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IA : un indice de confort des porcs calculé en temps réel

La plateforme IA TellCozy permet d’affiner les réglages de l’ambiance des salles grâce à l’analyse en continu du comportement des porcs par une caméra infrarouge et de capteurs connectés.

En test depuis plusieurs mois dans une poignée d’élevages pilotes, comme celui de Sébastien Brishoual, à Tréméven, la plateforme d'intelligence artificielle TellCozy est désormais disponible dans sa version commerciale. Le dispositif, installé dans l’une des salles d’engraissement du site multiplicateur de 320 truies, comprend des sondes connectées de température, d’hygrométrie, d’ammoniac et de CO2 et une caméra infrarouge captant les images de la case, de jour comme de nuit. Le tout est relié à un logiciel d’analyse, utilisant des algorithmes basés sur l’intelligence artificielle. Il retranscrit en temps réel l’évolution des paramètres d’ambiance et de comportement des animaux, sous forme de graphiques et de curseurs synthétisés sur un tableau de bord. « Il s’agit d’un véritable outil d’hypervision de la conduite d’élevage », souligne Jean-Luc Martin, qui a développé la solution TellCozy, récemment primée par un Innov’space.

 

 
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Melaine Le Goff, salarié de l'élevage, tient l'un des capteurs d'ambiance. Au plafond, la caméra infrarouge capte les images jour et nuit. © A. Puybasset

Un indicateur de répartition dans la zone de vie

Le dirigeant de la société Tell Élevage, spécialisée dans les diagnostics numériques des bâtiments d’élevage, est reparti du système d’analyse de capteurs et d’images de l’entreprise Copeeks, qu’il a reprise en 2023. Il a fait développer la plateforme IA avec un nouvel indicateur d’interprétation du confort des animaux. « Dénommé IRS pour « indice de répartition spatial des animaux », cet indicateur « révolutionnaire » permet de déterminer si les animaux sont bien ou pas, en fonction de la façon dont ils occupent leur espace de vie. » Il tient aussi compte du niveau d’activité et de la position de chaque individu : debout, couché ou en décubitus latéral, c’est-à-dire allongé sur le côté. « Cette position, que l’on a dénommée cozy (confort en anglais) est le signe d’un animal serein. Le meilleur capteur qui soit pour piloter l’ambiance d’une salle, c’est l’animal, d’où l’intérêt de relier l’observation du comportement aux paramètres d’ambiance. »

Une observation nocturne des animaux

L’objectif initial de la plateforme TellCozy est de mesurer concrètement l’impact des préconisations qui ont été faites lors d’un diagnostic du bâtiment et des équipements de ventilation. Une fois installé en permanence dans l’élevage, il devient aussi un outil de mesure en continu du bien-être. L’intérêt est de mieux anticiper des problématiques de comportement, comme la morsure des queues et de réagir au plus vite. « Grâce à la capture d’images en continu, notamment de nuit et en l’absence de l’homme, TellCozy est capable de détecter des changements difficilement visibles. »

Vers une communication entre automates

Évolutif et personnalisable, cet outil d’aide à la décision émet chaque semaine un rapport élaboré grâce à l’IA. Il permet la comparaison entre lots et entre bâtiments. Bientôt, l’éleveur pourra recevoir sur son smartphone des alertes en cas de dépassement des limites fixées. « C’est un système ouvert, donnant la possibilité d’importer d’autres types de données : poids, mortalité, consommations en eau et d’aliment… » L’objectif à terme est de rapprocher par l’intelligence artificielle ces différentes données centralisées. Il s’agira aussi d’intégrer les prédictions météo générées par l’IA… voire dans un avenir plus lointain d’agir directement sur les boîtiers de ventilation.

La solution TellCozy est commercialisée 3 500 euros, auxquels s’ajoute un abonnement mensuel de 60 euros (ou 45 euros sans l’IRS).

« Pas de morsures de queues sur nos cochettes »

Chez Sébastien Brishoual, l’impact positif des changements sur la ventilation a été démontré sur le comportement et les paramètres d’ambiance, analysés par la plateforme IA.

« Avec la mesure du comportement en temps réel, on s’est autorisé à faire des modifications des paramètres de ventilation qu’on n’aurait pas osé faire auparavant », explique Sébastien Brishoual, à la tête d’un élevage de 320 truies en multiplication à Tréméven dans le Finistère. Il fait partie des élevages pilotes expérimentant la plateforme TellCozy et dont les observations de terrain contribuent à enrichir au quotidien les algorithmes de l’intelligence artificielle. La caméra infrarouge et les capteurs d’ambiance ont été installés en décembre 2024 dans une des salles d’engraissement, après la réalisation d’un diagnostic de bâtiment TellElevage, préconisant notamment de modifier les ouvertures de trappe afin d’améliorer le circuit d’air. Les réglages ont été affinés trappe par trappe, en vérifiant à chaque étape l’impact sur le comportement des animaux. Les minimums de ventilation ont été débridés. « Les résultats obtenus confirment l’influence de la ventilation sur la répartition des animaux. En supprimant les zones de retombées d’air froid, les cochettes ont mieux occupé la surface de la case, le caillebotis était plus sec du fait d’une meilleure répartition des déjections. L’objectif d’hygrométrie a été baissé de 10 % pour atteindre 60 %, sans que soient modifiés les débits de ventilation. Cela a aussi contribué à baisser la teneur en ammoniac (objectif inférieur à 10 ppm) », analyse Jean-Luc Martin.

« Avec une meilleure ambiance, on exprime au maximum le potentiel génétique des animaux », poursuit l’éleveur. Cela s’est traduit par une amélioration de la croissance et de l’indice de consommation des cochettes (95 kg à 140 jours avec une courbe d’alimentation serrée à 97 %). De même, il n’y a pas eu de mortalité, ni de problèmes de boiterie ou de caudophagie. « C’est un plaisir de travailler avec des cochons calmes, d'un comportement facile, qui consomment bien et sont en bonne santé », poursuit son salarié Melaine Le Goff, appréciant l’impact sur son confort de travail (pas de traitement à réaliser, air moins chargé en ammoniac).

Sébastien Brishoual, à Trémélen (Finistère)

« À terme, l’IA pilotera la ventilation »

 

 
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Sébastien Brishoual © A. Puybasset

« Avec des coûts d’investissement en engraissement qui ont doublé au cours des dernières années pour atteindre 600 euros par place, il est d’autant plus important d’avoir des bâtiments et des équipements de ventilation parfaitement réglés pour garantir les performances technico-économiques de l’élevage. Grâce à l’observation des animaux 24h/24h, l’IA permet de détecter des problématiques que l’on n’avait pas vues ou que l’on ne connaissait pas. Elle permet d’affiner en permanence les réglages de la ventilation pour assurer un bon circuit d’air, variables d’une salle d’engraissement à l’autre. L’ambiance peut aussi être influencée par la température extérieure et impacter le comportement des animaux. Je pense qu’à terme, l’IA pilotera directement les paramètres de ventilation de nos bâtiments d’élevage. »

L’indicateur de répartition IRS mesuré chaque quart d’heure

Fixée au plafond à trois mètres de hauteur, la caméra équipée d’une vision infrarouge permet l’observation des animaux de jour comme de nuit. Les images captées toutes les 5 minutes ainsi que les vidéos (toutes les 15 minutes) sont analysées par un logiciel, développé sur mesure par un prestataire, utilisant la reconnaissance d’images par l’IA ("computer vision"). Il calcule toutes les 5 minutes à chaque quart d’heure un indice de répartition des animaux dans leur zone de vie. En porc, l’objectif est d’atteindre un indice de 70, sachant qu’un niveau de 100 correspond à un cochon réparti sur un mètre carré.

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