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Panneaux solaires chinois contre vins européens
La loi du Talion

Le ministère chinois du commerce a ouvert le 5 juin une enquête « antidumping et droits compensateurs » sur les vins en provenance de l’UE. Une mesure de rétorsion prise suite à la décision de la Commission européenne d’instaurer des droits antidumping provisoires sur les panneaux solaires chinois.

La France est en première ligne dans cette affaire.
La France est en première ligne dans cette affaire.
© François Carbonell

« Nous sommes persuadés qu’il n’y a pas de dumping ou de subventions sur les exportations de vins européens vers la Chine », a réagi le porte-parole de la Commission européenne à cette annonce du gouvernement chinois de lancer une enquête antidumping sur les vins européens. « Bien sûr, nous soutenons notre industrie vinicole », a-t-il dit, assurant que Bruxelles suivra « de près » cette affaire. À Paris, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a rappelé lui aussi qu’ « il n'y a aucune subvention à l'exportation », l’OCM ne concernant « que l’amélioration de la qualité des vins et l’organisation commerciale ». « Dans cette discussion qui commence entre l’Europe et la Chine, on va tout faire pour trouver la bonne solution, l’équilibre dans nos relations commerciales », a-t-il assuré. Pour sa part, François Hollande, président de la République a demandé une « réunion » des Vingt-sept pour dégager « une solidarité de point de vue » sur les négociations commerciales avec Pékin. La Chine a été en 2012 le cinquième client des vins de l’UE, pour un montant de 764 millions d’euros (sur un total d’exportations de 8,9 milliards), dont 547 millions d’euros d’importations en provenance de la France (2,574 millions d’hl).


Car voilà bien le problème : la France, dans cette affaire, est en première ligne, ayant été le pays se montrant le plus favorable à une taxation des panneaux solaires chinois. La question se pose de savoir si elle va pouvoir bénéficier de la solidarité des autres Etats-membres européens, la décision de taxer les panneaux solaires chinois étant une décision européenne et non pas nationale. La Commission européenne a pu se passer, pour l’instant, de l’avis des Etats car elle dispose d’une compétence exclusive en matière de commerce. Mais si elle souhaite prolonger la mesure, qui pour l’heure est temporaire – les Chinois ayant deux mois pour relever le prix des panneaux solaires- elle devra en passer par le Conseil Européen, composé des chefs d’Etat ou de gouvernement des vingt-sept Etats-membres. Or, pas moins de dix-huit pays européens sont opposés à des sanctions contre la Chine. Au premier rang desquels l’Allemagne, premier partenaire commercial de l’Empire du Milieu et pas prête à sacrifier les intérêts de ses exportateurs.

La FEVS (Fédération des exportateurs de vins et spiritueux) se montre quelque peu inquiète à l’idée que la Chine pourrait surtaxer les vins européens. « « Dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, l’instrumentalisation de notre secteur dans un différend commercial est particulièrement regrettable. Le secteur du vin est un bon exemple d’une activité dont le dynamisme est lié à l’exportation, y compris en Chine » a indiqué Louis Fabrice Latour, Président de la FEVS. « Nous espérons vivement que l’Union européenne et la Chine sauront dénouer ces tensions commerciales par la voie du dialogue et de la négociation et nous sommes certains que la France saura les y encourager ». Vin et Société annonce pour sa part que «  la filière reste sereine » et fait toute confiance aux autorités françaises et européennes pour aboutir à une sortie de crise et éviter ainsi une guerre commerciale. « Nous assistons à un conflit d’ordre économique et géostratégique qui concerne le secteur solaire européen. Certes la Chine menace de sanctionner nos vins mais nous sommes confiants en la qualité de nos produits que le monde entier nous envie. Par ailleurs, nous respectons les règles du commerce international et observons qu’une telle mesure devrait être fondée sur des preuves de pratiques de dumping de la part des pays producteurs européens. Or, aucun autre pays producteur dans le monde n’a intenté une telle démarche contre les vins français ou européens. Nous restons confiants et nous observerons avec attention les négociations en cours puisque tous les acteurs en présence ont intérêt à une sortie de crise», déclare Joël Forgeau Président de Vin & Société.

Reste à savoir si les Chinois, allant au bout de leurs menaces, ne vont pas pénaliser certains de leurs ressortissants qui investissent à plein dans le vignoble français. Et notamment à Bordeaux. Trois propriétés bordelaises, appartenant à Michel Rolland, sont tout récemment passées sous pavillon chinois. Un autre château de Pomerol, la Commanderie vient d’être acquis, lui aussi, par une société chinoise. Et l'on peut citer aussi Château Loudenne, en Médoc, La Fleur Jonquet, en Graves, ou encore Le château de Pic, en côtes de bordeaux. Sans oublier le négociant Diva.

Vinexpo va prochainement ouvrir ses portes et les ouvrir en plus grand encore aux visiteurs chinois.

Un quart des personnalités qui seront intronisées par la Jurade de Saint-Emilion au cours du prochain Vinexpo sont des chinois et pour l’essentiel des importateurs et des négociants. Le syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieurs a même organisé une soirée en l’honneur de ses invités chinois.

Ainsi va le monde.

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