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Aux Pays-Bas, Wilco cultive son autonomie

Une complémentarité gagnante entre moutons et vaches laitières pour gagner en autonomie, c’est le défi que s’est donné cet éleveur néerlandais de Texel.

Aux Pays-Bas, Wilco Van der Vaart veut cultiver son autonomie. Ses 40 moutons de race Texel viennent compléter un atelier de 95 vaches laitières. C’est par amour pour la race qu’il souhaite garder ces brebis. Il l’avoue lui-même : « Si j’écoutais mon comptable, je ne garderais que les vaches. Mais mes brebis ne me prennent pas beaucoup de temps. Elles sont robustes, fertiles et tiennent à cœur à ma femme et mes enfants. » Dans sa ferme à l’Ouest de la Groene Hart, le cœur vert et agricole de l’arrière-pays des métropoles de Rotterdam, La Haye, Amsterdam et Utrecht, les vaches sont surtout sur les 50 ha de prairies temporaires. Les brebis pâturent, elles, les 40 hectares de prairies naturelles. Toute l’exploitation est située en zone Natura 2000, ce qui implique une conduite spécifique des pâtures.

Un apport de sang neuf en 2000

Le changement de millénaire a été l’occasion de repenser complètement l’atelier ovin. « Il y avait des problèmes respiratoires et obstétriques récurrentes dans les troupeaux. Je suis allé chercher du sang neuf chez des amis éleveurs sélectionneur Texel. » Aujourd’hui, après ce travail de génétique, il a rattrapé son retard en croissance et en fertilité. Depuis, il est resté fidèle au Texel et défend la race en inscrivant ces animaux au herdbook. Maintenant, il cherche à sélectionner des brebis plus résistantes aux parasites. Février est le mois de la tonte chez Wilco. « Cela me permet de passer en revue mes brebis. » En fonction de leur état de santé, il leur administre un vermifuge. Pour les agneaux, « j’attends de voir des symptômes critiques, amaigrissement ou changement de couleur des muqueuses, pour administrer un traitement contre les nématodes. » Et les onglons ne sont parés qu’en cas de nécessité. Ainsi, il suit l’état de santé de son troupeau au fur et à mesure de l’année.

Dix jours avec leurs mères après l’agnelage

Les mises bas ont lieu à l’intérieur. « Le bâtiment est grand et bien conçu. L’agnelage à l’intérieur offre davantage de commodité et d’hygiène. Je surveille attentivement pour que tout se passe bien. Dans deux tiers des cas, je n’ai pas besoin d’intervenir et le travail se fait sans moi. Pour ce faire, je place la future mère en case avant la mise bas. Cela me permet de m’assurer que les agneaux tètent bien. » Les agneaux et leurs mères restent dix à douze jours en case puis ils passent avec le reste du troupeau en bergerie. « Je peux les laisser plus longtemps ensemble quand il y a eu des triplés. Mais cela ne dépasse jamais trois semaines. »

Début avril, tout le monde est mis à l’herbe. « J’utilise les parcelles le plus loin de la ferme pour les moutons. Elles sont situées à 1,5 km des bâtiments. La pousse de l’herbe y est bonne. L’inconvénient est d’aller leur rendre visite quotidiennement. » Les premiers départs d’agneaux se font aux alentours du mois de mai. Les bêtes pèsent environ 40 kg et sont payées en moyenne 125 € les mâles et 100 € les femelles. « Quand le marchand de bestiaux vient les chercher, il me dit que je pourrais encore les faire grossir et gagner quelques kilos. Mais cela ne m’intéresse pas. Avec les prairies que j’ai, je sais que je risque de manquer de fourrage l’été si je garde trop de bêtes trop longtemps. »

Pas de bio pour les moutons

Depuis peu, Wilco et son épouse Renée réfléchissent à passer au bio. « Cela nous permettrait de mieux valoriser notre lait, et nous raisonnons déjà nos pratiques de traitement et fertilisation. » Pour l’accompagner dans cette transition, il s’appuie sur le réseau Wij land, notre terre en français. Cette association apporte conseil et accompagnement aux agriculteurs sur de la gestion naturelle des sols, le pâturage ou la diversité des mélanges de prairie. « Dans notre groupe de travail, nous sommes huit agriculteurs de la région. Cela permet d’échanger ensemble et répondre à mes questions en cas de besoin. Le passage au bio n’est pas un moment simple, cela remet en question toutes nos habitudes. Mais cela permettrait la pérennité de l’exploitation. » Leur souhait étant de voir un jour leurs enfants reprendre la ferme, comme Wilco l’a fait à la suite de ses parents.

Les moutons complémentaires des vaches

Wilco ne sait pas encore s’il va passer ses brebis en bio. « J’hésite car le cahier des charges est assez contraignant, surtout sur la répartition du temps en pâture et en bâtiment. Je ne sais pas si c’est cela que je veux. Mes inquiétudes se portent aussi sur le cours de l’agneau, il n’est actuellement pas suffisamment intéressant pour changer l’orientation de l’élevage. » Il va profiter de la réglementation lui autorisant la conduite simultanée de deux ateliers au statut différent. L’atelier ovin sera indépendant et séparé du reste de la ferme. « Ce sera sûrement contraignant au début, puis nous verrons si nous convertissons l’ensemble de l’exploitation plus tard. Cela va nous laisser du temps et nous permettre de nous concentrer sur la conversion de l’atelier lait. »

Wij. land, une association pour les éleveurs, les territoires et la nature

L’approche que l’association Wij. land met en place est ambitieuse : elle soutient les agriculteurs tout en aidant le dialogue sur les territoires avec les riverains et les municipalités. En mettant en lien les éleveurs entre eux, cela permet de développer des projets ambitieux qu’ils soient économiques, environnementaux ou techniques.

Repères

Un élevage ovin néerlandais en déclin

Avec 638 000 brebis et agnelles saillies en 2019, les Pays-Bas sont de moins en moins un pays de moutons. Le nombre de brebis est ainsi passé de 1,7 million en 1990, à 1,3 million en 2000 puis 960 000 têtes en 2014. Déficitaires en viande ovine, les Néerlandais sont de petits mangeurs d’agneaux avec 1,1 kg équivalent carcasse consommé en moyenne par habitant. Des chiffres qui risquent encore de baisser puisque les loups ont été aperçus en 2015 et officiellement revenus en 2018. En 2020, sept loups ont tué 291 ovins, plus du double qu’en 2019…

Le saviez-vous ?

Texel, une race néerlandaise

La race Texel est originaire de l’île du même nom au Nord des Pays-Bas. Le Texel est une race d’herbage et de plein air. Les qualités de conformation de la race Texel font que les béliers sont très appréciés en croisement industriel. Son caractère peu grégaire permet une gestion optimale des pâturages, le plus souvent en association avec les bovins laitiers. Les agneaux Texel de race pure fournissent des carcasses lourdes, bien formées, sans excès de gras et de rendement élevé.

Source : Races de France

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