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Gaec de Bonnay-Colson, dans la Marne
Un revenu sécurisé par les cultures porte-graines

Grâce à l’intégration des cultures porte-graines dans leur bergerie, Michel De Bonnay et son fils Cyril parviennent à multiplier les débouchés au sein de l’exploitation familiale.

Élevages ovins et exploitations céréalières font généralement bon ménage. Le Gaec de Bonnay-Colson, à Mœurs-Verdey dans la Marne, ne fait pas exception à la règle, et a su mettre en place un système économiquement vertueux.

En effet, l’une des particularités de ce Gaec est qu’il cultive des porte-graines. Ces cultures pluriannuelles (ray-grass, fétuque, lotier…) sont destinées à la production de semences fourragères. L’éleveur dispose ainsi d’une double production : du fourrage pour ses animaux et des graines revendues aux semenciers. Dans la Marne, on trouve 1 500 hectares de porte-graines déjà cultivés qui permettent de nourrir 65 000 ruminants (bovins et ovins).

C’est en partie cette diversification, avec en prime l’introduction de pommes de terre fécule, qui a permis à Cyril de s’installer dans la ferme familiale. La construction de deux poulaillers label et le doublement de la troupe créée en 2003 (pour atteindre 280 brebis), ainsi qu’un peu de vente directe sur les volailles comme les agneaux, et la diversification de l’assolement ont augmenté la rentabilité de l’exploitation, en plus de lisser les variations de revenus. Et une source de recettes peut compenser l’autre. Si, parfois, les céréales rattrapent une baisse de régime des élevages, cette année, c’est l’élevage qui sauve les cultures.

Encore des réserves alimentaires

« C’est une force, un peu plus exigeant en main-d’œuvre et plus technique, mais c’est plus enrichissant, et cela pousse à apprendre des techniques, explique Cyril De Bonnay. Je m’ennuierais dans un système céréalier simple ! En plus de mener à l’enrichissement de mes capacités, la diversification a toujours été la logique ici ».

Une précoupe d’ensilage a lieu entre fin avril et début mai, avant la récolte des graines en juillet. Avec respectivement 100 tonnes de lotier à 26 % de MS (environ 5 ha) et 220 tonnes de ray-grass à 37 % de MS (environ 9 ha), les De Bonnay ont produit 382 kg de matière sèche par brebis. Cela couvre 240 jours d’alimentation, de septembre à avril, avec 1,6 kg d’aliment par brebis et par jour.

Outre ces récoltes, environ 11 hectares de fétuque ont servi à produire 63 tonnes de paille. L’alimentation sèche (foin de fétuque, orge et tourteau de colza) couvre les 120 jours restants avec 1,8 kg par brebis et par jour. À la lumière de ces chiffres, Cyril se veut rassurant. « On n’a pas trop de souci à se faire pour nourrir les brebis. Et c’est du fourrage qui ne coûte pas grand-chose. En ce qui concerne le foin de ray-grass, il n’est pas récupéré, mais donné à un voisin pour ses vaches allaitantes ». Ce qui est toujours utile pour éviter des frais de ramassage de pailles.

Mais « sur certaines périodes, on est loin de distribuer tout cela. On a encore de la réserve : on est partis pour largement plus de 240 jours, et on ne sera pas obligés de limiter les brebis sur la consommation », précise Cyril De Bonnay. Les agneaux sont quant à eux nourris avec un aliment du commerce complet : chacun d’entre eux en a consommé 92 kg en 2016. Une meilleure productivité et des agneaux plus lourds ont fait grimper les coûts alimentaires (coût du concentré, achat du fourrage, charges liées à la récolte de la paille et de l’ensilage). Mais ramenés en euro par kilo de carcasse, ils diminuent de 3,29 à 3,06 euros entre 2013 et 2016.

Un nouveau bâtiment, moins de coûts vétérinaires

Depuis deux ans environ, le troupeau du Gaec De Bonnay retrouve des couleurs. La génétique a permis d’améliorer la prolificité et le nombre de naissances. La mortalité chez les agnelles constitue un point à améliorer : « le premier agnelage est plus délicat, car il a lieu dans une période qui n’est pas la plus favorable, en février ». Les femelles ont en moyenne 16 mois lors de leur premier agnelage et les brebis mises en lutte ont un âge moyen de quatre ans.

Entre 2012 et 2016, la marge brute globale de l’exploitation a bondi de 14 650 à 23 900 euros. L’évolution du prix des agneaux et la hausse de la productivité des brebis, ainsi que la maîtrise des charges et de la mortalité, expliquent ce progrès.

À présent, c’est en matière de bâtiment que le Gaec de Bonnay peut progresser. La famille travaille sur leur future bergerie : ils attendent une réponse à la demande de subvention formulée auprès de la région Grand Est. L’objectif est de construire un bâtiment en bois à côté du silo. L’actuelle bergerie, issue d’une construction réaménagée en 2003, est « trop limitée et arrivée à saturation ». On y trouve un couloir de contention mobile, des moyens de distribution des fourrages et de la paille mécanisés, une louve, ainsi qu’une solution logicielle de gestion de troupeau, aux côtés d’un lecteur de boucles électroniques.

Parmi les problèmes principaux du bâti actuel soulevés par la famille d’éleveurs, la largeur excessive, des problèmes de ventilation, et des aires paillées un peu petites génèrent des « coûts vétérinaires relativement élevés ». Arthrites et problèmes pulmonaires pour les agneaux sont notamment relevés. « Avec un meilleur bâtiment, on pourrait réduire nos coûts vétérinaires de moitié », estime Cyril de Bonnay.

AVIS D'EXPERT

"Une belle complémentarité végétale-animale"

« Pour moi, c’est une exploitation qui montre une belle forme de complémentarité entre les productions animales et végétales. La diversité est au rendez-vous, avec la présence de quatre poulaillers (une forme d’élevage hors sol) et des moutons considérés hors sol mais qui utilisent les ressources de l’exploitation. Malgré la petite taille de cet élevage, il existe une réelle complémentarité entre les ateliers et les cultures, qui a permis de faire vivre un couple et leur fils, qui a aussi pu s’installer. Dans la Marne, certains exploitants redécouvrent l’usage des porte-graines pour l’élevage, mais la pratique existe depuis nombreuses années. Le Gaec de Bonnay-Colson n’est pas le seul à faire appel aux porte-graines : une demi-douzaine d’exploitations marnaises utilisent très régulièrement les produits issus de ces cultures. Dans chaque zone où elles sont implantées, il est possible d’en utiliser pour l’élevage. »

CHIFFRES CLÉS

130 ha de SAU dont 25 ha de cultures porte-graines
4 poulaillers (18 000 poulets label)
283 femelles mises à la reproduction
3 associés, dont le fils, Cyril, installé en 2011
363 agneaux, 48 brebis, 3 béliers vendus
179 % de prolificité sur les brebis (153 sur les agnelles)
157 % de productivité (119 sur les agnelles)

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