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[Réchauffement climatique] Brumisation et douchage, deux leviers à utiliser avec prudence

Ces deux techniques sont envisageables en dernier recours. Attention, elles ne doivent pas contribuer à augmenter l’humidité dans le bâtiment.

La brumisation peut être déclenchée lorsque la température atteint 27-30 °C en complément de la ventilation mécanique. © B. Fagoo
La brumisation peut être déclenchée lorsque la température atteint 27-30 °C en complément de la ventilation mécanique.
© B. Fagoo

L’investissement dans un système de brumisation ou de douchage est envisageable quand il y a beaucoup de jours à plus de 27-30 °C. « Ce n’est donc pas la priorité dans la majeure partie des élevages français actuellement », prévient Bertrand Fagoo, de l’Institut de l’élevage.

« L’objectif est de faire évaporer l’eau dans le bâtiment. Cela permet de consommer des calories et donc de dissiper la chaleur. » Autrement dit, on ne recherche surtout pas à augmenter l’humidité dans le bâtiment. Utilisés dans un bâtiment fermé ou mal ventilé, ces équipements aggravent la situation car la vache est sensible aux excès de température mais aussi d’humidité. Dans la majorité des cas, ils vont de pair avec de la ventilation mécanique. « Pour atténuer l’impact du stress thermique, les ventilateurs peuvent démarrer entre 15 et 22 °C suivant les cas, et l’utilisation de l’eau pour rafraîchir les animaux entre 27 °C et 30 °C quand la ventilation mécanique tournera quasiment à plein régime. »

Baisse de la température autour de l’animal

La brumisation consiste à projeter en suspension dans l’air de très fines gouttelettes d’eau qui se transforment en vapeur. Elle vise à faire baisser la température autour de l’animal. La brumisation vient en complément de l’action des ventilateurs. En théorie, on pourrait abaisser la température ressentie par l’animal de 3 à 5 °C. « On n’atteint pas ces performances dans des bâtiments de grand volume. Il faudrait multiplier les ventilateurs et les kits de brumisation, ce qui n’est jamais le cas dans nos élevages », constate cependant Bertrand Fagoo.

La brumisation peut être réalisée à l’aide d’une rampe de buses installées sur la longueur du bâtiment en complément de ventilateurs indépendants. On privilégie alors la haute pression (entre 50 et 100 bars). Autre système plus fréquent, certaines sociétés proposent de coupler la brumisation avec leurs ventilateurs.

Côté mode d’emploi, un brumisateur ne doit pas fonctionner en permanence. « Par nature, la vache est un insuffisant respiratoire. Et si vous rajoutez trop d’eau dans l’air, vous renforcez son problème respiratoire », explique Denis Denion, consultant chez Seenovia.

Un entretien régulier pour les brumisateurs

Par ailleurs, la qualité du réglage est primordiale. Le déclenchement de la brumisation doit tenir compte de l’hygrométrie. Certains équipements intègrent une sonde hygrométrique pour gérer la mise en route de la brumisation en fonction de l’hygrométrie dans le bâtiment. En effet, la brumisation est déconseillée au-dessus de 65-70 % d’hygrométrie. Si le principe est bon, il se heurte toutefois à certains écueils sur le terrain. « Les sondes hygrométriques dérivent très vite dans le temps et manquent par conséquent de fiabilité », constate Bertrand Fagoo.

Le nombre de séquences et la durée de la brumisation doivent être réglés en fonction de l’intensité des périodes de chaleur. « Tout dépend de la température à laquelle on démarre. Un pilotage des systèmes est utile. » L’entretien du brumisateur (vidange et nettoyage des buses) est primordial pour éviter le développement de biofilms propices à la formation de grosses gouttes d’eau. « Il devra être régulier avec un démontage complet et un nettoyage avant l’hiver. L’adoucisseur d’eau est plus qu’une option », prévient Bertrand Fagoo.

 

 
Lors du douchage, les ventilateurs tournent à faible vitesse puis à 100 % pour évaporer rapidement et « consommer » des calories.  © B. Fagoo
Lors du douchage, les ventilateurs tournent à faible vitesse puis à 100 % pour évaporer rapidement et « consommer » des calories. © B. Fagoo

 

De son côté, le douchage a pour objectif d’amener de l’eau sur la ligne de dos et l’arrière de l’animal pour abaisser sa température corporelle. Il réduit plus vite la température corporelle de l’animal que la brumisation. Il s'utilise plutôt sur l’aire d’attente ou à l’auge. En France, il est le plus souvent associé à des ventilateurs à flux horizontal de nouvelle génération apportant des vitesses importantes (de 1 à 3 m/s) au niveau de l’animal. « L’apport de froid peut être perturbant pour l’animal. » À la différence de la brumisation, le système envoie de grosses gouttelettes à une pression comprise entre 1 et 3 bars. Son déclenchement varie selon la température ambiante. « Lors du douchage, les ventilateurs tournent à faible vitesse puis à 100 % pour évaporer rapidement et « consommer » des calories. »

A savoir

L’objectif est de faire évaporer l’eau dans le bâtiment. Cela permet de consommer des calories et donc de dissiper la chaleur. On ne recherche surtout pas à augmenter l’humidité dans le bâtiment.

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