Aller au contenu principal

Bien préparer son traitement antibiotique

Lors des Rippa, la vétérinaire Roselyne Fleury a rappelé les bonnes pratiques à respecter lors de la préparation et la distribution d’un antibiotique par l’eau de boisson.

Avec les objectifs de démédication et les préoccupations d’antibiorésistance, le traitement antibiotique est devenu une solution de dernier recours, plus réfléchie, que l’éleveur s’attache à effectuer le mieux possible. Pour autant, utiliser l’eau de boisson comme véhicule de médication n’est pas si aisé à mettre en œuvre. « Avant d’arriver jusqu’à l’organisme, le principe actif 'voyage' du bidon jusqu’à la pipette en passant par le bac de dilution, la pompe doseuse et les canalisations », schématise Roselyne Fleury. Ce qui est vrai pour un vaccin l’est autant pour un antibiotique : il ne sera efficace qu’à condition que chaque animal ait bu la bonne dose de solution médicamenteuse et de principe actif. Cela sous-entend d’avoir des points d’eau suffisamment accessibles, une eau de bonne qualité, des équipements adaptés… et bien entendu une bonne mise en solution de l’antibiotique. À l’occasion des Rencontres Rippa-Rippoc (1) du groupe Chêne Vert Conseil, la vétérinaire a rappelé les réflexes à ne pas perdre lors de la préparation et la distribution d’un antibiotique.

1-Tenir compte des caractéristiques de l’eau

Plusieurs facteurs peuvent influencer la mise en solution, à commencer par la nature du principe actif (voir encadré) et les caractéristiques de l’eau (la teneur en fer et en manganèse, la dureté et le pH). Un produit acide se solubilise mieux en milieu alcalin (pH > 7) et inversement. Une dureté supérieure à 15 baisse la solubilité de l’amoxicilline et des cyclines, par exemple. En fonction de ces paramètres, il peut être nécessaire d’utiliser un solubilisant (solvant) ou un correcteur de pH. Par ailleurs, une température d’eau trop froide (moins de 10°C) réduit la dissolution. Une eau à plus de 50°C peut détruire certaines molécules. « L’idéal est d’avoir une température de dissolution de 30°C, ce qui dans la pratique est trop rarement appliqué », regrette la vétérinaire.

2 -Une mise en solution en trois étapes

La quantité de principe actif doit être pesée précisément à l’aide d’une balance. « Mieux vaut éviter d’utiliser un pichet (mesure volumétrique) car les antibiotiques n’ont pas tous la même densité. »
Préparer une pré-dilution dans un récipient propre d’environ 5 litres. « Il n’y a pas de bonne mise en solution sans cette étape, quel que soit le produit utilisé. » Verser le volume d’eau nécessaire (eau chaude à 30-40°C) dans le récipient puis l’antibiotique, et non pas l’inverse. Ajouter le solvant si nécessaire puis mélanger à l’aide d’un fouet pour obtenir une solution limpide.
La prédilution est versée dans le bac. Compléter avec de l’eau pour obtenir le volume de solution mère nécessaire, selon la durée de distribution du traitement. Lorsqu’il n’y a pas beaucoup d’animaux à traiter, la vétérinaire conseille de maintenir un grand volume de solution mère pour ne pas risquer d’atteindre la limite de solubilité de l’antibiotique et d’augmenter le taux de dilution de la pompe doseuse.

3 -Tenir compte du système de désinfection de l’eau

Une étude de l’Ifip-Institut du porc de 2016 a montré que la stabilité de certains antibiotiques pouvait être altérée par la présence de certains biocides désinfectants dans l’eau de boisson. Dans cette étude, l’hypochlorite de sodium (issu de la chloration) n’a eu aucun impact sur les six antibiotiques testés. À l’inverse, en présence d’eau électrolysée et de peroxyde d’hydrogène, des baisses de concentration d’antibiotiques ont été constatées (-50 % pour l’amoxicilline, la colistine et la doxycycline pour l’eau électrolysée). « Dans ces deux cas, il est préférable de raccorder la pompe doseuse à un circuit d’eau non désinfectée pendant la durée du traitement antibiotique. » Une étude complémentaire est en cours et permettra notamment de mesurer l’impact selon les différents systèmes d’électrolyse (en ligne ou non).

(1) Rencontres interprofessionnelles de pathologie aviaire organisées par le groupe Chêne Vert Conseil le 11 octobre

En savoir plus

Une mise en solution en élevage consiste à dissoudre un soluté (antibiotique) dans un solvant (eau). Le mélange obtenu doit être homogène et constitué d’une seule phase. Si le mélange n’est pas limpide, cela signifie que la solubilisation a été incomplète ou que l’on a atteint la limite de solubilité du principe actif. La solubilité est la quantité maximale d’une substance pouvant être dissoute dans un volume donné. Elle dépend du soluté lui-même mais augmente en général avec la température. Quand la limite de solubilité est atteinte, on observe une re-précipitation qui peut conduire à des dépôts dans les canalisations.

La solubilité est variable selon les antibiotiques. Dans tous les cas, il est nécessaire de demander conseil auprès de son vétérinaire.

Les plus lus

<em class="placeholder">poulailler Terre Neuve Groupe Michel Marcillé-Robert Ille-et-Vilaine</em>
« Je vise un solde annuel de 25 000 euros avec mon poulailler neuf »
Fabien Delonglée, éleveur à Marcillé-Robert en Ille-et-Vilaine a inauguré son nouveau poulailler, un modèle Terre-…
<em class="placeholder">Sylvain Plumelet, éleveur à Plémet (22), avec Guillaume Gannat, chargé de développement LDC (à gauche) et Guénaël Le Sourd, directeur d’Huttepain Bretagne </em>
« Un poulailler refait à neuf pour me lancer dans l’aviculture »

Lors d’une recherche de prairies pour ses chevaux, le hasard a mis un poulailler sur la route de Sylvain Plumelet. L’éleveur l…

<em class="placeholder">Hugues de Froment, installé sur la ferme familiale, a testé deux bandes de poulets de chair dans son bâtiment pour palmipèdes devenu polyvalent.</em>
« Mon bâtiment de canards prêts à engraisser produit aussi du poulet »

Dans le cadre de la démarche La Ferme, portée par la coopérative Terres du Sud, l’éleveur Hugues de Froment, situé en Dordogne…

<em class="placeholder">Les éleveurs Nathalie Letourneur et son fils Pierre sont accompagnés dans le suivi sanitaire de leur élevage par Anthony Miatta, technicien de Huttepain Aliments et Arnaud ...</em>
« La biosécurité se joue dans les détails »

Le Gaec Letourneur, élevage de bovins et de volailles dans l’Orne, fait de la biosécurité une priorité. Pourtant fin 2024,…

<em class="placeholder">Sylvain Vérité devant sa poche souple de récupération d&#039;eaux de pluie. Qualité de l&#039;eau Itavi </em>
« L’eau de pluie sert aussi à l’abreuvement de mes volailles »

Eleveur de volailles bio dans la Drôme, Sylvain Vérité dispose d’une réserve d’eau de pluie qu’il utilise pour l’abreuvement…

<em class="placeholder">Table ronde de Bellavol sur les gaveurs de canards</em>
Engraisseur de canards : un métier aux nombreux atouts

Pour assurer le renouvellement de ses producteurs, Bellavol recherche une quinzaine d’engraisseurs de canard. Un métier peu…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)