildiou de la vigne, oïdium du blé, trois races de pucerons du blé, doryphore de la pomme de terre), la vitesse de croissance de 32 espèces végétales (grandes cultures, maraîchage, prairies) en conditions irriguées, le stress thermique chez les animaux d’élevage (bien-être thermique) ainsi que les pertes journalières de production laitières, etc.

 

A relire : Changement climatique : pour Serge Zaka, « il faut sortir de la stratégie de pansement avec une vraie diversification fruitière »

 

Comment fonctionne l’outil de Serge Zaka ?

  1. Il suffit de se rendre sur le site https://agroclimatologie.com/ ;
  2. Sélectionner la région administrative française ;
  3. Sélectionner le modèle : ARPEGE (moins précis, mais valable pour toute l’Europe et une prévision jusqu’à 5 jours) ou AROME (grande précision, sur le territoire français mais avec une prévision à deux jours) ;
  4. Choisir l’espèce fruitière (sont disponibles à date : abricotier, amandier, kiwi, poirier, et vigne pour la viticulture ) et le stade phénologique.
  5. Affiner les résultats avec la variation de température à la parcelle : l’agriculture connaît sa parcelle et les spécificités de son terroir ; il sait qu’il fera sur sa parcelle une température plus ou moins différente que celle annoncée par ARPEGE ou AROME. L’outil lui permet donc d’affiner de -5°C à +5°C la température de sa parcelle par rapport au modèle choisi. 

Les résultats sortent sous la forme d’une carte, que l’on peut zoomer, présentant des pixels plus ou moins rouges pour symboliser le pourcentage de pertes dues au gel.

cartographie auvergne rhône alpes risque de gel sur abricot
Exemple ici avec un abricotier au stade chute des pétales pour simuler les pertes prévues demain matin, avec un offset de -2°C correspondant à l’écart constaté ce matin sur le modèle météo AROME. © Serge Zaka - AgroClimat2050

 

A quoi servira cet outil ? Anticiper pour protéger

Cette prévision aidera l’agriculture à s’organiser pour protéger ses cultures : mobilisation de la main d’œuvre, stocks de bougies, surveillance des matériels….

Serge Zaka voit son outil comme un service de vigilance français pour les écosystèmes, à la manière de MétéoFrance avec ses alertes oranges ou vents forts. « A ma connaissance, aucun outil de ce type n’existe en Europe ni même dans le monde, nous explique le médiatique agrométéorologue, au téléphone le 8 avril. Pourtant, c’est un outil indispensable pour permettre aux agriculteurs et éleveurs de se préparer à un événement météo au niveau de leurs parcelles. Depuis deux jours que j’ai rendu l’outil public, le succès sur les réseaux montre qu’il y a un vrai besoin ».

« Un agriculteur averti est un agriculteur mieux protégé »

« Un agriculteur qui anticipe est un agriculteur qui va être plus préparé. La prévention -avec l’agrométéorologie- est le premier échelon de l’adaptation au changement climatique », estime celui qui a pris l’habitude de communiquer sur les réseaux sociaux sur les risques de perte de rendement et qui s’était d’ailleurs fait connaître en alertant le premier sur le gel de 2021 (« la plus grande catastrophe agricole des dernières années, 2 milliards d’euros de pertes de rendement »).

 

Puis-je me créer un compte et générer des alertes automatiques ?

Non. L’outil s’utilise gratuitement, sans avoir à créer de compte, conformément à la philosophie de Serge Zaka. La réglementation RGPD viendrait en outre compliquer les choses. 

« Un service ouvert, pour tout le monde, sans compte »

Il faudra donc se connecter régulièrement au site internet et remplir à nouveau tous les paramètres. « Mais à terme on aimerait pouvoir rendre possible le fait de renseigner le nom de sa ville et d’obtenir toutes les informations en une seule carte », confie Serge Zaka.

 

Combien ça me coûterait d’utiliser cet outil, en tant qu’agriculteur ?

Rien. Serge Zaka l’affirme et le redit : il vaut que cet outil soit et reste gratuit, ouvert à tous (agriculteurs comme particuliers jardiniers du dimanche) sans compte et indépendant.

Un Tipee pour rémunérer les prestataires et les serveurs

Serge Zaka l’a développé, depuis un an, sur ses fonds propres. Il s’agit tout de même d’une somme de 28 000 € : le coût des frais de serveurs, le temps personnel du docteur en agroclimatologie et la rémunération de deux indépendants travaillant aussi sur l’outil : le développeur web Gérard Zaka (son frère) et le spécialiste en cartographie météo Jérôme Drouin.

Serge Zaka a donc ouvert un Tipee à ce sujet, l’urgence étant d’élargir les serveurs (le site est déjà en saturation), à retrouver sur ce lien.

Appel à un mécénat par les grandes structures privées et publiques : « On ne fait pas payer la souveraineté alimentaire »

Serge Zaka invite également assurances, banques, coopératives et AOP, ministère, Météo France à devenir partenaires-mécènes du projet, rappelant que toute perte de rendement évitée c’est une enveloppe de moins à verser aux agriculteurs

L’outil restera néanmoins toujours indépendant et gratuit. « Des pertes de rendement, c’est la souveraineté alimentaire, or on ne fait pas payer la souveraineté alimentaire », affirme-t-il.

Serge Zaka peut-être contacté par mail ou via son LinkedIn.

« On ne fait pas payer la souveraineté alimentaire »

 

Sur quel modèle et quelles données repose cet outil ?

L’outil s’appuie sur les données de Météo France, qui sont publiques et gratuites, sur lesquelles Serge Zaka vient appliquer « une surcouche agro » tirée de ses données de 15 ans d’expertise scientifique et agronomique.

« Cet outil vient centraliser et automatiser ce que les agriculteurs font déjà tous les jours, mais avec plein d’outils sur lesquels ils ajoutent leurs connaissances de leurs parcelles et leurs expériences », explique le chercheur en agroclimatologie.

ARPEGE et AROME

Les deux modèles météo que l’outil utilise sont ARPEGE et AROME. Le modèle ARPEGE permet une précision de 5 à 12 km2 sur toute l’Europe avec une prévision jusqu’à 5 jours. Le modèle AROME est beaucoup plus précis (1,3 km2) mais avec une prévision à deux jours.

Elargir à GFS pour une prévision à 15 jours

Avec suffisamment de fonds pour alimenter les serveurs, Serge Zaka aimerait intégrer le modèle américain GFS, qui intègre le monde entier, avec des prévisions jusqu’à 15 jours. Cela assurerait une prévision à moyen terme venant compléter celle à court terme.

Autre possibilité : le modèle européen IFS, 15 jours d’avance également. Enfin, le modèle allemand ICON est connu pour être très performant sur 4 ou 5 jours pour le gel.

 

Demain, que permettra cet outil ?

Quelles espèces -et quels animaux- seront concernées par l’outil d’ici cet été ?

Dès ce printemps 2025, le stress thermique et hydrique sur d’autres arbres fruitiers tels que le mirabellier, le pommier, le pêcher, le cerisier… -22 espèces fruitières au total- seront disponibles dans l’outil. Les sorties seront échelonnées selon l’urgence des cultures, bien que « cette année, il fait plutôt doux, les dégâts de gel devraient être plus limités ».

Serge Zaka annonce aussi l’échaudage des céréales d’ici cet été.

Si la capacité des serveurs le permet, l’outil sera aussi disponible dès ce printemps pour le THI (degré d'inconfort d'un animal -et donc mortalité- en fonction de la température ambiante et de l'humidité relative de l'air) pour poules, bovins, chèvres et cochons. « On a les données et les modèles, on a déjà fait des tests et ils sont probants. Nous sommes pour le moment limités par la capacité de nos serveurs », affirme Serge Zaka.

« Nous sommes pour l’instant limités par la capacité de nos serveurs »

Le site devrait aussi pouvoir intégrer le pourcentage de croissance en maraîchage et pour les potagers, irrigués ou non.

Quels autres paramètres seront ajoutés à l’outil à plus long terme ?

À terme, le site proposera :
➡️ L’accessibilité des parcelles agricoles (selon l’humidité du sol) ;

➡️Le potentiel d’épandage (en fonction du vent) ;

➡️Des indices de développement pour plusieurs maladies et ravageurs (selon la température et l’humidité) ;

➡️Les cumuls de degrés-jours pour toutes les espèces agricoles en France ;

➡️Des indices de stress thermique pour une dizaine d’animaux d’élevage ;  

➡️L’échaudage des céréales et le stress thermique et hydriques pour toutes les grandes cultures ;  

➡️La vitesse de croissance des légumes potagers, en irrigué ou non ou des grandes cultures.

Et à terme, Serge Zaka aimerait y intégrer le risque de pollen et celui des feux de forêt. Il rêve son outil comme une cartographie des écosystèmes -qu’ils soient agricoles, touristiques ou autre- et des risques agroclimatiques associés.

Cet outil a été présenté en avant-première lors de l'Assemblée Générale de Météo Centre Val de Loire, le 6 avril.

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