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Loi d'orientation agricole : les 5 propositions de la Fnab pour la bio

La nouvelle Loi d’orientation agricole est en préparation. Pour que l’agriculture biologique soit mieux prise en compte, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) attire l’attention du gouvernement sur 5 points prioritaires. Cinq demandes pour que s’installer en bio ne soit plus « un parcours du combattant ».

« Il faut que les porteurs de projets soient sensibilisés aux conditions de marché et aux débouchés », estime Philippe Camburet, président de la Fnab.
© William B Besançon

Selon les chiffres du recensement agricole, 25 % des nouvelles installations se sont faites en bio entre 2010 et 2020. L’agriculture biologique (AB) représentait moins de 4 % de l’emploi agricole en 2013. Dix ans après, elle représente 16 % de cet emploi. C’est un mode de production qui attire de nombreux porteurs et porteuses de projets, particulièrement chez les non issus du milieu agricole (Nima). Pour Philippe Camburet, président de la Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique), actuellement, « 40 % des porteurs de projet en agriculture souhaitent s’installer en bio ». C’est ce qu’il a affirmé lors d’une conférence de presse ce 6 juillet ou la fédération a présenté ses propositions pour la future Loi d’orientation agricole (LOA).

Beaucoup d’agriculteurs vont bientôt partir à la retraite et « 130 000 candidats sont à trouver pour les années qui viennent », affirme l’agriculteur de l’Yonne. L’enjeu est de représenter « 18 % des surfaces en bio en 2027 », a -t-il rappelé.

Le président de la Fnab déplore les difficultés rencontrées par les porteurs de projet car l’AB est « quasiment absente des programmes de l’enseignement agricole ». Il souligne également que le parcours à l’installation ne répond généralement pas aux attentes de ceux qui souhaitent s’installer, « les spécificités de la bio étant rarement prises en compte ».

La Fnab souhaite donc que la nouvelle Loi d’Orientation agricole puisse « corriger ces anomalies ». A l’issue du premier bilan de concertation de la LOA, la Fnab formule 5 demandes qui visent à « enseigner la bio et mieux accompagner les porteurs de projet pour susciter des vocations ».

Demande n°1 : 3 h hebdomadaires d’agriculture bio dans l’enseignement

Lors de la conférence, Thomas Montagne, agriculteur en polyculture dans le Lot-et-Garonne et référent enseignement de la Fnab, a rappelé que l’enseignement bio est « laissé à la bienveillance des enseignants, ce qui fait que « les porteuses et porteurs de projets n’ont pas forcément accès à la connaissance du système bio ».

Actuellement 1614 formations sont dispensées en agriculture et seulement 81, soit 5 %, sont à orientation en bio. Ce qui est enseigné dans les modules agricoles, c’est l’agroécologie mais c’est une « notion vague » souligne Laurence Dautraix, co-secrétaire générale du syndicat enseignant agricole public Snetap-FSU. La bio est « la pratique la plus aboutie de l’agroécologie » et ne doit pas être un « simple module optionnel ».

La Fnab demande donc que la LOA rende obligatoire un module équivalent à 3 heures par semaine sur l’agriculture biologique. Cet enseignement permettra aux étudiantes et étudiants d’être en « capacité de concevoir une approche système sur la ferme », estime la fédération.

Demande n°2 : intégrer la bio dans le parcours à l’installation

« La bio n’et pas assez intégrée dans le parcours à l’installation », c’est ce qu’a affirmé Alan Testard, secrétaire national Futurs bio à la Fnab et agriculteur à Acigné en Ille-et-Vilaine. « Pour pouvoir nous développer et atteindre 20 % des fermes demain, il faut qu’on soit présents dans les parcours d’installation ». La Fnab souhaite notamment intervenir dans les stages de 21 h avec des techniciens de ses réseaux. Il faut notamment « mieux accompagner les Nima », insiste-t-il. La Fnab demande donc « que le futur parcours à l’installation propose systématiquement un accompagnement par une structure spécialisées dans l’agriculture biologique ».

« C’est tout l’environnement des porteuses et porteurs de projet qui doit être revu ».

Demande n°3 : garantir le maintien des terres bio en bio

Autre point de revendication de la Fnab : l’accès aux terres. « La pyramide des âges fait qu’énormément de fermes vont être à céder dans les années à venir », constate Alan Testard. « Les fermes bio doivent rester en bio », réclame le porte-parole de la Fnab. C’est-à-dire « la transmission des terres bio en bio » lors des rachats mais aussi « mettre en place des critères de maintien en bio pour le fermage ». Quand les Safer préemptent du foncier en bio, elles ont l’obligation de le rétrocéder aux porteurs de projets qui veulent s’installer en AB. Mais « 60 % du foncier agricole est en fermage », remarque la Fnab. La troisième demande est donc un élargissement de la règle à 100 % des terres agricoles et que les porteurs de projets en bio soient « prioritaires au moment de l’attribution des autorisations d’exploiter ». Une étape qui passerait par une modification du code rural.

Demande n°4 : mieux prendre en compte la bio dans les recherches sur les modèles résilients

« La bio est un modèle particulièrement résilient », a assuré Christophe Cottereau, référent climat à la Fnab et producteur de plantes médicinales dans le Mercantour. Pourtant, les données sur la bio sont trop « parcellaires ». Les programmes de l’Inrae tels que Climae et Metabio « ne sont pas adaptés au modèle bio », estime l’agriculteur. Il faut que l’Etat puisse « apporter son aide aux organismes de recherche » pour disposer d’outils adaptés pour caractériser les bénéfices de la bio. La Fnab demande donc « que l’Etat incite le secteur de la recherche agricole à mieux caractériser la résilience des techniques agricoles biologiques quant à la gestion quantitative de l’eau et l’adaptation aux bouleversements climatiques ».

Demande n°5 : des outils adaptés à la bio pour les diagnostics climatiques

« Favoriser la transition de l’agriculture dans un contexte de changement climatique est l’un des grands objectifs de la future LOA », rappelle la Fnab. « Mais cette entrée climat ne peut être abordée sous le seul angle des émissions de gaz à effet de serre (GES) ». La Fnab reproche aux outils de diagnostic climat actuels de s’attacher uniquement à l’enjeu des GES, « ce qui est un non-sens pour l’AB », affirme la fédération. Ce « prisme du carbone » n’est pas, pour la Fnab, « la bonne méthodologie pour répondre de façon urgente sur nos fermes », a expliqué Christophe Cottereau.  Pour la fédération, « le modèle bio repose sur une approche systémique prenant en compte les interactions entre biodiversité, eau et climat ». La Fnab demande donc « des outils adaptés, qui répondent à des enjeux systémiques ». Elle souhaite « que les diagnostics, obligatoires au moment de l’installation ou de la transmission, soient faits par des techniciens dédiés à la bio, avec des outils adaptés à la bio ».

Le ministre de l’Agriculture doit exposer prochainement les grandes orientations de la Loi d’orientation agricole. Le gouvernement devrait présenter sa loi au plus tôt en septembre.

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