L’éco-pâturage urbain préserve les races à petits effectifs et la biodiversité
Le 23 mars dernier, 400 personnes se sont réunies à Angers pour les rencontres nationales de l’éco-pâturage en ville, un système qui permet notamment de valoriser des races rustiques à petits effectifs.
Pour cette troisième édition des rencontres nationales de l'éco-pâturage, 400 personnes environ avaient fait le déplacement afin d’assister à des conférences et des ateliers. Pour Philippe Jaques Dubois, écologue, ornithologue et spécialiste des races à petits effectifs, l’éco-pâturage urbain est un moyen efficace de préserver les races à petits effectifs. Pour lui, il est indispensable de préserver ces races car elles ont un « rôle primordial dans la structure génétique des élevages et, de plus, ce sont des races fortement ancrées à des terroirs et qui participent à l’identité des territoires ».
Des conservatoires de races en ville
L’éco-pâturage permet de valoriser ces races rustiques car ce sont des animaux qui savent s’adapter à des milieux difficiles. De plus, l’éco-pâturage en ville permet d’augmenter la visibilité de ces races auprès du grand public. Quand les citadins rencontrent ces animaux et comprennent leur histoire, ils deviennent "concernés et coresponsables de la préservation de ces races". Les sites d’éco-pâturage urbain deviennent donc des microconservatoires de races en conservation.
Vincent Cerclier, éleveur ovin et prestataire de services en éco-pâturage, a bien compris ce principe. Depuis fin 2015, il place certaines de ces Landes de Bretagne dans des sites d’éco-pâturage, en Loire-Atlantique à une trentaine de kilomètres de Nantes. L’éleveur a bien séparé les deux activités et il a donc deux troupeaux. Sur ces 110 brebis, environ 80 partent sur les sites d’éco-paturage. Il envoie en général les brebis avec agnelles. Il ne cherche pas à engraisser ces agnelles qui ne partiront pas en boucherie mais serviront au renouvellement du cheptel ou seront vendues en tant que reproductrices.
Séparer élevage et éco-paturage
Elles restent donc sous la mère le plus longtemps possible. Ces animaux vont pâturer sur des sites appartenants à des communes ou à des entreprises. Elles sont, par exemple, sur le site d’une station d’épuration de Suez ou sur la plateforme technique de Décathlon. Le reste du troupeau, les brebis avec agneaux, reste sur l’exploitation afin que ces derniers soient engraissés et vendus en filière viandes. Il a décidé de séparer les deux activités car il estime que les agneaux élevés dans le troupeau destiné à l’eco-paturage ne feront pas de bons agneaux car les terrains ne le permettent pas forcément. "Il est préférable d’avoir ses agneaux sous le nez pour les surveiller et en faire de bons agneaux, ce qui n’est pas possible avec l’éco-pâturage ». Pour l’éleveur, le premier facteur de réussite dans l’éco-pâturage est « la bonne santé des animaux et leur bon état général ». En plus d’un souci général de respect du bien-être animal, cette condition est essentielle car, en éco-pâturage urbain, les animaux sont très regardés et il faut donner une bonne image de l’élevage auprès du grand public. Un autre intérêt pour l’éleveur dans la séparation des deux activités est de communiquer sur le fait que les animaux sur les sites ne sont pas de bons animaux pour l’alimentation et ainsi éviter les vols : un phénomène courant lorsqu’on installe des animaux près des citadins.
Définition
Éco-pâturage
C'est un type de pâturage qui consiste à faire paître des animaux afin de conserver des espaces naturels en état sans devoir défricher par des engins mécaniques ou utiliser des désherbants. Il ne s’agit pas d’un pâturage intensif qui empêcherait le renouvellement de la végétation et dégraderait les sols. Le nombre d’animaux est adapté au milieu. Les périodes d’éco-pâturage sont normalement adaptées aux besoins de la faune et de la flore locales pour permettre, par exemple, la nidification de certaines espèces d’oiseaux ou le développement de plantes protégées. L’éco-pâturage vise à garder les milieux ouverts en empêchant les broussailles, buissons et arbres de recoloniser l’espace.
Des chèvres et des moutons pour lutter contre la renouée du Japon en ville
La mairie de Lille a réussi à réduire la présence de renouées du Japon dans une friche urbaine de plusieurs hectares grâce à un pâturage caprin durant plusieurs années, poursuivi par un pâturage ovin qui empêche la reprise de ces invasives. L’élimination de cette plante a donc aussi permis de recréer de la biodiversité dans ces espaces en favorisant le retour d’une faune et d’une flore plus variées.