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Porte ouverte à Guéhébert (Manche)
Un bloc naissage de 230 truies qui associe bien-être et biosécurité

Les membres du Gaec de la Bauquière ont voulu un bâtiment répondant aux exigences d’une production de qualité : équipements performants, optimisation du travail et bien-être des animaux.

Les quatre associés du Gaec de la Bauquière à Guéhébert, dans la Manche, François Capelle, Stéphane Lecoeur, Antoine Thomas, David Lepesqueux, ont ouvert les portes de leur nouveau bloc naissage de 230 truies en multiplication Danbred lors d’une journée organisée en partenariat avec Seretal. « Cette réalisation est une suite logique de l’évolution de l’exploitation, qui comprend également un troupeau de 170 vaches laitières et 220 hectares de SAU », explique François Capelle, qui s’occupera de l’élevage de porcs avec son salarié Jonathan Boudet. « Elle remplace notre ancien bloc naissage de 160 truies qui était devenu obsolète. Ces bâtiments ont été rénovés pour faire de nouvelles places d’engraissement en complément de l’existant. » Le choix de faire de la multiplication allait de soi. « Danbred cherchait un multiplicateur dans la Manche. Notre environnement sanitaire est favorable : le plus proche élevage est à 4 kilomètres. Les vents dominants viennent de la mer toute proche. »

Pour mener à bien un projet durable dans le temps, les éleveurs ont pris en compte les exigences de performance, de biosécurité et de bien-être animal demandées aujourd’hui à un bâtiment. Ils ont choisi une alimentation soupe performante pour les truies et l’engraissement. La ventilation salle par salle intègre un procédé innovant de répartition de l’air entrant dans les salles. Les maternités et les post-sevrages ont été conçus pour être lavés intégralement entre chaque bande. La conception des deux quais d’embarquement (l’un pour les cochettes, l’autre pour les porcs charcutiers) limite les risques de contamination par l’extérieur. Enfin, l’accent a été mis sur le bien-être animal, avec en particulier le choix fort de cases de mise bas liberté en maternité.

En chiffres

Le projet :

230 truies en multiplication (Danbred)
7 bandes, sevrage à 28 jours
390 porcelets sevrés par bande
6 000 porcs vendus, dont 2 000 cochettes
60 places maternités bien-être
200 places verraterie gestantes
29 places quarantaine
600 places de post-sevrage
1 700 places d’engraissement rénovées

En savoir plus

Les fournisseurs

Lerétrif-Rossard
Adaf Somatherm/Tuffigo-Rapidex
Rose
Fournier
SARL Brossard
Coquelin
Fancom

Les investissements

Alimentation soupe : distribution de précision sans sondes d’auge

La préparation et la distribution des repas de soupe pour les truies et l’engraissement sont assurées par une seule cuve de 1 500 litres. « Nous ne calculons plus le volume de cette cuve en fonction du nombre de porcs charcutiers à alimenter, mais sur la base du plus petit repas à préparer afin d’obtenir une préparation homogène », explique Bruno Robert, de Tuffigo-Rapidex. Pour un atelier naisseur engraisseur, il prend généralement en compte les besoins des truies en début de lactation, dont la ration quotidienne est divisée en trois repas. « Une cuve de 1 500 litres peut préparer correctement 200 litres de soupe. » La distribution est assurée par quatre circuits : un pour la maternité, un pour la verraterie-gestante, et deux pour les engraissements dans lesquels la soupe peut circuler dans les deux sens pour limiter les distances à parcourir. Pour tenir compte de l’éloignement des vannes de distribution, un variateur de fréquence module la vitesse de circulation de la soupe dans le circuit afin de maintenir une pression constante, et donc un débit constant. Les menus sont séparés physiquement dans les circuits par des bouchons. L’installation comprend également une cuve de reste pesée pour éviter les arrêts de distribution. « Nous arrivons ainsi à distribuer de petites quantités de soupe à chaque vanne en maternité, sans faire appel à des sondes d’auge. » Ce mode de gestion de la soupe se justifie également en verraterie-gestante et en engraissement, où les distributions sont multipliées avec le développement des programmes multiphases.

Ventilation : un flux d’air adapté à tous les débits

Les éleveurs ont choisi le Flud’R de Rose pour gérer les entrées d’air de toutes les salles du bloc naissage. « Ce module fixé au plafond et totalement autonome est adapté à tous les débits. La surface de diffusion se règle automatiquement pour que la vitesse d’entrée d’air soit constante à 5,5 mètres par seconde », explique David Jamier, technico-commercial Rose Charpente. Quand les débits sont faibles, des ailettes orientent l’air entrant parallèlement au plafond. « Ainsi, il a le temps de se réchauffer avant de descendre sur les animaux. » Si le débit augmente, le flux d’air arrivant dans le module pousse un obturateur, permettant ainsi d’augmenter la surface de diffusion et d’orienter le flux d’air en direction des animaux, « ce qui permet un meilleur ressenti en période chaude ». David Jamier insiste sur le fonctionnement autonome de l’installation. « Il n’y a pas de motorisation. L’orientation du flux et sa vitesse sont régulées uniquement selon le volume d’air entrant et la vitesse des ventilateurs définis par le boîtier de régulation. » Un module diffuse l’air sur un rayon de 2,25 mètres. « Il faut donc compter un Flud’R pour une auge de 30 porcs en engraissement. » Depuis sa mise en service en 2015 (il avait reçu un Innov’Space), Rose annonce avoir posé 2 000 modules en élevage.

Quai d’embarquement : priorité à la biosécurité

À l’heure de la mobilisation générale contre la fièvre porcine africaine, difficile pour un multiplicateur de passer à côté du sujet de la biosécurité. Au Gaec de la Bauquière, les deux quais d’embarquement et leurs règles d’utilisation ont été conçus pour éviter une introduction de gènes contaminants provenant de l’extérieur. Les cases d’attente sont accessibles par deux couloirs, l’un côté élevage séparé du couloir d’accès par une porte coulissante, l’autre côté extérieur pour le chauffeur. Celui-ci dispose d’un local équipé d’un lave-bottes et d’un lavabo, dans lequel une tenue spécifique est mise à sa disposition. L’accès au couloir côté élevage lui est interdit. Après chaque départ, le quai est lavé et désinfecté par l’extérieur avec des tenues spécifiques (bottes, cottes et tabliers). Ces tenues ne sont pas lavées dans l’enceinte de l’élevage. Les préfosses des deux quais sont séparées des autres préfosses.

La biosécurité a également été prise en compte pour la livraison des cochettes parentales par un camion sous air filtré. La quarantaine est située dans le bloc naissage. Mais les animaux y accèdent par une porte uniquement destinée à ce local, située à l’opposé du quai d’embarquement. Même traitement de rigueur pour les colis et le petit matériel d’élevage, déposés dans un sas dédié séparé matériellement de la zone d’élevage par un comptoir. Les éleveurs et les visiteurs doivent bien sûr passer par la douche avant d’entrer dans l’élevage. En revanche, les éleveurs n’ont pas choisi la filtration de l’air entrant, jugée inutile vu la faible densité porcine de la région.

Le quai d’embarquement se gère en deux zones

 

 
Le quai d'embarquement se gère en deux zones © Seretal
Source : Seretal

Maternité : la liberté pour les truies

Pour François Capelle, le choix de cases liberté en maternité semblait évident. « J’ai envie que les animaux soient bien dans leur environnement. Cela permet de mieux exprimer leur potentiel génétique, d’autant plus que la truie danbred est particulièrement docile et bien adapté à ce mode d’élevage. » L’éleveur a choisi le modèle Coquelin pour sa simplicité, sa robustesse et la proximité de l’entreprise qui permet un SAV efficace.

Les cases de 6,75 m2 (2,5 x 2,7 m) sont accessibles par un couloir avant, qui permet un accès facile à l’auge de la truie et au nid à porcelets. Les bat-flancs simples non articulés s’écartent facilement par l’avant pour faire entrer la truie, et par l’arrière pour configurer la case en mode liberté (3,5 m2 disponible pour la truie). Cette configuration permet d’avoir des cloisons de séparation basse en façade et sur les côtés protégés de la truie par les bat-flancs, mais haute (1 m) pour une bonne partie de la séparation arrière. Sous la truie, les caillebotis reposent sur une poutrelle inox permettant une meilleure évacuation des déjections qu’une poutre en béton. Les caillebotis porteurs truie sont en plastique, et métalliques à l’arrière. Il n’y a pas de trappe pour l’évacuation manuelle des déjections, jugée inutile par l’éleveur. Le plancher du nid à porcelet est composé d’une petite plaque chauffante de 0,48 m2, suffisante pour l’ensemble de la portée à la mise bas. Entre la plaque et l’auge de la truie, un petit gisoir plein non chauffé permet un complément de couchage pour les porcelets quand ils grossissent, portant la surface pleine à 0,72 m2 au total. Dans le couloir, de grandes trappes demandées par l’éleveur permettent d’accéder aux préfosses dont la pente vers les caniveaux situés au fond des cases favorise un nettoyage intégral entre chaque bande.

Post-sevrage : l’hygiène à tous les étages

Comme en maternité, les préfosses sont accessibles par une trappe tout le long du couloir central des salles de post-sevrage, pour un nettoyage complet entre chaque bande. Les porcelets sevrés à 28 jours séjournent cinq semaines en post-sevrage (2 bandes, pour une conduite en 7 bandes). Le sol des cases de 24 places est en caillebotis plastique intégral. L’alimentation est assurée par des nourrisseurs trespa-inox, et par des alimentateurs à bouillie dans deux cases destinées aux petits porcelets. Le circuit d’eau de chaque salle a été conçu pour une vidange en ligne. Le modèle d’abreuvoir choisi est spécifiquement conçu pour vidanger intégralement l’ensemble du circuit : la pipette est directement branchée sur la canalisation qui passe dans l’augette et non au-dessus, ce qui supprime une descente d’eau non vidangeable en ligne.

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