variété étrangère

Le cépage espagnol morrastel donne des vins frais

 

Un cépage méditerranéen tolérant à la sécheresse

Le morrastel est un cépage rouge d’origine espagnole, de la région de la Rioja, où il se rencontre sous le nom de graciano. Inscrit au Catalogue officiel des variétés de vigne de raisins de cuve sur la liste A, il est implanté en France sur quelques hectares de domaines viticoles de l’arc méditerranéen. « On le croise également dans des vieilles parcelles du Sud-Ouest, souligne Olivier Yobrégat, responsable du matériel végétal à l’IFV pôle sud-ouest. C’est un cépage qui semble tolérant à la sécheresse et à la chaleur. »

C’est l’une des raisons qui a conduit Jean-Philippe Granier, du Domaine Mas Granier dans le Gard, à réimplanter ce cépage (son père l’ayant déjà introduit trente ans auparavant) sur 50 ares de son domaine viticole. « Le morrastel résiste très bien à la sécheresse et offre à maturité des vins avec des degrés aux environs de 13-13,5 % vol. », précise-t-il. Cette caractéristique en fait un cépage adapté au changement climatique.

Le morrastel est assez peu sensible aux maladies mais, suivant les années, il peut être attaqué par la pourriture grise du fait des ses grappes compactes. « Dans les collections de l’IFV sud-ouest, il se montre sensible aux maladies du bois », remarque également Olivier Yobrégat. Une faiblesse confirmée par Cécile Delucchi du Clos Centeilles, dans l’Hérault, qui le juge « sensible à l’esca ». À noter également qu’il peut être impacté par la cicadelle des grillures.

Un cycle végétatif très tardif

 

Le débourrement du morrastel est tardif (12 jours après le chasselas) et sa maturité est très tardive (4 semaines après le chasselas). Au Mas Granier, il est récolté fin septembre, et au Clos Centeilles entre la première et la deuxième semaine d’octobre, afin d’atteindre sa pleine maturité phénologique. Le cépage présente un port érigé ou demi-érigé, il est vigoureux et rustique, à tailler court de préférence pour qu’il soit plus productif. « Chez nous, les rendements oscillent entre 30 et 35 hl/ha », indique Jean-Philippe Granier. Le morrastel affectionne tout particulièrement les sols frais argilo-calcaires se réchauffant très rapidement, associés si possible à des climats doux et humides. Toutefois il redoute les excès d’humidité.

C’est un cépage qui offre de belles grappes, grandes avec des petites baies.

Des vins à degré alcoolique modéré

Le morrastel conduit à des vins riches en couleur, avec un degré alcoolique modéré, une certaine acidité et une structure tannique moyennement intense mais fine, soyeuse, ronde et intéressante en bouche. Il présente des arômes d’épices, de poivre, de pruneau, de réglisse, mais aussi de fruits rouges. « C’est un cépage avec beaucoup de caractère et de la fraîcheur, témoigne Jean-Philippe Granier. En 2018, nous avons fait une cuvée 100 % morrastel et en 2022, que nous l’avons assemblé avec trois cépages méditerranéens que sont la syrah, le grenache et le mourvèdre. » Au Clos Centeilles, Cécile Delucchi apprécie la richesse et la fraîcheur de ce cépage, qui est assemblé avec trois autres cépages oubliés (piquepoul noir, riveyrenc noir et œillade) dans la cuvée le C de Centeilles. « Au fil des années, le morrastel révèle sa finesse et exprime toute la générosité du soleil d’un cépage résolument méditerranéen », estime la vigneronne.