Quelle conséquence de la hausse de la part des aliments pour bovins en Bretagne sur les incorporations de céréales ?
Lors du Carrefour international des matières premières, qui a eu lieu en marge du Space 2025 le 19 septembre dernier, FeedSim Avenir et Nutrinoë ont présenté les dernières tendances de l’alimentation animale bretonne.
Lors du Carrefour international des matières premières, qui a eu lieu en marge du Space 2025 le 19 septembre dernier, FeedSim Avenir et Nutrinoë ont présenté les dernières tendances de l’alimentation animale bretonne.

En Bretagne, le secteur de l’aliment pour bovins a le vent en poupe. D’après les chiffres présentés par Nutrinoë, le syndicat professionnel de la nutrition animale bretonne, celui-ci a progressé de 3,1 % sur l’année 2024 et de 4,4 % sur la campagne 2024-2025, portant les volumes produits en 2024-2025 à 1,340 Mt. La tendance s’accentue même sur l’année 2025 et se confirme sur le mois de juillet dernier. Plus spécifiquement, « cette hausse des volumes concerne la vache laitière et le taurillon laitier », a précisé Ludovic Michel, président de FeedSim Avenir et de Nutrinoë. Pour lui, cet essor s’explique par « la rationalisation des élevages, la démocratisation des robots de traite et des prix du lait favorables ».

Cette hausse de la part de l’aliment bovin dans les fabrications en Bretagne (supérieure à 20 % en juillet 2025) a des conséquences directes sur les utilisations de matières premières pour l’alimentation animale, orientant notamment à la baisse les volumes de céréales utilisés.
La progression de l’aliment pour bovin réduit les incorporations de céréales en Bretagne
Alors que les secteurs de la volaille et du porc font face à une conjoncture plus difficile, les volumes d’aliment destinés à ces deux espèces reculent de 1,8 % en volaille sur la campagne 2024-2025, et de 0,6 % en porc. Les fabrications ne vont pas en s’améliorant sur le mois de juillet 2025, spécialement en porc. « On observe une diminution lente et constante des volumes en porc », a expliqué Ludovic Michel.

La part des aliments pour bovins progresse donc en Bretagne. « Avec le développement des ruminants, on a une concentration en protéine de l’aliment pour bovins en complémentation fourragère », précise-t-il. L'utilisation de la protéine de soja augmente de fait, au détriment des céréales et de leur apport énergétique. « L’autoconsommation de céréales sur l'exploitation agricole réduit également le besoin dans les aliments composés », ajoute-t-il. Les céréales continuent tout de même de représenter la moitié du total des matières premières utilisées par l’industrie de l'alimentation animale.
Stabilité des incorporations de tourteaux
Du côté des tourteaux, les mises en œuvre en alimentation animale en Bretagne sont sur une tendance de stabilité. Leur part dans les aliments composés augmente cependant légèrement en 2024, pour atteindre 29 % du total des matières premières, à 2 Mt. En 2024, ce sont les volumes de tourteau de soja OGM et de tournesol qui ont progressé, au détriment du colza. Le tourteau de soja garde sa place de numéro un. « Sur le début 2025, la tendance est plutôt à la hausse des mises en œuvre en colza, et de tournesol en fonction des disponibilités », précise Ludovic Michel. « Le tourteau de soja non OGM est utilisé en fonction des disponibilités du tourteau de tournesol highpro », ajoute-t-il.
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Sur les mois à venir, pour Roch de Gabrielli, trader chez Bunge, « le tourteau de tournesol, dont le prix est resté très haut, sort un peu des formulations, tandis que le tourteau de colza arrive à un prix de ratio similaire et y rentre ».
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Et dans le reste de la France ?
Selon les derniers chiffres du Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale) et de La Coopération agricole – Nutrition animale, la tendance haussière sur les aliments pour bovins se retrouve à l’échelle nationale, ainsi que les baisses de volume en porc. En revanche, l’achèvement de la reconstitution des élevages post-grippe aviaire continue de soutenir la hausse des volumes en volaille en France.

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Du côté des incorporations, selon Agreste, celles de blé ont progressé sur le deuxième trimestre 2025, tandis que celles de tourteau de soja ont fortement augmenté sur la même période, au détriment du tourteau de tournesol et de colza.
Incorporations de céréales et tourteaux pour l'alimentation animale | ||||||||
Incorporations, cumul avril-juin | Cotations, moyenne avril-juin | |||||||
2024 | 2025 | Évolution | 2024 | 2025 | Evolution | |||
Millier de tonnes | Millier de tonnes | % | € par tonne | € par tonne | % | |||
Blé | 1 083 | 1 137 | 5,0 | 194,7 | 181,1 | -7,0 | ||
Maïs | 752 | 752 | 0,0 | 188,4 | 178,1 | -5,5 | ||
Orge fourragère | 257 | 276 | 7,5 | 187,8 | 177,5 | -5,4 | ||
Tourteau de soja* | 726 | 855 | 17,7 | 446,4 | 338,9 | -24,1 | ||
Tourteau de colza | 608 | 544 | -10,5 | 317,2 | 267,1 | -15,8 | ||
Tourteau de tournesol | 432 | 312 | -27,9 | 305,9 | 271,1 | -11,4 | ||
*Les données des productions françaises n'étant plus disponibles, les incorporations de tourteau de soja sont approchées par les importations nettes d'exportations. | ||||||||
Sources : Agreste (disponibilités en tourteaux), FranceAgriMer (incorporations des céréales dans les aliments composés), la Dépêche‑Le Petit Meunier, Douanes, SGFHTF | ||||||||