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Dans les Deux-Sèvres
Une visite sanitaire pour informer et alerter sur l’avortement

Xavier Pouquet, vétérinaire spécialisé en petits ruminants, a profité d’un bilan sanitaire chez Damien Veillon pour réaliser la visite sanitaire, obligatoire depuis janvier 2017.

L’arrêté du 24 septembre 2015 rend obligatoire la visite sanitaire dans les élevages ovins de plus de 50 animaux à partir de l’année 2017. Cette visite devra être réalisée tous les deux ans (elle est donc réalisée dans la moitié des élevages en 2017). Elle doit permettre au vétérinaire de vérifier l’état sanitaire des élevages et de questionner les éleveurs sur un thème précis afin de les sensibiliser. Pour cette première campagne, c’est le thème de l’avortement qui a été choisi. Le docteur Xavier Pouquet, en tant que vétérinaire spécialiste des petits ruminants, réalise ses visites au sein de sa clientèle. En général, il en profite pour réaliser simultanément le bilan sanitaire de l’élevage qui permet la délivrance pendant un an de médicaments au comptoir du cabinet sans passer par la case auscultation (la délivrance hors examen clinique). La visite doit permettre de renforcer le lien entre vétérinaire et éleveur et de recueillir des données épidémiologiques et sociologiques afin d’orienter les plans d’action collective à mener.

L’année 2016 a été une année difficile en termes de mortalité d’agneaux pour Damien Veillon qui est installé à Saurais dans le bocage de Gâtine (Deux-Sèvres). Le bilan sanitaire annuel réalisé par le docteur Xavier Pouquet, du cabinet Les Charmilles à Secondigny (79) est donc l’occasion de faire le point et de tenter de régler les problèmes rencontrés au cours de l’année par l’éleveur sur son cheptel de 1 100 brebis. L’éleveur a en effet été confronté à des diarrhées en série sur ses agneaux, associée à des problèmes d’agneaux baveurs et de septicémie. Cela s’est soldé par plus de 20 % de mortalité sur ses agneaux avec en conséquence une baisse de la productivité numérique de 1,3 pour une prolificité de 1,6 pour cette année. Les résultats d’analyse ont mis en évidence une colibacillose associée à de la cryptosporidiose.

Du colostrum pour des agneaux plus vigoureux, une mesure pour améliorer la santé du troupeau

L’éleveur met aussi en cause "les gros écarts de température qui sont survenus cette année, notamment autour du mois d’avril où il a pu faire très froid le matin avec des gelées". Le vétérinaire a aussi analysé avec l’éleveur la conduite du troupeau. Ils ont notamment fait un point sur l’alimentation. Sur ce pointn le vétérinaire a conseillé à l’éleveur de bien surveiller la buvée colostrale en faisant attention à ce que l’agneau boive bien la quantité nécessaire de colostrum et qu’il soit de bonne qualité. La mauvaise qualité des fourrages et le manque d’herbe sur l’année 2016 ont sans doute joué aussi un rôle non négligeable. Il ne voit rien à redire sur la conduite d’élevage rigoureuse et a du mal à expliquer au premier abord ce problème qui a engendré des pertes importantes. L’éleveur est peu soumis à des problèmes de parasitisme même s’il met ses brebis à l’herbe une bonne partie de l’année. Il les traite avec un antiparasitaire au moins une fois par an selon le moment de l’agnelage et de la mise à l’herbe et de la mise en lutte et réalise des examens coproscopiques. Le vétérinaire a aussi conseillé à l’éleveur de faire analyser son eau qui provient d’un forage et qui n’est donc pas traitée, car « même si l’éleveur peut boire cette eau sans mettre sa santé en danger, un agneau de quelques jours peut être sensible aux pathogènes présents ». Le docteur Pouquet espère « que les mortalités ne se reproduiront pas, sans quoi il faudra refaire des analyses complémentaires ». Une fois ce bilan rempli, les données sanitaires collectées, les traitements récapitulés, la conduite à tenir fait l’objet de protocoles de soins avec la notification des médicaments à prescrire pour l’année à venir afin d’améliorer le taux de mortalité, la productivité, etc. Le point fait à l’occasion de ce bilan est donc un moment propice pour la réalisation de la visite sanitaire car le vétérinaire acquiert une vue globale sur l’élevage. Pour aborder la visite sanitaire, Xavier Pouquet interroge donc Damien Veillon sur les avortements. L’éleveur semble quelque peu surpris de cette nouvelle démarche mais le thème lui semble intéressant à aborder.

Un questionnaire pour informer et alerter, un thème choisi les avortements

Les premières questions portent principalement sur des généralités liées à l’avortement : l’avortement qui, dans sa définition légale, n’est pas seulement l’interruption avant son terme du processus de gestation mais c’est aussi (depuis le décret « brucellose » de 1965) l’expulsion du fœtus ou d’un agneau mort-né, ou succombant dans les 48 heures qui suivent sa naissance. Le vétérinaire rappelle aussi à l’éleveur qu’à partir d’un certain nombre d’avortements notés dans un élevage (trois ou plus en une semaine), "il est obligatoire de prévenir un vétérinaire afin qu’il procède à des analyses et détermine la cause des avortements. Il est donc important de le faire car, dans ce cas, la visite du vétérinaire est gratuite et les analyses de bases sont souvent prises en charge par le GDS". Dans l’élevage de Damien Veillon, le taux d’avortements étant autour de 2 à 3 %, il est considéré comme « normal ». C’est donc durant un questionnaire "ludique", basé sur l’échange, que le docteur Pouquet informe l’éleveur. Il lui rappelle aussi quelles sont les maladies abortives. Tout d’abord la brucellose, maladie réglementée, la chlamydiose et la fièvre Q, qui sont de plus transmissibles à l’homme et qui peuvent donc occasionner des avortements chez les femmes enceintes et donner des syndromes grippaux insidieux. Aussi la toxoplasmose dont la source de contamination est le fourrage contaminé par les jeunes chats. Sur cette dernière, il ajoute qu’il faut absolument chercher des signes de cette maladie en cas d’avortement ou de mauvaise fertilité chez les agnelles qui ont moins de chance d’être immunisées. Pour le vétérinaire, « c’est le bilan sanitaire qui permet donc de faire un point sanitaire sur les élevages et de pointer les problèmes liés à la conduite du troupeau et, à côté, la visite sanitaire a plus vocation à informer et sensibiliser les éleveurs sur un thème précis ». Damien Veillon a tout de même trouvé ce questionnaire « intéressant car il rappelle les points importants sur l’avortement, les seuils qui doivent alerter et la conduite à tenir si l’on dépasse ces seuils ».

La visite rappelle les points importants sur l’avortement

Quelques conseils en cas d’avortement

Si un élevage a eu trois avortements en moins de sept jours, il doit le déclarer et faire intervenir un vétérinaire qui devra alors réaliser les prélèvements nécessaires aux analyses afin de déterminer la cause des avortements. Il prélèvera notamment le fœtus, le placenta et du sang sur la femelle qui vient d’avorter et le cas échéant des écouvillons de sécrétions vaginales des femelles précédemment avortées. Cette visite est prise en charge par l’État dès le premier avortement. Il convient aussi d’isoler les femelles qui viennent d’avorter et ne pas les mélanger aux femelles destinées à la reproduction. Il est important de manipuler les brebis qui avortent avec des gants afin d’éviter la transmission à l’homme de virus comme la fièvre Q. Il faudra aussi éliminer les matières contaminantes à l’équarrissage (fœtus, placentas). Pour limiter les avortements, il est aussi important d’être prudent avec les animaux achetés en ne les mettant pas en contact avec des animaux en gestation et en les achetant dans des élevages au statut sanitaire équivalent. Dans son troupeau, il faut aussi maîtriser le parasitisme, la conduite nutritionnelle, minimiser les stress de gestation, maîtriser l’hygiène des points d’eau… Il faut aussi imposer le lavage des bottes à l’entrée des exploitations et penser à la vaccination des femelles avant la lutte et notamment des agnelles, possible dès quatre mois d’âge.

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