UV : quatre machines pour moins de maladies fongiques sur la vigne
Les machines à UV fleurissent sur le marché viticole. Ont-elles toutes les mêmes caractéristiques ? Réalisent-elles toutes les mêmes tâches ? Découvrez ici l’offre disponible.
UV Boosting, le précurseur
La technologie : L’entreprise UV Boosting est précurseur en matière de traitements UV pour la vigne. Sa machine est dérivée de travaux de chercheurs avignonnais, ayant prouvé qu’une dose élevée d’UV-C durant une seconde active efficacement les mécanismes de défense des végétaux contre les maladies fongiques mais aussi contre les stress environnementaux tels que le gel ou le stress hydrique. « Mais il s’agit d’un complément, insiste Baptiste Rouesne, fondateur de l’entreprise. Cela ne remplace pas les traitements phytosanitaires, même si cela peut aider à les diminuer. Selon les conditions, la baisse peut aller de 25 à 70 %. » Sur l’ensemble des observations réalisées entre 2017 et 2023, une baisse moyenne de maladies de l’ordre de 40 % a été notée. L’effet est systémique.
Les préconisations : L’entreprise recommande quatre passages en préventif par saison : le premier entre 3 et 7 feuilles étalées, le second au stade inflorescence, le troisième à la floraison et le dernier en postfloraison, au plus tard à la fermeture de la grappe. La machine doit être passée à 15 cm du feuillage, à 4 km/h, quelles que soient les conditions météo. « On évite juste de passer sous la pluie pour ne pas abîmer le matériel », poursuit Baptiste Rouesne. Pour le gel, UV Boosting préconise un passage 40 à 48 heures avant l’épisode gélif. La machine peut être passée en combiné avec du travail du sol par exemple.
Spécifications techniques : La machine peut être portée ou tractée. D’un poids de 67 kg, un module mesure 1110x710x163 mm et nécessite l’équivalent de 5 ch pour fonctionner.
Le prix : À partir de 39 950 euros pour un rang (l’équipement inclut les modules UV, la structure, la génératrice et le pupitre de commande).
Les résultats : L’entreprise fait état d’une meilleure protection des bourgeons primaires (20 à 50 %) lors de gelées blanches. De même, le passage de la machine permet de limiter les pertes de rendements liées au stress hydrique. En 2022, en Gironde, une hausse de 40 % par rapport au témoin a ainsi été observée. L’entreprise avance aussi une baisse des attaques de botrytis, une chute des feuilles plus tardive et une amélioration du rendement en n + 2.
Sanodev-Naotec est au stade prototype
Les préconisations : La machine doit être passée en préventif. Le premier passage doit avoir lieu en avril, dès l’apparition des premières feuilles. La présidente de Sanodev préconise ensuite à peu près un traitement UV par semaine au départ. « Ensuite, cela peut être espacé », explique-t-elle. Les lampes doivent être à 30 cm maximum des feuilles, et la machine évolue entre 3 et 5 km/h. Lorsqu’il fait chaud, Laure Sandoval recommande de passer la machine tôt le matin. Elle préconise également d’éviter les conditions pluvieuses, qui filtrent les rayons UV.
Spécifications techniques : Les dimensions de la zone de traitement qui enchâsse la vigne sont environ de 120 x 120 x 120 mm. Le poids du module de traitement est d’environ 100 kg et la puissance nécessaire d’environ 6 kW. Plusieurs configurations sont possibles selon les modèles : traîné sur tracteur interligne ou sur enjambeur, traitement d’un ou plusieurs rangs ou d’un ou plusieurs demi-rangs.
Le prix : à partir de 37 500 euros HT selon les modèles.
Les résultats : Laure Sandoval avance des diminutions de moitié de produits phytosanitaires et une baisse du coût de la protection de 30 %. Un effet sur le gel et le stress hydrique seraient également au rendez-vous, mais l’entreprise ne dispose pas encore de chiffres sur le sujet, la machine étant toujours en test dans différents vignobles et au stade prototype.
Maschio Gaspardo robotise le passage des UV
Les préconisations : Le robot n’intervient pas selon un programme, mais en fonction de la météo. Il évolue à une vitesse de 2 à 5 km/h selon la densité foliaire, avec des panneaux situés à 20 à 30 cm du feuillage. Deux souffleries génèrent un flux d’air permettant la mise en mouvement des feuilles. « Ainsi, tout est bien atteint par les UV », complète Julien Bauer. Le robot peut aller traiter la vigne quelles que soient les conditions climatiques, mais « la vigne est plus réceptive aux UV le matin et le soir », observe le responsable marketing.
Spécifications techniques : D’une largeur hors tout pouvant varier de 1,72 à 2,22 m, et d’un poids de 1,3 tonne, le robot Icaro X4 est conçu pour entretenir 12 à 15 hectares. Il est doté d’une motorisation hybride, avec un réservoir de 45 litres et des batteries en lithium-ion (7,68 kWh). Lorsque ces dernières sont presque vides, le robot se rend seul sur sa plateforme de recharge. Icaro X4 se localise via une balise RTK. Son utilisation implique donc un arpentage préalable des parcelles. Le robot est par ailleurs muni d’une sécurité : lorsqu’il détecte la présence d’un humain, il se coupe, afin de supprimer tout risque pour l’homme. Icaro X4 est disponible en version pneu ou chenilles. Il peut évoluer dans des vignes en pente jusqu’à 25 ° grâce à son centre de gravité particulièrement bas.
Le prix : Il n’est pas encore fixé, le robot étant encore en phase de test. « Mais en Italie, une dizaine d’unités de présérie tournent selon un système de location comprenant la station météo, la balise RTK et le robot », précise Julien Bauer.
Les résultats : Selon Julien Bauer, l’efficacité du robot varie selon de nombreux facteurs, comme les conditions météo, les programmes de traitements du viticulteur, la pression maladie, etc. « Son utilisation permet de réduire l’emploi de produits phytosanitaires de 30 à 70 % », rapporte-t-il. L’efficacité de la technologie vis-à-vis du gel, du stress hydrique ou encore son impact sur le rendement n’ont pas encore été testés.
Thorvald n'est pas encore disponible en France
Un outil prometteur mais un manque de connaissances
Dans le cadre du projet OïdiUV, l’IFV et divers partenaires techniques ont mené des expérimentations sur l’impact des UV sur l’oïdium de plusieurs cultures dont la vigne, en utilisant des panneaux d’UV Boosting. Les résultats confirment que ces rayons n’ont pas d’impact sur la photosynthèse et la respiration de la plante. « Nous avons constaté l’innocuité du traitement UV sur la vigne, et l’absence d’impact sur le rendement », informe Caroline Gouttesoulard, responsable du suivi des essais visant à la réduction des produits phytosanitaires à l’IFV. De même, aucun impact sur les vinifications n’a été enregistré.
Autre résultat, en cas de pression faible à modérée, les chercheurs ont observé un gain d’efficacité lorsque le traitement est associé à un passage de soufre, par rapport à une protection au soufre seule. De même, les UV fonctionnent bien associés à de l’armicarb et en passant tôt le matin (6 heures à 8 heures).
Parallèlement à cela, l’IFV a analysé les données obtenues par UV Boosting sur ses réseaux d’essais. Il en ressort qu’en moyenne, le passage des UV, en plus du programme phyto de référence, a des effets positifs sur la vigne, conduisant à moins de maladies et à une hausse de rendement. Mais dans environ 30 % des cas, aucun effet significatif (la réduction des maladies n’a pas atteint 20 % par rapport au témoin) n’est observé. « Les UV peuvent apporter un plus, mais en complément des traitements classiques, conclut Xavier Delpuech, ingénieur agronome au pôle Rhône-Méditerranée de l’IFV. Ils ont un effet statistiquement intéressant en moyenne et sont un outil prometteur, mais il y a des cas particuliers où l’effet n’est pas sensible. Et il est difficile de prévoir dans quels cas de figure ce sera le cas par manque de connaissances sur les facteurs d’efficacité des UV. »
