Sélectionner sur critères économiques, c’est possible !
Dans le cadre du programme Osiris, l’Institut de l’Élevage et ses partenaires ont cherché à donner un poids économique aux caractères afin de pouvoir sélectionner les reproducteurs maximisant les revenus de l’élevage.
Donner une valeur économique à chaque caractère pour sélectionner les animaux sur des critères de rentabilité de l’élevage ! C’est le but du programme Osiris lancé en 2012 par l’Institut de l’Élevage et ses partenaires. Le schéma de sélection d’une race donnée poursuit toujours un objectif. Il s’agit d’une liste de caractères à améliorer, hiérarchisés par ordre d’importance. Cette liste hiérarchisée de caractères importants à sélectionner est utilisée pour accorder un poids plus ou moins important à chaque index dans les indices de synthèse. Jusqu’à présent, ces objectifs étaient définis sur une base technique. Une nouvelle démarche consiste à estimer le gain économique que procure l’amélioration de chaque caractère. On peut ainsi proposer un objectif de sélection « économique » dans lequel le poids de chaque caractère dépend de son impact sur la marge brute de l’élevage. Cette démarche est appliquée depuis peu pour le choix des reproducteurs en race Blanche du Massif Central et devrait être finalisée d’ici fin 2016 pour les Moutons Vendéens. Elle devrait ensuite être étendue progressivement aux autres races ovines allaitantes.
Montrer ce que rapporte la génétique
Ce travail est réalisé dans le contexte d’un système de production très représentatif de la race. Il nécessite en amont de simuler le fonctionnement de l’élevage et détailler les facteurs ayant un effet sur les produits et les charges de l’atelier : reproduction, alimentation, sanitaire, performances moyennes, type de commercialisation, poids et prix de vente moyen… Ces éléments permettent de calculer une marge brute type. Une fois cette modélisation effectuée, les ingénieurs de l’Institut de l’Élevage étudient le poids de chaque caractère dans la formation du résultat. Ils ont par exemple simulé les conséquences sur la marge brute de l’augmentation d‘un point de la prolificité, toutes choses égales par ailleurs. Cette opération a ainsi été répétée pour tous les caractères, ce qui a permis de les hiérarchiser en fonction de leur impact sur le résultat économique. En ne gardant que les caractères sur lequel on peut agir par la sélection génétique, ils ont ainsi obtenu un objectif opérationnel de sélection avec un poids pour chaque caractère. C’est ce qui va permettre de réactualiser les indices de synthèse. Les objectifs de sélection vont ainsi être révisés à partir de données économiques et le poids donné à chaque caractère devrait évoluer. « En chiffrant ce que rapporte l’amélioration de chaque caractère, cela permet de donner une valeur économique à la génétique et de montrer ce qu’elle peut rapporter » conclut Agathe Cheype, de l’Institut de l’Élevage.
Des résultats cohérents en Mouton Vendéen
En race Mouton Vendéen, ce travail a montré que les qualités maternelles pesaient pour la moitié du résultat économique, à équivalence avec les qualités bouchères. Un résultat cohérent pour une race bouchère considérée comme mixte et ayant gardé un intérêt marqué pour les qualités maternelles en complément des efforts réalisés sur les qualités bouchères. Au sein de caractères bouchers, le poids le plus important a été observé pour le gras, avant le rendement, la croissance à l’engraissement et la conformation. Effectivement, à l’heure actuelle, ce sont les défauts liés au gras qui sont sanctionnés le plus sévèrement dans les grilles de paiement.