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« Avec la FCO, nous avons une épée de Damoclès au-dessus de la tête »

Le Gaec du Bourguet situé dans l’Ouest de l’Aveyron, n’a pas été épargné par l’émergence de nombreux cas cliniques de fièvre catarrhale ovine (FCO) sur le département. Cet élevage de 36 vaches laitières s’en sort bien mais l’inquiétude demeure.

Eleveur avec sa vache remise de la FCO
Lénaïc Vabre et Première, une vache en troisième lactation, qui a eu la FCO mi septembre. "Elle a bien récupéré, son mufle est rosé car les muqueuse ont pelé."
© Emeline Bignon

« La fièvre catarrhale ovine, nous ne l’avons pas vu arriver, témoignent Camille et Lénaïc Vabre, à la tête d’un troupeau de 36 vaches en bio à Pradinas dans l’Aveyron. Depuis que nous nous sommes installés en 2021, c’est la première fois que nous sommes confrontés à une épizootie. Nous nous sentons impuissants car contre ce virus, il n’y a pas grand-chose à faire à part soigner les symptômes. »

Pour le moment, les jeunes éleveurs s’estiment relativement épargnés comparativement à d’autres élevages du secteur qui ont déjà perdu plusieurs bêtes et font face à des avortements et des malformations de veaux. 

La transmission de la FCO résultant de piqûres de moucherons du genre Culicoïdes, « nous avons appliqué fin août, un traitement antiparasitaire externe aux génisses et aux vaches taries suite à l’alerte donnée par nos vétérinaires », raconte Camille. Un traitement des vaches en lactation aurait déclassé le lait. Deux jours plus tard, un premier cas est apparu sur la plus vieille vache du troupeau, âgée de 10 ans. « Elle n’avait pas de fièvre mais présentait des ulcères au niveau de la bouche et du mufle et se déplaçait très lentement. Sa production a chuté quinze jours durant. »

Un second cas, plus grave, a suivi mi-septembre sur une vache en troisième lactation, non gestante. Là-encore, pas de fièvre mais des ulcères dans la bouche. « Son mufle était violet, les yeux étaient rouges et coulaient… On la sentait faible, il fallait aller la chercher… » Elle a reçu un traitement antibiotique et un anti inflammatoire (1). « Pendant 5-6 jours, elle a continué à se traîner, puis elle a remonté la pente petit à petit. Aujourd’hui, elle a repris du poil de la bête et semble en forme. »  Tout comme Noisette, une vache tarie également touchée, qui s’apprête bientôt à vêler. « Elle a eu des symptômes légers mais n’a pas avorté. »

Les vaches expriment plus ou moins les symptômes

« Il y a toujours énormément de cas même si nous ne sommes plus assaillis de coups de fil d’éleveurs, relève Aline Mariage, vétérinaire de l’élevage. Nous sommes encore en plein dans l’épizootie. Les éleveurs connaissent désormais les symptômes qu’ils gèrent la plupart du temps eux-mêmes. Ils nous appellent seulement dans les cas les plus sévères. »  Les vaches les plus atteintes sont généralement celles qui viennent de vêler en raison d’une baisse de l’immunité. Elles ont également souvent davantage de mal à récupérer. 

L’activité des moucherons porteurs risque de se prolonger jusqu’en novembre. « Dans le secteur, la FCO est passée presque partout, estime la vétérinaire. Mais, toutes les vaches n’auront pas fabriqué d’anticorps. Une autre vague est à craindre au printemps prochain. »

La question de la vaccination reportée à cet hiver

La vaccination contre la FCO demeure la mesure préventive la plus efficace. Celle-ci reste volontaire. « Certains éleveurs, très minoritaires, vaccinent déjà. D’autres prévoient de le faire durant l’hiver. Au sein de notre clientèle, moins d’un quart des éleveurs se disent prêts à vacciner. »

Pour Camille et Lénaïc, l’urgence à vacciner n’est pas de mise. « L’immunité d’une vache s’acquiert trois semaines après deux injections réalisées à deux semaines d’intervalle. D’ici là, nous espérons qu’il y aura moins de problème car il fera plus froid. »

Et de poursuivre : « Nous ne sommes pas les plus mal lotis car nous pouvons commercialiser nos veaux auprès de notre coopérative Univor qui prend en charge le test FCO », mentionne Lénaïc. Pour l’instant, sur 8 veaux vendus, aucun n’a été testé positif. Les éleveurs espèrent avoir passé le plus dur, mais ils entendent aussi parler du virus de la MHE (maladie hémorragique épizootique) dont les signes cliniques sont proches de ceux de la FCO. Cinq départements du sud-ouest -Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Gers et les Landes- sont touchés. « Ce n’est pas si loin et cela nous inquiète forcément. »

 

  1. L’antibiotique était prescrit au début de l’épizootie tant que le diagnostic n’était pas certain. Désormais les animaux reçoivent uniquement un inflammatoire pour soulager la fièvre et les douleurs.

 

Comment reconnaître les signes cliniques de la FCO ?

Les symptômes incluent lésions buccales, écoulements nasaux, fièvre, problèmes respiratoires, salivation, enflures et cyanose de la langue (bleuissement). « Bien que de nombreux animaux contaminés restent asymptomatiques, les conséquences demeurent significatives, avance Aline Mariage, vétérinaire de l’élevage. Les vaches gestantes courent un risque d’avortement à la suite de la contamination. Des malformations sévères peuvent affecter les veaux nouveaux-nés, apparaissant parfois plusieurs mois après l’infection. Les taureaux, après contamination, connaissent souvent une stérilité de 6 à 12 mois (parfois permanente). »

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