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Plus de lait et moins de mortalité sur les agneaux

Un tri des brebis maigres en milieu de gestation, soit 10 semaines avant le début des agnelages, est une intervention payante pour la viabilité des agneaux à naître et leur croissance.

Si les aspects sanitaires et les pratiques à l’agnelage influencent le taux de mortalité des agneaux, l’état corporel des brebis revêt également une grande importance. Dans l’étude conduite par l’Institut de l’Élevage et le Ciirpo(1), une note d’écart à la mise bas se traduit par un écart de 2 à 3 % de mortalité (graphique 1). Ainsi, les brebis très maigres à l’agnelage affichent un taux de mortalité de leurs agneaux supérieur de 5 % aux brebis en bon état pour des tailles et des poids de portée équivalentes. Sur les agneaux nés triples, les effets de l’état corporel des brebis sont encore plus marqués avec une différence de 9 % pour une note d’écart. Ainsi, 35 % des triplés issus d’une brebis très maigres à l’agnelage (NEC = 1) ne sont pas commercialisés contre 26 % pour des femelles en bon état. Le poids de naissance qui reste la première cause de disparition des jeunes agneaux ne peut être incriminé puisque ce dernier reste peu variable. Toutes les catégories de brebis, maigres ou en état, donnent priorité à leurs agneaux au cours du dernier mois de gestation si leur niveau d’alimentation est correct au cours de cette période.

Les brebis maigres produisent moins de lait

Quelle que soit la taille de la portée, l’état des brebis à la mise bas a des effets sur la production laitière, en particulier au cours du premier mois de lactation. Dans cette étude, l’écart de vitesse de croissance au cours du premier mois de lactation entre des brebis en bon état corporel (note d’état corporel supérieure ou égale à 3) et des brebis plus maigres (note d’état corporel strictement inférieure à 3) s’établit à 30 g par jour pour les agneaux nés et allaités simples et 17 g par jour pour les agneaux nés et allaités doubles, et ce pour des poids de portées équivalents à la naissance (graphique 2). Les brebis très maigres à l’agnelage produisent beaucoup moins de lait que les brebis en meilleur état. Même si elles n’allaitent qu’un seul agneau, sa vitesse de croissance au cours du premier mois d’allaitement est fortement pénalisée avec plus de 50 g de croissance journalière en moins. Les mêmes écarts sont constatés quelle que soit la catégorie d’âge des femelles à la mise bas : jeunes (moins de 2 ans), adultes (de 3 à 5 ans) ou plus âgées (6 ans et plus).

Un mois avant l’agnelage, il est trop tard

Si les brebis sont déjà maigres un mois avant la mise bas, il est trop tard pour les retaper. Évaluer l’état des brebis en milieu de gestation, soit environ deux mois avant les premières mises bas, permet d’anticiper. Les brebis maigres (note d’état corporel strictement inférieure à 3) sont alors triées et alimentées en conséquence. Les agnelles et les antenaises sont à surveiller car elles sont particulièrement sujettes aux amaigrissements. Un apport d’énergie supplémentaire est alors nécessaire pour une remise en état. À ce stade physiologique, si les brebis sont en bergerie, elles reçoivent 500 g de céréales et un complément minéral avec un foin de qualité moyenne distribué à volonté. Si elles restent au pâturage, un apport de 300 g de céréales est souvent indispensable sauf s’il reste de l’herbe en quantité suffisante (plus de 5 cm de hauteur). Les parcelles avec de l’herbe courte et feuillue leur sont alors réservées.

(1) Étude réalisée à partir de 2 826 brebis de race Mouton Vendéen conduites sur le site expérimental du Mourier

Avis d'expert

"Les brebis maigres produisent moins de lait"

« Quelle que soit sa valeur génétique, une brebis maigre à l’agnelage produit moins de lait car elle ne peut pas puiser sur ses réserves énergétiques. Les PAT (poids à âge type) de ses agneaux sont forcément pénalisés. Et dans tous les cas, même s’il y a un rattrapage au PAT 70 (poids à âge type à 70 jours) parce que les agneaux se sont mis à consommer du concentré, il n’est que partiel. Les kilos d’agneaux produits avec le lait de la mère restent les moins chers ! ». Nathalie Lebraud, technicienne à la Chambre d’agriculture Haute Vienne

Les notes seuils à respecter

Pour un minimum de mortalité des agneaux, il faut des brebis avec une note d’état corporel supérieure ou égale à 3 à la mise bas.

Pour un maximum de croissance des agneaux grâce au lait de leur mère, il faut, là aussi, des brebis avec une note d’état corporel supérieure ou égale à 3 à la mise bas.

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