Soyez écolo, mangez de la viande !
Le Point, le 28 octobre
Dans une longue tribune, Keir Watson, directeur du département de physique d’une grande école britannique, cible les idées reçues sur l’élevage véhiculées par les AVPE (anti-viande prétendument écolo). Les chiffres astronomiques concernant la consommation d’eau et de céréales pour produire un kilo de viande bovine sont basés sur des données erronées. David Pimental, l’agronome à l’origine du chiffre démentiel de 100 000 litres d’eau pour un kilo de viande, incluait dans son calcul l’eau de pluie tombée sur les prairies où se trouvaient les bovins. Keir Watson rappelle également l’importance écologique des prairies permanentes, qui sont de réels puits de carbone contrairement aux surfaces arables dont le labour fréquent libère le gaz carbonique. La diversité des territoires laisse libre cours à l’élevage d’animaux adaptés aux milieux qui, plutôt que d’abîmer leur environnement le préservent et l’enrichissent. À cela, il oppose les panoramas mornes des plaines céréalières. Nos choix alimentaires façonnent nos paysages.
Paysan breton, le 5 novembre
Le président de l’organisme de défense et de gestion de l’AOP agneau prés-salés du Mont-Saint-Michel, Yannick Frain revient sur la spécificité de l’appellation et les difficultés rencontrées par les éleveurs. L’AOP, créée il y a dix ans pour contrer l’apparition de fraudes et de détournement de l’image de qualité, regroupe tous les éleveurs bretons et normands des prés-salés autour de la cité médiévale. Les herbus, les prairies enherbées recouvertes par la mer lors des marées hautes, sont entretenues par les troupeaux de brebis qui paissent à l’année. Mais tout n’est pas rose pour les éleveurs. Les démarches administratives sont multiples et complexes pour avoir seulement le droit de faire pâturer ses animaux. Les éleveurs doivent faire des demandes d’autorisation d’occupation temporaire auprès de deux gestionnaires différents, le département et la DDTM. Ils doivent également composer avec la loi Littoral, les plans locaux d’urbanisme, les plans de gestion Natura 2000 et bientôt celui de l’Unesco.
La Vienne rurale, le 10 octobre
En plein cœur des Deux-Sèvres, sur un territoire essentiellement tourné vers la production laitière caprine, Xavier Métais a tenté un coup de poker. Passionné par le travail du lait, qu’il qualifie de « matière vivante, avec un écosystème à gérer », il a décidé de s’installer comme éleveur de brebis et fromager fermier. Il s’est formé au CFPPA de Melle, où il travaillait avant. Cet ingénieur agronome a vu une opportunité dans le désert de production fromagère ovine que sont les Deux-Sèvres, puisqu’ils ne sont que deux fromagers en tout et pour tout sur le département. Xavier Métais vend toute sa production en direct, sur les marchés, dans les épiceries, les restaurants et les grandes surfaces du coin et il souhaite augmenter sa gamme qui pour l’instant se compose de tomme, de deux sortes de lactiques, de yaourts et de fromage blanc. Il a pour objectif d’agrandir son troupeau, passant de 60 à 90 en 2019 et de parvenir à dégager un revenu suffisant pour embaucher quelqu’un. Pour l’heure, il profite d’un fonds européen pour accueillir sur son exploitation un stagiaire.