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Marché du blé dur
StatCan ne calme pas les craintes de pénurie en blé dur

Un risque de pénurie de pâtes alimentaires en Algérie est possible, lié notamment à la faible récolte canadienne de blé dur. En France, les industriels espèrent un marché fluide.

© TanteTati-Pixabay

Le rapport de StatCan table, au 30 août, sur une récolte canadienne de blé dur à 3,99 Mt pour 2021/2022, confirmant les tensions sur le marché mondial, sachant que la récolte canadienne est loin d’être achevée. Ce chiffre pourrait donc être révisé, des rapports étant attendus le 14 septembre et le 3 décembre. Le potentiel d’export canadien passe de près de 6 Mt l’an dernier à 3,7 Mt environ cette année, selon le cabinet d’analyse Stratégie Grains. Si les conséquences sur l’approvisionnement européen étaient limitées, le cas algérien préoccuperait davantage, selon Séverine Omnès-Maisons, analyste de Stratégie Grains.

 

 

La récolte algérienne 2021 a été très mauvaise, la rendant particulièrement dépendante du blé dur canadien, mais le pays n’a pas forcément beaucoup de moyens pour importer. « En 2020 lors des premiers confinements liés à la Covid-19, il y a eu des pénuries de pâtes dans les magasins algériens. Il n’est pas impossible que ce scénario se reproduise en 2021 », s’inquiète Séverine Omnès-Maisons.

"Switch" difficile entre blé dur et blé tendre pour l'Algérie

Le Canada approvisionne, notamment, les États-Unis, l’Union européenne, la Turquie et donc l’Afrique du Nord. Les premiers devraient être prioritaires pour les ventes canadiennes, d’après Stratégie Grains. Dans l’Union européenne, l’analyste voit les importations canadiennes reculer fortement par rapport à l’an dernier, la zone ayant un minimum de volumes locaux disponibles (Italie, France, Grèce, Espagne, etc.). En Afrique du Nord, « l’Algérie pourrait un peu “switcher” sur du blé tendre, mais on ne l’a jamais vraiment vu faire », prévient Mélanie Mezza, dirigeante du cabinet de courtage Victor Giral.

Quelles conséquences pour les exports français de blé dur?

La France pourra-t-elle exporter davantage sur l’Algérie ? « L’Algérie devra faire des efforts sur la qualité, au vu des faibles disponibilités mondiales, et peut bénéficier d’un bon taux de fret depuis la France. Néanmoins, nous n’avons pas beaucoup de volumes, et la demande européenne est là. D’habitude, nous n’envoyons que de petits bateaux sur l’Algérie. Si nous y expédions un à deux bateaux de 25 000 t, ce sera bien », analyse Mélanie Mezza. La mauvaise situation canadienne et les besoins algériens accrus ne devraient donc guère avoir d’effet sur les exports français.

La qualité du blé dur canadien à scruter !

Les volumes canadiens sont faibles, mais la qualité pose question. S’il est encore trop tôt pour se prononcer, la récolte étant en cours, les fortes chaleurs auraient provoqué l’apparition de grains atrophiés, prévient Stratégie Grains. Ensuite, des pluies tombent en pleine moisson, potentiellement néfastes pour la qualité (temps de chute de Hagberg, poids spécifique, mitadin…).

En France, Jean-Victor Bregliano, directeur des achats Filière blé dur de Panzani et représentant du Sifpaf auprès de FranceAgriMer, rappelle que « les industriels n’importent pas ou très peu ». Il tient toutefois à prévenir sur la nécessité de maintenir la fluidité des approvisionnements, « et de ne pas faire de la rétention. Nous sommes de bons clients : nous achetons français quoi qu’il arrive. Il ne faudrait pas que la France ait recours aux importations ».

Sur BFMTV le 27 août, Michel-Édouard Leclerc, dirigeant du groupe éponyme, déclarait craindre une augmentation du prix des pâtes de 23 %, notamment en raison de la spéculation. Jean-Victor Bregliano répond que la hausse des prix est essentiellement liée à des fondamentaux mondiaux très tendus, ce que valide StatCan.

Intercéréales réagit, réunion avec le ministre le 2 septembre

Dans un communiqué du 2 septembre, Intercéréales soutient les déclarations de Jean-Victor Bregliano, expliquant que « le ministre de l’Agriculture réunissait hier la filière céréalière, les fabricants de pâtes et les distributeurs dans un contexte de baisse importante de la récolte de blé dur dans le monde (notamment au Canada,1er producteur mondial) et de stocks historiquement faibles à l’origine de l’évolution à la hausse des cours ces dernières semaines. Au cours de cette réunion, il a été rappelé que le marché du blé dur, marché de gré à gré, n’est soumis à aucune spéculation et que le prix dépend uniquement des récoltes et des stocks disponibles ».

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