« Les vins français ne représentent pas de danger vis-à-vis du cadmium » assure Matthieu Dubernet
La veille des laboratoires œnologiques Dubernet témoigne que le cadmium n’est pas une source de préoccupation pour les vins français. Le point avec Matthieu Dubernet, dirigeant du groupe.
La veille des laboratoires œnologiques Dubernet témoigne que le cadmium n’est pas une source de préoccupation pour les vins français. Le point avec Matthieu Dubernet, dirigeant du groupe.

La polémique autour du cadmium dans l’alimentation n’a cessé d’enfler ces derniers jours. Que peut-on dire en ce qui concerne le vin ?
Nous sommes capables de doser le cadmium dans les vins de façon rigoureuse et accréditée. Ça n’est pas vraiment un paramètre demandé, mais nous avons, somme toute, un peu de recul, grâce à un projet de recherche qui nous amène à réaliser des analyses multiparamétriques où le cadmium fait partie du lot. Lorsque les premières polémiques sont sorties dans la presse je me suis empressé de prendre les devants et d’éplucher nos données.
J’ai ainsi recensé 619 analyses de cadmium représentant un panel de vins de toute la France et de tous modes de culture. Pour 466 d’entre elles, soit 75 %, le cadmium n’est pas perçu par les appareils d’analyses, la limite de quantification étant à 0,25 µg/l. Dans les autres cas, les valeurs sont systématiquement inférieures à 3 µg/l (ce qui représente le seuil de recommandation défini par l’OMS pour l’eau potable, ndlr).
D’où peut provenir ce cadmium détecté en très faible quantité dans les 25 % des vins analysés ?
Il est naturellement présent dans les roches, et selon la géophysique locale il peut se retrouver dans les sols, d’où il est absorbé par la vigne. Nous avons essayé de voir si nous trouvions sur ces 619 échantillons des corrélations ou des effets d’origine, mais nous n’avons rien trouvé. La thèse des engrais chimiques ne se vérifie pas.
La filière vin doit-elle se détacher de l’alerte lancée par un groupe de médecin ?
Il est nécessaire de rester vigilant, bien sûr, mais il n’y a pas lieu de s’affoler. L’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’Efsa, a conclu il y a quelques années que l’exposition au cadmium a augmenté ces 20 dernières années. Mais pas que l’on était face à un risque sanitaire. L’agence recommande d’être regardant, c’est notamment pour cela que l’OIV s’est d’ores et déjà penchée sur le sujet et a prévu de réduire de moitié sa recommandation de teneur maximale réglementaire dans le vin, passant de 10 à 5 µg/l. Mais soyons honnêtes, dans nos flacons, la molécule de cadmium représente de loin un danger moins important pour la santé que celle d’éthanol…