Les forces vives demandent à Falco d’agir pour le désenclavement
Lundi après-midi, Hubert Falco, secrétaire d’état à l’Aménagement du territoire, a rencontré des élus politiques et professionnels, et des chefs d’entreprises.
Avant de repartir, Hubert Falco a d’ores et déjà promis de revenir. Cette fois, il lui faudra apporter des solutions concrètes au problème d’enclavement du département. Car si les forces vives et les principaux élus ont présenté lundi leurs doléances au secrétaire d’état chargé de l’aménagement du territoire -de passage à Aurillac- ils sont restés sur leur faim. Le ministre “a bien compris” qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour le Cantal et son développement. Mais il avoue être venu “sans baguette magique” ni “pour raconter des histoires”. La table ronde, qui s’est tenue au Conseil général, s’est finalement résumée à une série de réclamations auxquelles Hubert Falco a prêté une oreille attentive. Ainsi, le gouvernement est sollicité pour agir sur la route à travers la RN 122, pour soutenir la ligne aérienne et pour faire que la SNCF prenne enfin le Cantal en considération.
Cumul de handicaps
Afin que le ministre prenne toute la mesure de l’urgence, le président de la CCI, Bernard Bouniol, a présenté les résultats d’une enquête conduite auprès des chefs d’entreprises. S’ils ont des motifs de satisfaction d’être implantés dans le Cantal (cadre de vie, etc) ils ont aussi des handicaps dont l’enclavement, cité en premier par 80 % d’entre eux ! Lors du tour de table, le maire d’Aurillac rappelle qu’il s’inscrit en faux quant au diagnostic du secrétaire d’état cantalien Marleix pour qui “le Cantal serait maintenant bien désenclavé”. Selon Alain Calmette, au contraire “l’écart se creuse en notre défaveur”. Il estime en effet qu’Aurillac et le Cantal sont frappés d’une double peine : “Enclavées et au potentiel fiscal faible, les collectivités doivent cependant payer des outils qui, ailleurs, paraissent comme une évidence”, remarque-t-il en évoquant le soutien financier à la ligne aérienne ou la cité universitaire. Il attend des outils de redistribution. “Notre situation spécifique mérite des financements spécifiques”. À ses côtés, le sénateur Mézard, président de la Communauté d’agglomération du bassin d’Aurillac, enfonce le clou : “Nous sommes gravement en rade ! Et depuis longtemps”, insiste-t-il. Mais surtout, au-delà des discours, l’élu veut des actes. Car lui aussi estime que la situation s’aggrave, notamment sur la RN 122 “qui s’arrête en cul de sac à Figeac”, malgré les discours de Pompidou en 1972, le courrier de Chirac assurant que l’axe serait prioritaire, les études promises par Perben, etc.
Quel moyen et quand ?
“Je ne fais pas le procès du gouvernement actuel, c’est ce que nous vivons depuis 36 ans”, poursuit Jacques Mézard. “On ne peut plus entendre “ça va arriver”. On peut supporter un délais de trois ou quatre ans avec l’assurance d’une réelle mise à niveau”, considérant que les efforts concentrés autour du Lioran ont simplement permis “qu’on ne crame pas dans l’ancien tunnel”. Sur le même ton, le sénateur plaide pour réinstaurer des trains de grandes lignes, notamment la liaison de nuit Aurillac-Paris. Et de dénoncer là encore une dégradation sévère de service avec des ralentissements fréquents à 40 km/h et souvent l’obligation de prendre... un car. “Tous nos moyens sont pires qu’avant. Nous sommes capables d’entendre “on privilégie un moyen de transport” ; mais lequel et quand ?” Une question sans réponse pour l’heure. Évidemment, pour Michel Visy, transporteur, la priorité des priorités devrait être la RN 122. Recoupant les arguments du président du Conseil général, Vincent Descœur, il s’indigne qu’Aurillac soit l’unique préfecture placée à plus d’une heure de la première bretelle d’autoroute. Ses camions mettent 1 h 50, par temps sec. “Et comme plus de temps, c’est plus cher, on pénalise l’entreprise cantalienne”, souligne M. Visy. “Et quelle image garderont du département les automobilistes qui seront restés bloqués derrière un camion durant des dizaines de kilomètres ?” Louis-Jacques Liandier, vice-président du Conseil général chargé des routes, en rajoute : “Les Cantaliens veulent connaître les échéanciers possibles de l’aménagement de la nationale et des contournement de Sansac, Yolet, Vic Polminhac, Murat”. Mais il avoue son inquiétude face à l’enveloppe évoquée par le secrétaire d’état Falco. Comment le Cantal sera-t-il pris en compte avec 800 millions d’euros par an (sur cinq ans) pour assurer la gestion de tout le réseau national français ? Sachant que le coût de ces gros travaux dépassera celui du tunnel du Lioran. Soit entre 100 et 120 millions à eux seuls. En écho, Vincent Descœur, à l’origine de cette réunion de travail, rappelle que l’Apsi (avant-projet sommaire d’itinéraire) est un dû et que le PDMI (programme de développement et de modernisation d’itinéraire) répond à un argument de sécurité. “Notre nationale ressemble par endroit à une rue”, lance le président du Conseil général. Maintenant que le Grenelle de l’environnement est voté, ces programmes seront réactivés, assure lui le secrétaire d’État qui promet d’être l’avocat du département. Dès mardi, Hubert Falco devait rencontrer le secrétaire d’État chargé des transports, Dominique Bussereau, et le sensibiliser à ces priorités évoquées de manières unanimes par l’ensemble de la classe politique et des acteurs économiques. Un consensus entre élus de tous bords et forces vives qui a déjà fait ses preuves pour accélérer le chantier du nouveau tunnel.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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