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Un jour avec un conseiller ovin de chambre d’agriculture

Thomas Wartel est conseiller ovins – caprins à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, il est basé à Arras. Sa mission, accompagner les éleveurs sur le plan zootechnique, faire le suivi des fermes de références et animer un réseau de professionnels.

 

CV

 

 
Un conseiller ovin de chambre d’agriculture
© B. Morel
Thomas Wartel, originaire de Douai

 

24 ans

Conseiller ovin caprin depuis juillet 2021

Bac Stav Techno

BTS productions animales

Certificat de spécialisation caprin à Melle (79)

1 an salarié agricole en élevage caprin

8 h

La journée débute avec une visite de routine à l’EARL Béthencourt, à Rebreuve-Ranchicourt, dans le Pas-de-Calais. « Je n’ai pas vraiment de conseil à leur apporter, ils sont déjà très techniques. Mais je garde le contact, nous nous tenons informés mutuellement des actualités du territoire et de la filière. » Avec 600 brebis, dont une partie en sélection Suffolk, 80 vaches allaitantes et des surfaces de cultures, l’EARL fonctionne bien et fait partie des fermes de références suivies par Thomas.

9 h 30

Mathieu, le benjamin des associés de l’EARL, propose un café. Ce moment de convivialité est important pour le jeune conseiller. « Outre l’accompagnement technique des éleveurs, il y a un aspect relationnel important. » En effet, si les principales missions de Thomas Wartel sont la construction des rations, le contrôle de performance auquel adhère une quarantaine d’élevages (ces deux services sont payants), les études de projets d’installation et le suivi des fermes de référence Inosys, il a aussi une part d’animation. « Je souhaite mettre en place un groupe technico-économique ovin, ce qui permettrait de présenter des moyennes régionales sur les indicateurs d’élevage. Mon rôle est également de proposer, en lien avec les nouveautés et les besoins du terrain, de nombreuses formations organisées avec le fonds Vivea. »

10h

Direction les parcelles de cultures d’un voisin, vers Saint-Pol-sur-Ternoise, sur lesquelles les brebis pâturent les couverts. « Ce partenariat s’est mis en place grâce au réseau de la chambre. Mon homologue de grandes cultures m’a fait savoir qu’un agriculteur était intéressé par le pâturage des couverts végétaux. J’ai envoyé l’information à mon carnet d’adresses et les associés de l’EARL Béthencourt ont rapidement répondu présent ! » A une vingtaine de minutes de route, les éleveurs ont ainsi accès à près de 70 ha de pâturage, sur différents couverts. « C’est un paramètre que nous devrons fixer avec le cultivateur pour les prochaines campagnes, souligne Thomas Wartel. Aujourd’hui, le type de couvert n’est pas pleinement satisfaisant. Il y a notamment de la moutarde, ce qui est mauvais pour les ovins, et ça manque de légumineuses. À voir pour intégrer du trèfle dans son mélange de semis. Il faut que tout le monde s’y retrouve. » Ce sera à Thomas d’organiser une réunion avec les éleveurs et le cultivateur, en début d’année prochaine pour anticiper sur les semis à venir.

11 h 30

Retour sur la ferme, le conseiller prend le temps de discuter avec Jean-Paul, le père de Mathieu, il est encore salarié de l’exploitation après avoir vendu ses parts à son fils, et s’approche de la retraite. « Quand j’ai pris mon poste à la chambre, je suis venu me présenter aux éleveurs de moutons historiquement liés à la chambre d’agriculture. C’est important de se faire connaître et de faire une bonne première impression… les bruits circulent vite à la campagne », sourit Thomas Wartel. Avec son bagage de connaissances plutôt orienté caprin, ce dernier a dû tout apprendre des ovins, via de nombreuses formations, mais aussi sur le tas. « Il faut apprendre rapidement, car s’il vaut mieux dire qu’on ne sait pas plutôt que de s’aventurer en terre inconnue, cela ne peut pas toujours être la réponse, sans quoi mes interlocuteurs se tourneront vers quelqu’un d’autre. » Pour lui, il a fallu gagner rapidement en légitimité.

14h

Sur le retour au bureau, Thomas apprécie l’histoire et les paysages de sa zone de travail, qui s’étend sur les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. « Je fais en moyenne entre 3 000 et 4 000 kilomètres par mois, pour aller voir tous mes éleveurs. » À ces visites techniques, s’ajoute une réunion mensuelle à Amiens, avec les autres conseillers ovins de la grande région Hauts-de-France, notamment Oise et Aisne. « Ces réunions me font sentir moins isolé, dans une zone où l’ovin n’est pas vraiment la première production. Je partage un groupe WhatsApp avec eux, ce qui me permet d’avoir des réponses rapides sur des sujets très techniques. Et quand ce groupe me fait défaut, je sais qui contacter au niveau national. Je trouve également beaucoup d’informations sur internet et sur Inn’Ovin. » En outre, Thomas se forme lui-même beaucoup pour « rester informé et crédible auprès des éleveurs. »

16h

Les journées de Thomas Wartel sont souvent composées de visites terrain le matin et de travail de bureau dans l’après-midi. « Aucune journée ne se ressemble. Le travail de bureau est constitué de plein de facettes et les missions en exploitation amènent chaque jour de la nouveauté. » Pour Thomas, ce qu’il apprécie dans son métier est l’autonomie qu’il a pour traiter chaque demande. « Les atouts pour être conseiller sont d’avoir un bon relationnel avec les gens, de faire preuve de discernement quant aux pratiques d’un éleveur et de savoir analyser une situation. Il faut évidemment avoir la passion du métier, ce qui permet d’engranger beaucoup d’informations et de connaissances sans que ça ne soit rébarbatif. » D’autre part, il est satisfait de l’aspect désintéressé de son poste. « Je n’ai rien à vendre, donc mon conseil sera plus neutre que celui d’un technico-commercial. Pour autant, je fais part aux éleveurs de toutes les options qui s’offrent à eux. Par exemple, pour définir le circuit de vente, je parlerais aussi bien de la vente directe, des bouchers ou bien des coopératives locales. »

17 h 30

C’est bientôt la fin de journée pour Thomas Wartel. Lui qui avait comme projet après son CS caprin de s’installer ne regrette rien de son choix professionnel aujourd’hui. « J’ai appris beaucoup de choses pendant ma scolarité et mes formations et j’apprécie pouvoir les partager avec les personnes intéressées. J’ai besoin de me sentir utile et je pense que l’accompagnement d’un conseiller permet d’améliorer le travail en élevage. À notre niveau, nous participons au maintien des productions en place. » Et pour développer ces dernières, Thomas Wartel organise des journées techniques où les éleveurs ovins sont conviés. Il s’occupe également des Ovinpiades départementales et du pôle ovin de Terres en Fête, le salon agricole des Hauts-de-France qui se tient en juin à Tilloy-lès-Mofflaines, à proximité d’Arras.

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