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DOSSIER
Quel avenir pour l'agneau bio ?

L’agriculture biologique n’est plus une niche. En dix ans, elle a pris son essor et malgré des difficultés à produire toute l’année, l’élevage ovin a sa place, car la demande du consommateur en agneau bio est forte.

© ciirpo
Impossible aujourd’hui de passer à côté du logo vert AB dans les grandes surfaces, sur les marchés ou dans les magasins spécialisés. Encore marginaux il y a dix ans, les produits issus de l’agriculture biologique sont désormais consommés par presque la moitié de la population française, selon les résultats du sondage annuel réalisé par le CSA sur 995 personnes pour l’Agence Bio. En effet, 40 % des consommateurs déclarent acheter un produit bio par mois, 20 % une fois par semaine et 6 % tous les jours. Le marché des produits bio a donc quadruplé en dix ans pour atteindre quatre milliards d’euros en 2011, soit environ 2,6 % de la consommation alimentaire en France.
Concernant la crise, l’Agence Bio ne se fait pas de soucis. « Le consommateur de base ne cesse d’élargir son panier au bio. Souvent, il commence par un produit frais tel que le lait, les oeufs, un légume… », commente la directrice du groupement d’intérêt public, Elisabeth Mercier. Les Français achètent d’abord des fruits et légumes (89 %) puis des produits laitiers (72 %), des oeufs (66 %), de l’huile et de l’épicerie (55 %), des boissons (49 %), de la viande (47 %) et du vin (17 %). Ils achètent davantage de produits de saison et souvent en grandes et moyennes surfaces (58 %), qui devancent de loin les marchés (33 %), les magasins spécialisés (47 %) et la vente à la ferme (26 %). 96 % de ces consommateurs disent avoir l’intention de maintenir voire d’augmenter pour 18 % leurs achats et 31 % citent l’agneau.
Pour identifier les produits, 66 % se repèrent grâce au logo AB. En dix ans, le bio est devenu synonyme de « produits sains ». 84 % savent que les organismes génétiquement modifiés sont interdits dans l’agriculture biologique, 79 % que les exigences sont spécifiques pour le bien-être animal et l’alimentation animale et 77 % ont conscience que les arômes artificiels et les colorants n’ont pas lieu d’être dans les produits. Concernant le prix, 59 % des consommateurs jugent le rapport qualité/prix satisfaisant, même si en majorité, les prix restent plus chers et 90 % d’entre eux pensent que des prix moins élevés favoriseraient l’essor de ce marché. « Nous prêtons une grande attention aux prix mais nous refusons de donner un chiffre magique car nous ne croyons pas en la valeur d’une moyenne dans ce domaine », se défend Elisabeth Mercier. Les producteurs, les transformateurs et les distributeurs de la filière bio, toujours plus nombreux, s’organisent. Aujourd’hui, toutes productions confondues, 23100 fermes se sont converties alors qu’elles n’étaient que 10 300 en 2001 et 950 000 hectares sont passés en mode de production bio, dont 30 % des surfaces en conversion - il faut environ deux ans pour passer du conventionnel au bio. En élevage ovin, d’après l’Inra, le bio représentait 2,5 % des brebis allaitantes en 2009. « Des opérateurs sont en place, il y a des professionnels pour cette filière, pour que des éleveurs puissent s’installer ou se convertir » témoigne Jean- François Deglorie, de la commission bio d’Interbev. La moitié de la viande d’agneau part en grande et moyenne surface, l’autre moitié est écoulée en vente directe.
L’enseigne Auchan s’est notamment intéressée à la filière. Mais la logistique coûte encore assez cher car il s’agit de petits volumes. Il arrive encore que des agneaux AB partent dans le circuit conventionnel, n’étant ainsi pas valorisés à leur juste valeur.
Le développement du bio va-t-il se poursuivre ? Pour les éleveurs ovins, la difficulté principale est de pouvoir fournir toute l’année. L’objectif du Grenelle de l’environnement est ambitieux, avec 6 % de surface agricole utile (SAU) devant être convertie en 2012, et 20 % en 2020! Or, en 2011, malgré une hausse des exploitations bio, ce type d’agriculture ne représentait que 4,6 % des surfaces. De plus, une certaine incertitude pèse quant à l’avenir, car l’aide à la structuration des filières bio doit s’arrêter en 2012. « Ce sera l’occasion de faire un bilan pour améliorer le système et le rendre plus pertinent. Pour les professionnels, le souhait est que ce fond perdure », rassure François Thierry, président de l’Agence Bio. La restructuration de la politique agricole commune en 2013 sera aussi déterminante pour la filière. « S’il y a une réorganisation des aides favorables au verdissement, il y aura forcément des efforts sur les prix », insiste le président de l’Agence Bio.

La suite du Dossier dans Pâtre juin/juillet

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