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Soigner les agneaux nouveau-nés   

Après les mises bas, vient le temps de la surveillance de la tétée et des soins aux jeunes agneaux.

Dans la demi-journée qui suit la naissance ou le lendemain, quand tout le monde a récupéré et que les agneaux ont tété, c’est le moment d’identifier les agneaux. À ce sujet, chacun a ses habitudes… ou ses contraintes ! Précisons juste que si trou à l’oreille il y a, une désinfection s’impose. Dans ce cas, plus la boucle est lourde, plus le trou tend à s’agrandir et plus il y a un risque d’infection. Les systèmes de boucle ouverts sont moins à risques que les fermés. La gamme des désinfectants va de l’essence de lavandin (très efficace) aux bombes antibiotiques (un peu dommage !), en passant par les crèmes diverses (plutôt pratiques).

En matière d’équeutage, la pratique du caoutchouc a entraîné une diminution notable des complications du style myélite (paralysies du train arrière) et tétanos, par rapport au coupe-queue. En tout cas dans toutes les régions où l’usage était de couper à ras. L’adoption des bonnes pratiques, consistant à laisser l’anus et la vulve largement couverts, va finir de sécuriser la situation. Les caoutchoucs doivent être dans un étui propre, à l’abri de la poussière, et posés dans les 48 heures. Au-delà, la souffrance commence à se manifester. En revanche, il arrive que certaines brebis soient « mordeuses de queue », pratique à très haut risque au niveau sanitaire. Si c’est le cas, un élastique est rapidement posé à l’agneau, auquel est aussitôt injectée une pénicilline ou amoxicilline longue action.

Pas plus d’un apport de sélénium

Si un apport de sélénium est réalisé au jeune agneau, on choisira une spécialité bien dosée (0,6 mg/ml par exemple), non irritante, par voie sous-cutanée (pas de risque d’hématome) et des aiguilles adaptées (16 mm x 1.1 par exemple). Inutile de répéter l’injection ; un surdosage éventuel peut provoquer un blocage de l’iode, avec apparition temporaire de goitres, mais sans réelle gravité. L’apport de sélénium est fortement indiqué lorsque les croissances sont rapides, la montée de lait forte et/ou les stress importants : manipulations, sortie au pâturage et courses effrénées, giboulées de printemps… La complémentation des mères est de plus en plus pratiquée, mais ne se retrouve pas toujours au niveau du lait, surtout dans la période à risque du deuxième mois de vie.

Du colostrum par la mère ou au biberon

Difficile d’évoquer le cas des biberons sans déclencher les controverses ! L’idéal zootechnique se situerait autour de 10 % des agneaux nés. Entre les triples, les doubles d’agnelles et les refusés, on y arrive assez vite. Mais, la réalité du terrain, elle, tend vers zéro. À l’exception des ateliers de prolifiques spécialisés, beaucoup ont renoncé face aux contraintes et à des aliments d’allaitement trop chers et de qualités inégales. Pourtant, au démarrage, tout agneau n’ayant pas eu le colostrum maternel doit en recevoir un tiers de litre dans sa première demi-journée pour espérer s’en sortir. On peut l’administrer au biberon pour bébé, tétine Dodie, deuxième cran, ou à la sonde stomacale pour ceux qui ont l’habitude.

L’idéal est du colostrum frais, récupéré sur une mère à simple dans les jours précédents et n’ayant pas tourné (on goûte). On peut aussi congeler soit du surplus maison, soit du colostrum de vache laitière (première traite de vache adulte - jamais de primipare -, bien épais, testé au pèse-colostrum, et surtout d’un beau jaune vanille). Les colostrums foncés, voire rouges, peuvent engendrer des rejets d’ordre immunitaire, avec anémies mortelles à cinq ou six jours d’âge. Les divers produits commerciaux peuvent également dépanner.

Remplir les agneaux creux et réchauffer les agneaux froids

L’agneau creux, mais ni froid ni déshydraté, sera sauvé par une bonne prise de colostrum. Sur un cas limite, on complète par une dose de colistine et une dose de vitamine B1, spécialités injectables au départ, mais que l’on mélange et donne par la bouche. Cela peut éviter de retrouver l’agneau avec la bouche froide le lendemain matin, et de surcroît baveux.

Si l’agneau est déjà froid, il faut d’abord le réchauffer. Plusieurs solutions sont possibles : 5 ml d’un glucose hypertonique (ou d’eau très sucrée) par la bouche, petite dose de café, puis bain dans un seau d’eau chaude (le plus rapide), ou caisse chauffante. Lorsqu’il revient à la vie : colostrum, colistine et B1 comme plus haut.

Pour des agnelages en plein air, le premier but est que la mère soit le moins dérangée possible et qu’elle parte sans oublier l’un des agneaux. Il ne faut donc pas intervenir trop tôt, pas avant que les agneaux aient tété et soient secs. Mais pas trop tard non plus car il sera difficile de récupérer la portée qui courra plus vite que nous ! Le mieux est d’attendre la deuxième demi-journée pour les boucler, poser les caoutchoucs et réaliser un apport de sélénium (recommandé en plein air). Dans quelques secteurs, les tiques envahissent les agneaux dès le départ, provoquant parfois des arthrites quasi septicémiques : on en vient alors à leur déposer 1 ml de deltaméthrine sur le dos en même temps que les autres opérations. Tout ça en moins de deux minutes si possible car on s’impatiente vite à côté ! Les naissances du soir posent davantage le problème du renard… Quelques cases mobiles, voire une remorque bétaillère, sont bien pratiques pour la première nuit. Déboucher les trayons est plus délicat ici qu’en bergerie. Il faut au moins bien surveiller car un agneau peut mourir de faim à côté d’un trayon de plus en plus gros… Le crochet de tonte, plus court que la canne classique, rend de grands services.

Dans le prochain numéro : les méthodes d’adoption.

Le plein air, un métier un peu à part

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