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« La taille minimale m’a permis de répondre à la pénurie de main-d’œuvre »

Christophe Estampe, viticulteur audois, constate que le passage de la taille traditionnelle à la taille minimale impacte positivement les charges par hectare. Et ce, que ce soit à la taille ou au relevage.

Depuis près de trente ans que Christophe Estampe applique la taille minimale, il constate beaucoup moins de maladies de bois sur les vignes ainsi conduites.
Depuis près de trente ans que Christophe Estampe applique la taille minimale, il constate beaucoup moins de maladies de bois sur les vignes ainsi conduites.
© Christophe Estampe

« Il y avait un manque cruel de main-d’œuvre, que ce soit qualifiée ou non qualifiée : la taille en haie nous a permis d’y faire face », introduit Christophe Estampe, viticulteur et pépiniériste viticole à La Redorte, dans l’Aude. Aujourd’hui installé au sein du Gaec Maxandre avec son épouse Nathalie et ses deux enfants, Christophe Estampe cultive 40 hectares de vigne en IGP pays d’oc, avec une vingtaine de cépages différents. Également cogérant en SARL de la pépinière du Minervois, il fait depuis longtemps face à la pénurie de main-d’œuvre.

« Dès les années 1990, j’ai été confronté à cette situation, se remémore-t-il. Il fallait donc mécaniser davantage. Sur la pépinière, c’était difficile d’aller plus loin. Nous l’avons donc fait sur l’exploitation viticole. » La taille constitue de loin le poste le plus gourmand en main-d’œuvre. Christophe Estampe s’essaie donc en 1995 à la taille arbustive, aussi appelée taille minimale ou taille en haie, sur une parcelle de chardonnay. « Elle était en sursis, nous hésitions à l’arracher, plante le viticulteur. Mais près de trente ans après, cette parcelle est toujours en production. Pour l’instant, elle nous donne encore pleinement satisfaction. » Si les deux premières saisons, la végétation est très luxuriante, la vigne finit par s’autoréguler et par produire, sans irrigation ni fertilisation supplémentaires, entre 10 et 15 tonnes par hectare à 13,5 à 14,5 % vol., « comme une vigne traditionnelle », observe le vigneron.

 

 
Christophe Estampe assure la taille minimale à l'aide d'une écimeuse 2 x 1/2 rang, qu'il passe juste après les vendanges quand les sarments n'ont pas encore durci.
Christophe Estampe assure la taille minimale à l'aide d'une écimeuse 2 x 1/2 rang, qu'il passe juste après les vendanges quand les sarments n'ont pas encore durci. © C. Estampe

Les deux premières années, la vigne nécessite un peu de travail pour monter un cordon à 1,60 m, d’un côté la première année, de l’autre la seconde. « Il faut compter une trentaine d’heures par hectare chaque année », précise Christophe Estampe. Un investissement en temps pour l’avenir. "À partir de la troisième année, la tenue de la conduite de la vigne se résume à un passage d’une écimeuse 2 x 1/2 rang, au rythme de 1h30 à 2 heures par hectare, auxquelles il faut rajouter 1 à 1h30 de rattrapage manuel, pour éliminer certains sarments tombants », estime-t-il. Le passage d’écimeuse pour la taille a lieu après la vendange quand les bois sont encore tendres.

Une métamorphose de la vigne qui modifie l’itinéraire cultural

Outre le changement du port de la vigne qui peut être perçu comme inesthétique, notamment en hiver, le passage à la taille en haie modifie la physiologie de la culture et son itinéraire cultural. « La récolte est retardée de quelques jours, comme en taille rase, constate le viticulteur. Après deux années de développement important de la végétation, la vigne finit par se stabiliser : les grappes sont plus petites, plus compactes, plus concentrées. Les baies ont une pellicule plus épaisse. Les feuilles sont plus petites et le volume de feuillage moins important. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’épaisseur de feuillage est plus facile à traverser. »

 

 
Christophe Estampe, viticulteur à La Redorte dans l'Aude : « Ma parcelle en taille minimale est la plus rentable de l'exploitation. »
Christophe Estampe, viticulteur à La Redorte dans l'Aude : « Ma parcelle en taille minimale est la plus rentable de l'exploitation. » © L. Vimond

Christophe Estampe se contente d’un aéroconvecteur qu’il passe un rang sur deux, tous les rangs quand la pression de maladie est très forte. Comme les grappes sont toutes apparentes, elles sont moins sujettes au développement de maladies. « En revanche, elles sont plus exposées en cas de coup de chaud », fait remarquer le viticulteur.

La fin des relevages et moins de maladies du bois

« L’autre effet bénéfique concernant la main-d’œuvre, c’est qu’il n’y a plus de relevage », apprécie Christophe Estampe. Les passages d’écimeuse suffisent à maîtriser la végétation. Le viticulteur constate également un impact positif sur les maladies de bois, beaucoup moins fréquentes, ce qui se solde aussi par une mortalité moindre. « Comme les sarments sont plus petits, ce mode de conduite génère moins de plaies de taille », analyse Christophe Estampe.

Les jeunes bois laissés sur la vigne finissent par tomber au bout de quelques saisons. Sur sa récente machine à vendanger, le viticulteur s’est doté d’extracteurs et d’un trieur pour éliminer ces morceaux de bois secs qui tombent avec la récolte. « La récolte est propre et dépourvue de pétioles », savoure-t-il. Christophe Estampe a en revanche équipé sa machine à vendanger de secoueurs supplémentaires, par rapport à un mode de conduite traditionnel. « Sur ma Grégoire GL7, j’en ai une vingtaine », observe-t-il. Au bout du compte, la première parcelle de chardonnay qu’il a taillée en haie « est aujourd’hui la plus rentable de l’exploitation ».

Plusieurs modes de taille sur l’exploitation

Expérimentateur dans l’âme, Christophe Estampe fait cohabiter plusieurs modes de taille sur son exploitation. « Le choix dépend notamment des cépages, explique-t-il. Et pour un même type de taille, je modifie les réglages. » Il prend pour exemple la taille rase. « Certains cépages n’ont des bourgeons fructifères qu’à partir du troisième œil : pour ceux-ci, je réalise une coupe moins sévère », illustre-t-il.

Entre la taille minimale et la taille rase, la résistance aux événements météorologiques diffère. Christophe Estampe constate notamment un meilleur comportement de la taille rase conduite en cordon libre, face à la sécheresse et aux coups de chaud. À l’inverse, face au gel, la taille minimale affiche une meilleure résilience que la taille rase ainsi menée.

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