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69e congrès de la FNO
Le prix, nouveau défi pour la production ovine

Les éleveurs ovins réunis en assemblée générale fin avril en Bretagne ont planché sur les solutions pour redresser la consommation et maintenir un prix élevé dans leur filière.

La Fédération Nationale Ovine s’est interrogée sur les relations commerciales au sein de sa filière lors de son assemblée générale les 21 et 22 avril à Saint-Malo, en Bretagne. Dans une région sinistrée par la crise de l’élevage, les éleveurs ovins, s’ils vont plutôt mieux, ont tenu à rappeler qu’eux aussi sont soumis à a volatilité des prix, à la concurrence internationale, aux charges et aux normes… « Le manger français doit devenir un automatisme citoyen et derrière notre produit, nous devons mobiliser le consommateur à consacrer quelques euros au maintien de l’emploi sur le territoire, a souligné Michèle Boudoin, éleveuse dans le Puy-de-Dôme et présidente du syndicat des moutonniers. Pour ce faire, la contractualisation peut être une solution mais en allant à un deuxième étage, jusqu’au niveau de la grande distribution pour impliquer l’ensemble des maillons de la filière. »

« Vous avez besoin de me vendre, je n’ai pas besoin de vous acheter »

Pour en débattre, la FNO avait invité des représentants des autres maillons de la filière. « Il y a des démarches positives avec les contrats, mais c’est compliqué d’y mettre un prix, a constaté Rodolphe Lepoureau, PDG de l’abatteur Sovileg. Nous avions collaboré avec un groupement avec un prix fixe sur une longue période. Mais nous nous sommes fait dépasser par le prix du marché et les éleveurs ont dénoncé le contrat. Difficile de faire coïncider la qualité et le prix à la période voulue. » Quant aux relations avec la grande distribution, « quatre super-centrales d’achat commercialisent les produits issus de milliers de producteurs à 65 millions de consommateurs, analyse Olivier Mevel, consultant en stratégie des filières alimentaires. Le vrai problème pourrait se résumer ainsi : vous avez besoin de me vendre, mais je n’ai pas besoin de vous acheter. »

Pour lui, les éleveurs ont trop laissé les grandes surfaces s’emparer de leur image et doivent reprendre en main la promotion des agneaux, d’autant plus que le consommateur a davantage confiance dans les éleveurs que dans les industries alimentaires ou les distributeurs. « La viande ovine a besoin de parler, de nous raconter une histoire, ce que ne permettent pas les rayons d’une grande surface où l’agneau dispose souvent à peine d’un mètre de linéaire en libre-service. Tous les morceaux sont mis les uns avec les autres, au même prix. Comment le consommateur peut-il s’y retrouver ? »

Intégrer le prix à la production dans les négociations commerciales

Cette nécessaire segmentation de l’offre semble en effet faire consensus. « Il faut faire en sorte que l’agneau ne se cantonne plus au gigot mais s’adapte à la multitude des besoins et nous avons formé des moniteurs pour relayer cela dans nos magasins. » a souligné Serge Papin, PDG de Système U. « L’agneau est une niche, un produit noble, il ne faut pas essayer d’en faire un produit de masse » recommande Rodolphe Lepoureau. Les adhérents de l’OP Vendée Sèvres Ovins l’ont bien compris. Le label Agnocéan obéit à un cahier des charges précis et les éleveurs s’engagent à transmettre à leur coopérative les carnets d’agnelage et comptes-rendus des diagnostics de gestation pour anticiper les volumes. Les éleveurs animent aussi des dégustations à l’aveugle en magasin. « Nous arrivons ainsi à faire consommer de l’agneau à des personnes qui disent ne pas aimer ça, relate Vincent Blanchard, éleveurs dans le Maine-et-Loire et adhérent de VSO. Quand nous arrivons à le faire goûter aux enfants, c’est gagné, car ce sont nos futurs consommateurs ! ». L’agneau label a été payé en moyenne 7,23 €/kg (hors frais de groupement et de gestion) pour l’année 2015.

Des outils législatifs interviennent également dans la construction du prix. « La Loi de modernisation de l’économie doit être toilettée pour intégrer les coûts de production des agriculteurs, a revendiqué Christiane Lambert, la vice-présidente de la FNSEA. Nous voulons instaurer une négociation en deux temps : d’abord entre le producteur et son industriel, puis entre l’industrie et la distribution. » Une stratégie qui diffère de celle proposée par le Ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll. « La crise actuelle n’est pas liée à une hausse des coûts de production, mais à un déficit de prix. Il faut intégrer le prix payé au producteur dans la négociation commerciale qui suit avec les distributeurs ».

L’agneau est une niche, un produit noble qu’il ne faut pas brader

PAC, loups et FCO, des chantiers à poursuivre en 2016

La présentation du rapport d’activité et rapport moral de la fédération a permis de revenir sur les grandes lignes de l’année 2015, à commencer par la mise en œuvre de la nouvelle Pac. « Nous avons obtenu pour la première fois de notre histoire une enveloppe de 121 millions d’euros pour l’aide ovine que nous avons voulu utiliser pour améliorer nos performances technico-économiques, rappelle Patrick Soury, éleveur en Charente et secrétaire général de la FNO. 85 % des éleveurs ont bénéficié des trois euros liés à la contractualisation et 78 % des six euros liés à la productivité et aux démarches qualité. » La FNO regrette cependant les difficultés de mise en place de l’aide liées à la prise de connaissance très tardive des modalités. « Il y a une fenêtre de tir avec la révision à mi-parcours en 2017 que nous comptons utiliser pleinement pour apporter une souplesse indispensable au dispositif ». Autre fait marquant, le retour de la FCO à l’automne 2015. « Il a fallu gérer l’urgence dans un premier temps car il n’y avait pas suffisamment de vaccins disponibles, explique Jean-Roch Lemoine, éleveur dans l’Aube et secrétaire général adjoint de la FNO. "Aujourd’hui les vaccins sont mis à disposition gratuitement et la vaccination peut être réalisée par l’éleveur au moment où il le souhaite", insiste-t-il, encourageant vivement les éleveurs à protéger leur cheptel. Autre fléau pour la production ovine, le loup. « Toutes les solutions doivent être expertisées et on ne doit rien s’interdire », insiste la présidente des moutonniers, demandant que le nombre de prélèvements autorisés soit porté à 100 pour l’année 2016. L’organisation d’un colloque européen est prévue pour la fin 2016 afin de trouver des positions communes avec les autres pays touchés par le grand canidé. Mais la FNO se veut aussi laboratoire d’idées. « Le projet du moment c’est Inn’Ovin, avec l’ambition de mener les éleveurs de moutons vers des lendemains meilleurs ». La mise en place du programme en 2015 s’est notamment matérialisée par la mise en place d’une équipe de spécialistes techniques de la production au niveau national qui peuvent être sollicités pour les besoins du terrain.

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