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« Privilégier des arbres issus de graines locales permet de favoriser la diversité et l’adaptation », Élise Levasseur, de la pépinière Graines voyageuses

Élise Levasseur, chef d’exploitation de la pépinière Graines voyageuses, recommande de recourir à des essences locales issues de graines sauvages, lors de l’implantation d’arbres sur les parcelles viticoles. Explications.

Élise Levasseur préconise de privilégier les essences locales issues de graines sauvages.
Élise Levasseur préconise de privilégier les essences locales issues de graines sauvages.
© É. Levasseur

Pourquoi recommandez-vous de privilégier des graines d’arbre locales ?

L’intérêt des graines locales est de maintenir une diversité génétique par rapport à un bouturage, où on obtient un clone, similaire à l’individu de départ. Cette diversité génétique favorise une meilleure résilience des végétaux et facilite leur capacité à s’adapter au changement climatique mais surtout, aux conditions locales.

Un autre atout de cette démarche est que les arbres sont bien adaptés à leur environnement, c’est-à-dire à la faune et à la flore locales. Il y a eu une coévolution avec les pollinisateurs, les insectes, etc. Les pollinisateurs arrivent ainsi au bon moment pour récupérer le pollen (ou nectar). Lorsque ce n’est pas le cas, on a constaté qu’il pouvait y avoir des décalages qui allant jusqu’à plusieurs semaines entre le moment de floraison et l’arrivée des insectes pollinisateurs.

Le développement de Végétal local, marque collective de l’Office français de la biodiversité, a été initié par Plante et Cité, Afac-Agroforesteries et CBN (conservatoires botaniques nationaux). Ces acteurs avaient observé que souvent, les végétaux plantés dans des haies n’étaient pas d’origine locale, mais provenaient d’Europe de l’Est ou autre, et avaient de faibles taux de reprise constatés. Cela a conduit au lancement de la marque Végétal local en 2015, qui garantit la traçabilité de ces végétaux locaux et sauvages.

Comment un viticulteur peut-il planter des arbres issus de graines locales ?

Il doit se rapprocher de pépiniéristes qui travaillent de la sorte. Il y a onze régions « écologiques » en France, chacune accueillant des pépiniéristes proposant des plants de végétaux sauvages et locaux. Tout est regroupé sur le site www.vegetal-local.fr/. Le pépiniériste pourra proposer des essences locales, mais il ne viendra pas récolter les graines chez le viticulteur, car cela serait trop onéreux.

De même, un viticulteur ne peut pas récolter lui-même ses graines car l’opération de stratification derrière est trop technique. Cela nécessite un véritable savoir-faire. Lorsque l’on récolte les graines, entre mi-août et mi-novembre, elles sont en pleine dormance. Cela implique ensuite de réussir à effectuer la levée de dormance. Or personnellement, je travaille sur 80 essences différentes et toutes ont des conditions de levée de dormance distinctes.

Comment optimiser son choix de végétaux ?

Il est important de se faire accompagner sur le choix des essences ; cela ne s’improvise pas. Il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte pour constituer une haie. Le viticulteur désire-t-il une haie haute ou basse ? Souhaite-t-il favoriser la biodiversité, implanter des essences mellifères, lutter contre des ravageurs ? De manière globale, plus il y a de diversité, mieux c’est. Mais il faut un équilibre entre diversité et facilité de mise en place.

 

 
Élise Levasseur, chef d’exploitation de la pépinière Graines voyageuses
Élise Levasseur, chef d’exploitation de la pépinière Graines voyageuses © É. Levasseur
De manière globale, les prix des plants des différentes essences de haies champêtres sont assez similaires donc ce ne sera pas un critère de choix. L’objectif est de choisir les essences les plus adaptées au contexte local et au projet de plantation de l’agriculteur. Il faut veiller à une cohérence globale et à ce qu’aucune essence ne prenne le dessus sur les autres. Divers organismes, tels que des chambres d’agriculture, des associations d’agroforesterie, etc., proposent des formations, qui sont souvent financées via le fonds Vivea. Cela vaut vraiment la peine car c’est très technique, surtout dans le cas de projets agroforestiers intraparcellaires. Il faut planter le bon arbre au bon endroit.

 

Quelle est la meilleure période pour planter ses arbres ?

Pour les végétaux caduques, il est préférable que les feuilles des plants soient tombées, pour éviter tout risque de dessèchement, surtout pour les plants en racines nues. Selon l’année et le contexte local (zone avec chutes de neige, etc.), la période de plantation peut démarrer mi-novembre et peut courir jusqu’à fin février.

Quel serait votre conseil pour les viticulteurs souhaitant se lancer ?

Il faut qu’ils regardent les bénéfices globaux, à l’échelle de la parcelle. Car souvent, on rencontre des viticulteurs ou des agriculteurs qui sont déçus car ils constatent que le rang situé à un mètre de la haie est plus chétif, moins bien développé. Les bénéfices globaux, au niveau de la parcelle, ne sont pas toujours visibles mais sont bien présents. Il faut prendre du recul sur le système agricole et avoir une vision globale de l’agrosystème. C’est important.

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